Olivier Kahn produit son premier lm avec moi. Le nancement prend toujours du temps. Il obtiendra tout. En écrivant le scénario, je me demandais si j’irais
jusqu’au bout. Et puis j’ai rencontré fortuitement Franck Dubosc un week- end à Deauville. Nous avons discuté et j’ai vu Tout le monde debout, son premier lm qui deviendra en 2018 un grand succès auprès de la critique et du public. Il n’y a pas de hasard. Il a lu le scénario et m’a dit oui dès le lendemain. Pareil pour Jérôme Commandeur, Caterina Murino, Sylvie Testud et Denis Podalydès. À l’écran, il y aura un dé lé de célébrités amies de la star de télé Cédric Saint-Guérande (j’avais écrit « Sel de Guérande » à l’origine ; rien à voir avec Poivre, donc). Alain Delon est venu amicalement, JoeyStarr et Béatrice Dalle aussi, tout comme PPDA, Claire Chazal, Laurent Delahousse, Anne-Sophie Lapix, Gilles Bouleau et Laurence Ferrari... Ce qui prouve que, dans ce lm, tout est vrai . Le tournage à Paris aura été l’une des plus belles périodes de ma vie professionnelle : pendant deux mois, je n’avais personne au- dessus de moi et une équipe d’une centaine de personnes motivées et compétentes qui me demandaient de choisir – un décor, un costume, un axe de caméra... Heureusement, j’ai eu la chance de pouvoir poser beaucoup de questions à de très grands réalisateurs : Martin Scorsese lors d’un long entretien à Cannes et Michel Hazanavicius qui deviendra mon voisin au montage chez DumDum Films dans le Xe arrondissement. J’ai lu et relu Où place-t- on la caméra ? de David Mamet. Et lors du tournage, j’écoutais avant de décider.
« Il n’y a pas d’acteurs, il n’y a que des actrices », m’a dit Vincent Cassel il y a quelque temps. Comment interpréter cette phrase ? D’abord, elle est drôle. Ensuite, est- elle vraie ? Et si oui, pourquoi ? À l’époque, je trouvais le raccourci savoureux. Aujourd’hui, je sais que cette phrase est juste. Entre- temps, j’ai réalisé un (premier) lm à la suite d’un concours de circonstances (ce sont les seuls concours que j’ai réussis) : un dîner au festival de Cannes, il y a quatre ans, chez UGC. Je ne voulais pas y aller, mais Albane Cléret a ni par me convaincre. Tout s’est passé agréablement ; j’ai raconté quelques anecdotes croustillantes sur le monde de la télé et la directrice générale d’UGC Images, Brigitte Maccioni, m’a dit : « Il faut en faire un lm. » Il était près de 2 heures du matin et, à cette heure-là, on dit parfois oui à n’importe quoi ! Je n’ai pas donné suite mais l’idée s’est installée. Des mois plus tard, j’ai écrit deux pages. Et trois ans après, mon lm Toute ressemblance... sort en n, le 27 novembre.
J’y ai découvert ce que je croyais connaître après avoir vu plus de 2000 lms : le cinéma. D’abord, le scénario : je croyais que le premier jet serait le bon ; j’en ai fait vingt- cinq avec Karine Angeli. La version nale est une comédie caustique, l’histoire d’une grande star du JT, un peu arnaqueur, hyper-populaire et faisant feu de tout bois. La chute sera aussi vertigineuse que l’ascension, mais il y a, pour nir, la rédemption.
J’écoutais les actrices et les acteurs, mais aussi la scripte (Marie Ducret), le chef op’ (Gilles Portes), l’ingénieur du son (Lucien Balibar), le premier assistant (Michaël Viger) et Olivier Kahn, le producteur. Le montage a duré sept mois avec Alice Plantin et Samuel Danési. À la n, on doute de tout. Et à un moment, on décide que c’est ni. En fait, on fait trois lms : celui que l’on écrit, celui que l’on réalise, celui que l’on monte – et donc celui que vous verrez, je compte sur vous !
Vincent Cassel avait raison : les acteurs, comme les actrices, accordent de l’attention à leur apparence, à leur pouvoir de séduction, à leur sérieux dans le travail, à leur amour du métier – qui passe, aussi, par l’amour d’eux-mêmes, pour séduire. On pourrait dire aussi : « Il n’y a pas d’actrices, il n’y a que des acteurs. » D’accord Vincent ?