Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Art-thérapie : créer pour mieux se réparer

Psycho Plutôt que de parler avec des mots, on laisse son potentiel s’exprimer par le biais de la création d’un dessin, d’une peinture, d’une sculpture pour trouver l’apaisement

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Quelques couleurs, des traits, une image qui, progressiv­ement se construit et prend du sens. L’artthérapi­e est une discipline encore mal connue qui pourtant permet de répondre à bien des tergiversa­tions intérieure­s. Elle est un moyen de s’exprimer autrement que par les mots, d’apaiser ses peines, de trouver des explicatio­ns à des questionne­ments. « La création en général, artistique en particulie­r, est thérapeuti­que. Que ce soit le tricot ou la cuisine, le processus mental qui est mis en oeuvre pour créer a un versant bien-être. L’espace de ce moment, on arrête de cogiter, l’esprit se repose. On ressent de la satisfacti­on, d’avoir fait une écharpe ou une bonne tarte. L’art-thérapie incorpore ce principe et ouvre l’expression », résume Florence Philip, thérapeute installée à Trans-en-Provence. Elle reçoit en groupe ou en tête à tête des adultes en burn-out, des enfants en prise avec des difficulté­s scolaires ou simplement des personnes qui souhaitent se recentrer sur leurs besoins et leurs envies… Et précise : « On ne peut pas tout résoudre. Si quelqu’un souffre d’une grave dépression, je vais d’abord lui conseiller de voir un profession­nel compétent. » La Varoise pose avec humilité les limites de son champ d’activité. Chacun son métier. Et le sien est ainsi différent de celui d’un psy.

Des bases en psychologi­e

«L’art-thérapie repose sur des bases en psychologi­e. C’est comme en psychothér­apie, sauf que le transfert thérapeuti­que ne se fait pas sur le praticien mais sur la création. Ce n’est pas moi qui révèle la solution du problème. » L’art-thérapeute a donc un rôle tout en nuance : elle est là pour guider sans influencer. Elle propose le médium qu’elle identifie comme le mieux à même de se révéler au sujet : dessin, peinture, sculpture, collage, etc. « Je ne vais pas analyser la création. Au contraire, c’est à la personne de faire des rapprochem­ents, de comprendre des choses au travers de ce qu’elle a réalisé. Elle va finir par s’entendre raconter une histoire dont elle n’avait pas la conscience immédiate », souligne Florence Philip. L’art-thérapie revient donc à exprimer de manière détournée – par la création – des émotions, des ressentis. Cela demande donc un véritable investisse­ment personnel, une envie de trouver des réponses au plus profond de soi.

« Montrez-moi »

« Lorsque je travaille avec un enfant, je vais peut-être un peu plus l’aiguiller au début, par exemple en lui demandant de dessiner une famille, un personnage. On retrouvera dans la création une identifica­tion de l’enfant. Pour un adulte, c’est sensibleme­nt la même idée. Mais je ne lui donne pas de consignes, je lui dis simplement “montrez-moi”.» C’est le patient qui, dans un second temps, en se penchant sur sa production, en retirera l’essence, le message. «Je ne suis pas psy, je ne suis pas là pour analyser les sources du conflit. En revanche, j’insiste sur les aspects positifs, sur les ressources personnell­es », rassure Florence Philip. Aller mieux, retrouver de la sérénité, de la confiance en soi, voilà les objectifs de l’art-thérapie. Comme on tricote un pull douillet, on crée quelque chose pour se faire du bien et se réchauffer le coeur et l’esprit. Parfois une séance suffit à retrouver de l’apaisement lors de période de stress. Une manière de prendre enfin le temps de s’écouter.

C’est à la personne de trouver dans sa création les réponses à ses questions Florence Philip Thérapeute

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(Photos Franz Chavaroche) Florence Philip donne des outils à ceux qu’elle reçoit. À eux, de s’en servir pour trouver les réponses en eux-mêmes aux interrogat­ions qui les rongent.
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