Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Aucune preuve de culpabilit­é selon la cour d’appel de Lyon

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Devant la cour d’appel de Lyon, la défense a de nouveau plaidé la nullité de toute la procédure, estimant que le parquet de Draguignan aurait dû ouvrir une informatio­n judiciaire, plutôt que faire le choix d’une enquête préliminai­re. La cour a rejeté ce moyen de défense, et jugé que François Levan n’avait pas été « privé de son droit à un procès équitable, respectueu­x du principe du contradict­oire et des droits de la défense ». C’est sur le fond de l’affaire que les magistrats lyonnais se sont démarqués de ceux d’Aix-en-Provence.

Il aurait dû avoir un témoin

François Levan a répété qu’il lui fallait détruire les trois ballots de drogue, saisis et placés sous scellés, qui encombraie­nt la soute à munitions de la gendarmeri­e de Fréjus. Aucun de ses soixante-trois subordonné­s n’ayant accédé à ses demandes répétées, il avait décidé de le faire lui-même. Il avait chargé les ballots dans sa voiture de service, les avait déposés sur le terrain vague de Roquebrune­sur-Argens, les avait arrosés de 5 l d’alcool à brûler et les avait incinérés. Il avait pris une série de photos des ballots avant d’y mettre le feu, puis une seconde, alors que le brasier se développai­t. Photos qu’il avait ensuite jointes au procès-verbal de destructio­n, qu’il avait adressé au parquet de Draguignan. Ce qui rendait François Levan suspect, c’est qu’il ne s’était fait accompagne­r d’aucun autre gendarme, et avait signé seul le procèsverb­al de destructio­n. Le parquet en avait conclu que les ballots photograph­iés étaient peut-être vides, que cette destructio­n était fictive, et que le procès-verbal adressé au procureur était un faux.

Faute de preuve

Les magistrats de la cour d’appel de Lyon ont jugé que les preuves des soupçons pesant sur François Levan manquaient. « Rien dans l’enquête n’apporte la preuve que ces photos ne montreraie­nt pas les scellés », a motivé la cour. Elle a relevé aussi que « aucun protocole écrit n’existait entre le parquet de Draguignan et la compagnie de gendarmeri­e de Fréjus, réglant les modalités de destructio­n des stupéfiant­s saisis». «François Levan a fait le choix d’une procédure de destructio­n solitaire de 95 kg de résine de cannabis, contraire aux usages de la compagnie, bien qu’aucun écrit ne préconisai­t la conduite à tenir», a-t-il été constaté. Et pour conclure, « aucune preuve n’est apportée que la destructio­n décrite par François Levan n’a pas eu lieu, selon les modalités retracées dans le procès-verbal avec les photos annexées ». En foi de quoi la cour a relaxé François Levan de l’ensemble des poursuites. L’ancien officier de gendarmeri­e s’était recyclé dans la gestion hôtelière à Marseille.

 ?? (Photo doc Philippe Arnassan) ?? François Levan, alors capitaine, a commandé l’antenne bastiaise de la SR de Corse, puis la compagnie de Fréjus.
(Photo doc Philippe Arnassan) François Levan, alors capitaine, a commandé l’antenne bastiaise de la SR de Corse, puis la compagnie de Fréjus.

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