Vanity Fair (France)

« Expliquer ses rêves »

Elle a dansé pour Angelin Preljocaj, James Thierrée, Alain Platel et Aurélien Bory. Avec sa propre compagnie, Himé, elle développe un travail autobiogra­phique.

- Entretien Arnaud Laporte

1. Quel est le dernier rêve dont vous vous souvenez ? La mort de ma mère. C’était assez cruel. Ça m’a angoissée, alors je l’ai appelée dès mon réveil. 2. Croyez-vous en

la vocation ? Je pense que l’on a chacun un chemin, sur lequel nous sommes guidés par les âmes du passé. Mais je ne crois pas que l’on naisse pour quelque chose. Notre but, c’est de mourir. 3. Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné ? Quand je suis arrivée aux États-Unis, à 18 ans, j’ai créé mon compte Hotmail. J’ai demandé à un ami quel était le mot le plus important dans ce pays. Il m’a répondu : « Help ! » 4. Quels sont les autres formes d’art qui nourrissen­t votre travail ? Mes parents sont sculpteurs et mon frère est peintre. Ça me manquait d’être dans un atelier, alors j’en ai trouvé un et je fais de la sérigraphi­e. Pour mon prochain spectacle pour le jeune public, on va créer un kamishibai [des images défilant dans un petit théâtre en bois]. 5. Qu’est- ce qui vous est le plus difficile ? D’être une bonne mère, à la fois présente mais pas trop, d’imposer des limites mais pas trop, de jouer ensemble mais de le laisser jouer seul aussi, d’écouter ses demandes mais de ne pas répondre à toutes.

C’est très difficile d’élever un enfant mais c’est ce qui me fascine le plus. 6. Un conseil pour celles et ceux qui veulent devenir artiste ? Être capable d’expliquer ses rêves. Il ne faut pas se contenter d’être un autiste qui creuse un trou pour se nourrir tout seul. Notre mission n’est pas de délivrer un message mais de partager des visions. 7. Quelle réforme ou loi vous semble- t- elle essentiell­e pour les temps à venir ? Cette loi qui a cours dans L’An 01, le film de Jacques Doillon [1973, d’après Gébé], de toujours faire un pas à gauche. On va au « distribanq­ue » mais on fait un pas à gauche, et on ne retire pas d’argent. On ne va pas chez nous mais on va frapper à la porte des voisins... 8. Qu’aimeriez- vous apprendre, à l’avenir ? Tout ! Il faut toujours apprendre, sinon on meurt. 9. De quoi avez-vous peur ? Comme je travaille beaucoup sur les fantômes, je me dis que ça pourrait être très effrayant s’ils apparaissa­ient tous ensemble. Mais la peur me fait souvent passer des caps, alors ça pourrait être positif. 10. Est- ce que vous vivez la vie dont vous rêviez quand vous avez commencé votre carrière ? Oui, depuis cinq ans. Ce que je vis aujourd’hui avec ma compagnie me comble de bonheur. Je n’ai pas besoin d’aller plus loin.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France