Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Ch. Estrosi : «Nos idées ne doivent pas être dévoyées» J. Leonetti : «La décision appartient à Fillon…»
Christian Estrosi n’appelle pas encore François Fillon à se retirer au profit d’Alain Juppé, mais c’est tout comme. A la manoeuvre, le président de la Région a, dans un premier temps, contacté hier FIllon pour lui demander de renoncer à sa manifestation de dimanche au Trocadéro. Et il laisse pour l’instant le soin à ses proches d’inviter le candidat à renoncer…
Pourquoi François Fillon doit-il renoncer à cette manifestation ? Il apparaît clairement que La manif pour tous et Sens commun sont en première ligne dans l’organisation de cette manifestation, et cela me gêne. A l’heure où je me bats de toutes mes forces contre le Front national, je ne veux pas que les idées portées par notre famille politique soient dévoyées. Par ailleurs, ce rendez-vous donne l’impression d’un défi aux institutions de notre pays, et cela n’est pas possible non plus. Il faut aujourd’hui faire partager nos idées plutôt que manifester.
Mais François Fillon ne vous a visiblement pas entendu, puisqu’il a décidé de maintenir sa manifestation… Il a encore une journée pour prendre conscience que c’est une erreur. Ce qui est important, c’est d’aller à la rencontre des Français, de ces ouvriers, de ces commerçants, de tous ces électeurs lassés qui, si nous les abandonnons, vont se tourner vers Marine Le Pen.
Le risque dimanche, c’est aussi l’affrontement avec des contre-manifestants anti-Fillon ? C’est un risque important, effectivement. Après avoir pris la défense des policiers, je ne souhaite pas que l’on crée artificiellement des conditions susceptibles de générer des tensions.
Appelez-vous François Fillon à se retirer au profit d’Alain Juppé ? Je veux, pour l’instant, être un facteur de rassemblement. Notre électorat est aujourd’hui divisé en deux. J’ai donc entrepris de discuter avec les amis de ma famille politique pour être un facteur de cohésion. Je ne demande pas qu’on chasse l’un pour mettre l’autre à sa place. En même temps, je n’ai pas dissuadé un certain nombre d’élus qui sont proches de moi et appellent dans une tribune au remplacement de Fillon (lire ci-dessous). Une chose est sûre, il faut que, lundi au plus tard, une solution de rassemblement ait enfin émergé. Alain Juppé est prêt à prendre la relève, mais il faut pour cela réunir deux conditions : que ce choix émane de François Fillon lui-même et que le plus large rassemblement possible s’opère ensuite, pour éviter toute cacophonie. C’est, en substance, la position de Jean Leonetti, qui avait soutenu le maire de Bordeaux à la primaire. «La loyauté est un élément majeur, avance le députémaire d’Antibes. Et cette loyauté sous-entend que la décision appartient à François Fillon, qui doit décider en responsabilité s’il poursuit ou s’il arrête sa campagne, en fonction des données dont il dispose aujourd’hui. » Il poursuit : «Si François Fillon venait à renoncer, Alain Juppé serait alors un recours crédible, à condition que sa candidature soit admise comme consensuelle. Et cela ne peut se faire que dans un dialogue lucide et responsable». Dès lors que le consensus se dessinerait, Jean Leonetti ne voit pas d’obstacle programmatique majeur pour relancer une campagne cohérente: «On a beaucoup répété pendant la primaire qu’il y avait des nuances de chiffres, de stratégie, mais nous sommes soudés sur le projet qui est clair. En matière d’autorité, de lutte contre le chômage, les solutions sont voisines. Il n’y aurait pas à dire, comme cela serait le cas entre Macron et Hamon, qu’on change de programme pour passer à un autre. Dans leurs grandes lignes, les projets de Fillon et Juppé avaient la même charpente, même si Alain Juppé avait une connotation plus sociale et Alain Fillon plus régalienne.» Le maire d’Antibes le dit en tout cas clairement, comme beaucoup désormais : «La seule solution alternative à Fillon, c’est Juppé.»