Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Les sextoys sont un adjuvant à la sexualité »
Sexo Selon une récente enquête de l’Ifop, l’usage d’accessoires se serait grandement démocratisé. Le Docteur Carol Burté, sexologue, tempère ce « succès »...
Démocratisés, banalisés, exposés dans des boutiques de luxe ou de grandes enseignes… les sextoys n’interpellent plus. Même les âmes les plus puritaines ne s’en émeuvent pas. Leur visibilité témoigne-t-elle de leur succès ? Oui, si on en croit une récente enquête de l’Ifop. Réalisée auprès d’un échantillon national représentatif de 2 000 Français, cette enquête confirme l’explosion des ventes de sextoys observées depuis une demi-douzaine d’années. Le Dr Carol Burté, sexologue et andrologue à Cannes et Draguignan tempère le phénomène.
Selon l’enquête, l’usage des sextoys aurait fait l’objet d’une diffusion spectaculaire en l’espace de dix ans : près d’un Français sur deux (homme ou femme) en aurait utilisé au moins une fois. C’était un sur dix, il y a dix ans. Surprise ? Oui, dans la mesure où dans leur pratique quotidienne, ce n’est pas ce que, nous, sexologues observons. Je pense que ce chiffre est surévalué, les personnes ayant répondu à l’enquête étant déjà intéressées par le sujet.
Que constatez-vous dans votre pratique ? Quand on évoque les sextoys avec nos patients, on se rend compte que, pour beaucoup, c’est encore rattaché à une image négative de godemichet et de sex-shop. Leur usage est par contre plus répandu chez les personnes homosexuelles ; c’est cohérent sachant que les pratiques homos et bisexuelles sont plus «diverses » que celles des hétérosexuels.
Il reste que l’enquête précise toutefois que l’usage de sextoys n’est pas fréquent. Cette observation ne m’étonne pas. C’est un adjuvant à la sexualité. Et, dans une sexualité épanouie, les scénarios varient. Les usagers témoignent d’un bien-être sexuel ... C’est normal. S’ils les utilisent, c’est bien qu’il y a un intérêt ! Plus sérieusement, les sensations ressenties avec des vibrations sont évidemment plus intenses que celles qui le seraient avec de simples caresses. De ce fait, atteindre un orgasme avec un sextoy, quand on est une femme, est plus rapide et l’orgasme peut être plus intense.
On pourrait penser que les sextoys sont surtout utilisés de façon solitaire. Or, l’enquête révèle que le recours aux sextoys se fait moins en solo qu’en duo… % seulement des Françaises avouent n’en avoir utilisé qu’en solo. Je suis très étonnée par ce résultat… Un vieux reste de puritanisme qui voudrait que le sexe c’est à deux ou pas du tout ? (rires). En tout cas c’est contraire à l’idée véhiculée par la série Sex and the City et les médias… Où chaque femme est censée avoir son rabbit dans son tiroir et l’utiliser avant de s’endormir !
Il semble que les vibromasseurs et autres sextoys vibrants ont le plus la côte auprès des Françaises. Les autres accessoires rencontrent moins de succès. Ce résultat reflète bien l’état notre société où tout est fait pour captiver le regard et l’excitation de l’homme ; il n’y a pas grandchose pour « allumer » les femmes… On n’a pas su ainsi proposer d’équivalent aux dessous féminins. Comme si l’homme n’avait pas à se préoccuper de son apparence pour susciter le désir chez sa partenaire. Il faudrait vraiment réfléchir à cette question…
Ces sextoys peuvent-ils avoir un intérêt « thérapeutique » ? Il arrive que l’on soit amené à en recommander en effet à des femmes l’usage de sextoys, dans certaines indications comme dans les troubles orgasmiques, ou certains symptômes douloureux. De même on peut les conseiller à des hommes, pour aider à pallier certaines difficultés, comme une éjaculation trop rapide ou une érection défaillante. S’aider alors d’accessoires d’éviter que la partenaire ne reste dans la frustration.
Parmi ceux qui n’ont jamais recours à ces accessoires, la majorité se dit prête, selon l’enquête, à en utiliser si on leur en offrait. Rien de surprenant à ça. On
retrouve ces « désirs » inavoués dans tout ce qui touche à la sexualité. Par exemple, très peu de personnes parlent à leur médecin de leurs problèmes sexuels, mais % d’entre elles aimeraient qu’il leur pose la question ! Le plus difficile pour tout ce qui touche à la sexualité c’est d’oser…
Vous regrettez cette attitude des médecins. Oui, beaucoup. Ils restent les « plus coincés » pour parler de sexe. Je suis régulièrement conviée dans des congrès organisés par d’autres spécialités que la mienne, à traiter de cette question : comment aborder la sexualité avec ses patients ? Mais les lignes bougent difficilement.