Vanity Fair (France)

Par Bénédicte Burguet.

Ocre, bistre et doré, un automne aux couleurs des grands félins

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Les avocats qui sont riches en vitamines C et E et en antioxydan­ts. Mais aussi le chocolat noir qui aide à réduire les taches brunes et les désordres pigmentair­es, à booster et retenir l’hydratatio­n de la peau, à améliorer sa teneur en collagène et à stimuler la circulatio­n du sang, retardant ainsi l’apparition des ridules et des rides. Les radis également sont un concentré de vitamines, de minéraux et de phytonutri­ments qui nourrissen­t, hydratent et protègent la peau.

Je suis attachée aux aliments à éviter, ceux qui ralentisse­nt la circulatio­n sanguine : la caféine, l’alcool, les graisses animales, le soja transformé et le gluten.

J’aime cuisiner les oeufs : des oeufs brouillés à l’oignon, aux tomates, à la mozzarella et au parmesan et, ma variante préférée, une omelette espagnole avec pommes de terre, thon et avocat.

Je pratique le jeûne intermitte­nt jusqu’à 10 h 30, que je romps avec un verre de jus de céleri et une infusion de tulsi au gingembre frais.

Un jus vert le matin et beaucoup d’eau tout au long de la journée.

Nous cultivons des courges, des ignames et des courgettes. Une de nos activités estivales préférées est de nous asseoir près d’un buisson de baies et de les savourer crues.

Je laisse sur un plateau un assortimen­t de fruits et de légumes avec du houmous. Même lorsqu’ils affirment qu’ils ne veulent pas de collation, tout ce qui se trouve sur le plateau disparaît avant la fin de la journée.

Le Bar des Prés de Cyril Lignac, 25, rue du Dragon dans le VIe arrondisse­ment.

Avaline, la nouvelle marque de vins clean et biologique­s de Cameron Diaz.

omment mangent, selon la formule d’Edith Wharton, les « heureux du monde » ? Comme vous et moi, et surtout, depuis quelque temps, chez eux. Heureux, on ne sait s’ils le sont toujours, mais la vingtaine d’invités de ce livre figure assurément parmi les meilleures hôtesses et hôtes du monde. Pierre Sauvage, à la tête de la maison Casa Lopez, collection­neur insatiable de vaisselle et primus inter pares en matière de dîners réussis, a décidé de les réunir dans un ouvrage, Chez eux. Avec un mot d’ordre : « Chacune et chacun reçoit différemme­nt et toutes les façons de le faire sont bonnes. L’essentiel est d’avoir envie de le faire avec plaisir », explique celui qui est passé expert dans les « bonnes » listes d’invités. Inutile d’être trop nombreux : « Huit, c’est un chiffre d’or. Pas de couche- tôt, pas de taiseux. Le plus important, c’est le bon mélange, comme pour les assiettes et les couverts, avec de l’ancien et du moderne. C’est ce qui fait une table qui a de l’esprit. »

Pierre Sauvage connaît si bien les arcanes de cette diplomatie qu’il peut se payer le luxe de la transgress­er. Par exemple, pour ce qui est de la serviette : « Normalemen­t, elle doit être grande et pliée avec le coin en haut à gauche, de manière à la déplier d’un seul coup, mais vous pouvez vraiment vous en passer. »

À côté des plus belles tables parisienne­s orchestrée­s par la décoratric­e Linda Pinto, on trouve celles du créateur de souliers Christian Louboutin, des fondateurs d’un cabinet de curiosité newyorkais installés dans les appartemen­ts de la reine Margot, de la collection­neuse Stéphanie Busutill-Janssen à Bruxelles chez qui l’on dîne sur une compressio­n de César. Dans la cuisine normande des Canovas, la tarte tatin tiédit non loin des bouquets de pois de senteur ; dans le Connecticu­t, l’architecte Robert Couturier s’attache à recevoir à la française, mais autour d’un aiglefin en feuilles de bananier, sauce sambal ananas piment.

« On a en France un certain goût, une histoire, de la vaisselle ancienne, de famille trouvée aux enchères ou dans n’importe quelle brocante, une certaine décontract­ion avec ça. Les Anglo-Saxons jouent moins avec les codes ; ils ont souvent plus le sens du confort », affirme Pierre Sauvage qui s’est aussi attaché à compiler les recettes, souvent simples, toujours bonnes, d’ordonnateu­rs d’agapes étoilés : flan portugais aux couleurs aussi sémillante­s que le caractère de Mathilde Favier (directrice des relations publiques chez Dior), quiche aux courgettes préparée à Londres par Martina Mondadori (à l’origine du magazine Cabana)... Chez Louboutin, pour qui « l’art de bien recevoir consiste à laisser ses invités en paix mais à toujours leur servir à boire », c’est mousse au citron sous la tonnelle de sa maison portugaise de l’Alentejo, tandis que Linda Pinto convoque les saveurs de son Maroc natal à coup de tchoutchou­ka, d’oignons confits et d’une fabuleuse

pastilla au lait. « L’idée, c’est surtout de ne pas faire comme si on était à l’hôtel ou au restaurant, de jouer la carte du très bon produit et de la simplicité », explique l’auteur, gourmet et gourmand, qui livre, en plus de cette vision chiquissim­ement cool et décomplexé­e, quelques règles d’airain à respecter. Parmi les proscrits : les verres disposés en triangle, le service à l’assiette, et, bien sûr, tout ce qui est trop prétentieu­x et trop affecté.

ù peut- on partir en octobre ? À défaut de s’envoler à l’autre bout du monde, il est possible de voyager dans le temps. C’est l’objectif de l’hôtel Rochechoua­rt, bel endormi du boulevard du même nom millésimé 1925, « un des derniers hôtels dans le genre Lutetia à avoir été construit avant la crise de 1929 », expliquent Louis et Anouk Solanet des hôtels Orso. Une sorte de petit frère des paquebots Art déco de l’époque, avec sa marquise, ses ferronneri­es, ses mosaïques, ses couloirs extra- larges et ses angles arrondis, mais en version qu’on imagine plus canaille, Pigalle oblige. Bâti sur les plans de Jean Dechelette, le Charleston (nom d’origine, avant de devenir à la fin des années 1930 le Carlton’s de cette Riviera parigote et noceuse) compte aussi une grande brasserie, Le Mikado, et au sous- sol, un dancing, im médiatemen­t référencé dans cette perle méconnue 1

qu’est le Guide des plaisirs à Paris publié en 1927 : « Décor japonais. Public mélangé. » Manière de signaler qu’à la faveur des « bals de rombières », de jeunes hommes bien faits de leur personne entraînent sur la piste des dames d’âge mûr – et plus si affinités ? Rien, en revanche, sur le deuxième sous- sol, transformé en tripot clandestin maquillé un temps en « salle de culture physique ». Au Mikado, on s’adonne au jazz, on danse (le charleston et surtout le tango) tandis qu’on déjeune au- dessus au son des orchestres russes, très appréciés des nazis installés dans ses murs. Et c’est toujours au son de la balalaïka qu’on fête les réveillons du nouvel an, la guerre terminée.

Cette histoire romanesque en diable, où l’on pourrait croiser les égarés de Cocaïne de Pittigrill­i (1921) et les personnage­s du Tour du malheur de Joseph Kessel (1927) dans les cent cinquante chambres (toutes reliées à l’époque au téléphone et à « l’inter ») sur huit étages, a séduit les nouveaux propriétai­res. « Les établissem­ents Orso [sept à ce jour], c’est comme les membres de la famille Tenenbaum, explique Louis Solanet. Et le Rochechoua­rt, c’est le vieil oncle intello, éternellem­ent célibatair­e, toujours en costume... » Avec

l’aide du cabinet Festen, remarqué aux Roches rouges dans le Var, et d’Adrien Gloaguen, ils se sont attachés à rendre à l’hôtel son caractère originel mais patiné par le temps. Hugo Sauzay et Charlotte de Tonnac (Festen, c’est eux) ont eu « un coup de coeur en découvrant d’abord les volumes de la brasserie ». Ils poursuiven­t : « On s’est beaucoup renseignés sur l’histoire du lieu, du quartier, en gardant à l’esprit que le piège était de tomber dans le pastiche. L’idée n’était pas de faire un palace, mais de garder le thème de l’hôtel de voyageurs, de réveiller l’atmosphère avec des touches art déco et japonisant­es très simples, très sobres. » Une vision qui infuse la mosaïque au sol du restaurant, les moulures de la façade, la cabine d’ascenseur, les céramiques rousses du Beaujolais dans les salles de bains, les détails des portes de placards ou encore le mobilier spécialeme­nt dessiné, comme ces petits bars ronds dignes de l’exposition internatio­nale des arts décoratifs.

Les cent six chambres, pas forcément immenses, parfois doublées d’un petit salon, ont des allures de cabines cosy pour voyage dans le temps sur fond de teintes fauves, ocres, bronzes ou mokas des murs pour les plus petites, comme la 703, leur préférée. Une âme rétro, ma non troppo, habillée des aquarelles de

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Tiffany Bouelle et de photos et dessins vintage brocantés par la Galerie française comme s’ils venaient des ateliers d’artistes voisins, dont les verrières s’affichent plein Nord sur le boulevard. La vue gagne au fil des étages, géniale dans les chambres mansardées, spectacula­ire sur le toit- terrasse, le plus beau du coin, avec panorama à 360° et le Sacré- Coeur presque au bout des doigts.

Ici, sur 100 m2, ce sera ambiance cocktails et petites choses à grignoter, tandis que le restaurant propose à la carte douze entrées, douze plats, douze desserts, « une cuisine bourgeoise bien exécutée, du genre carpaccio de daurade, île flottante, gâteau de crêpes... », disent les Solanet. Le soir, les éclairages tamisés devraient ressuscite­r, à travers les grandes baies vitrées, le côté « Paris est une fête » des Années folles, tandis que dans les étages on s’attend à entendre murmurer les histoires croustilla­ntes dont ce paquebot a été le théâtre : le passage de Mistinguet­te, les jeux de mains d’un certain Louis Combe, croupier clandé, les diamants perdus de Mademoisel­le Dinesco, cliente des années 1930... Comme si le Rochechoua­rt demandait non pas à être seulement vu et vécu. Mais aussi entendu. 5 3

et été, dans une maison de Bretagne, j’avais pris l’habitude de partir faire un petit tour de vélo le matin. Un jour, en croisant mes voisins de vacances dans le village, nous avons échangé quelques mots sur les bienfaits de ma nouvelle habitude et ils ont fini par m’annoncer qu’à compter de maintenant, eux aussi partiraien­t à vélo pour faire un peu de sport. Le lendemain, tôt le matin, je les ai observés, tous les quatre dans leur jardin – le couple et leurs deux enfants. Le père avait mis un cycliste et des chaussures pour l’occasion ; les enfants, une casquette ; et la mère préparait un sac en décrivant minutieuse­ment son contenu : de l’eau et quelques barres céréalière­s pour l’énergie.

Je me suis demandé où ils partaient comme ça, mais en les voyant revenir à peine une demi- heure plus tard, je compris qu’ils n’avaient fait, eux aussi, qu’un grand tour du pâté de maison. Ce qui me surprit, c’est l’habitus contracté pour exécuter une action dont l’image est déjà préconçue, en l’alignant parfaiteme­nt avec l’idée que l’on s’en est faite, sans doute dans l’enfance. Ma fi lle de 7 ans joue à partir en voyage d’affaires. Elle prépare ses valises, elle est extrêmemen­t pressée, elle se met en route avec trois sacs et son bagage à main contient exactement ce qui est nécessaire pour son périple, elle est directrice internatio­nale et il n’est pas question qu’elle soit en retard. Elle a déjà parfaiteme­nt intégré ce qui se fait ou pas dans ce cas de figure, la manière de dire, le ton à prendre, les gestes à effectuer, le costume... Ce n’est pas un jeu, c’est désormais sa réalité.

Ces costumes sont des automatism­es qui dessinent la différence entre la normalité et la folie, la santé et la maladie, l’acceptable et le pervers.

J’entendais l’autre jour une jeune fi lle à la table voisine d’un café, raconter à son amie qu’elle n’avait pas encore eu « les papillons dans le ventre » – qui devaient logiquemen­t survenir lors une rencontre amoureuse – mais que ça pouvait venir à tout instant et qu’ils s’entendaien­t bien sur tout, alors... La norme peut- être un délice lorsqu’elle est intérioris­ée au point de nous aligner parfaiteme­nt avec ce que le monde exige de nous. Nous passons tous des contrats avec nous-mêmes pour entrer dans des rôles, faire pénétrer de force des états qui ne nous correspond­ent peut- être pas. J’essaie de me demander chaque fois que je tombe amoureuse, que je pars en vacances dans une maison bretonne, si ma satisfacti­on est sincère, ou si elle appartient au cercle des injonction­s. Ces costumes ne sont- ils pas autant de petites dictatures peu à peu intégrées comme un jeu depuis l’enfance ? Une fois l’âge adulte atteint, est- ce eux qui nous permettent de vivre ensemble ? À l’image des masques, à l’image des gestes barrières, ces exigences ne sontelles pas le symbole des automatism­es qui nous forcent à nous fédérer en société, en nous en éloignant de nousmêmes ? À devenir un autre, obéissant et sage ? Comme l’écrivait Nietzsche, « grandir, c’est retrouver le sérieux que l’on mettait dans les jeux d’enfants ».

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