Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’HISTOIRE

- ANDRÉ PEYREGNE

 : la Corniche d’or entre Fréjus et Cannes est lancée !

Une barbe ! Quelle barbe ! On avait rarement vu aussi longue barbe à l’Assemblée nationale que celle du député varois Jean-Baptiste Abel. Oh, bien sûr, elle n’avait rien à voir avec celle d’un certain Louis Coulon de Montluçon qui, à l’époque, était considérée comme la barbe la plus longue de France, atteignant... 3 mètres 35 ! Mais elle était quand même spectacula­ire. Jean-Baptiste Abel est né à Toulon en 1863. Son père, Alphonse, qui faisait commerce de ses vignes et de ses oliviers dans la France entière, fut premier adjoint du maire Noël Blache à Toulon. Jean-Baptiste Abel accomplit ses études au lycée de cette ville, fit son droit puis devint juge de paix, toujours à Toulon. Décidant de se lancer dans la politique, il devient à 28 ans, conseiller général du Var. À 30 ans, le voici député. À l’Assemblée nationale, il participe à plusieurs grandes commission­s dont celles de la guerre, de la marine et de la justice, puis est rapporteur de celle du budget. Le 12 janvier 1894, il devient secrétaire général de l’Assemblée nationale, tout en ayant été élu à l’âge de 31 ans président du conseil général du Var. Lors des élections de 1898, il est battu par le socialiste Prosper Ferrero. Ayant mis pendant dix ans entre parenthèse­s sa carrière politique au profit de l’exercice du droit à la cour d’appel de Nîmes, il reviendra au Parlement en 1910 en ayant battu, à nouveau dans le Var, le socialiste Maurice Allard. En juin 1914, il devient ministre du Travail dans le cabinet d’Alexandre Ribot, sous la présidence de Raymond Poincaré. On ne peut pas dire qu’il fera beaucoup de travail dans le ministère du même nom… car ce gouverneme­nt sera l’un des plus courts de l’histoire : il durera… trois jours. Constitué le 9 juin, il sera dissout le 12 . Trop âgé pour partir à la guerre, il fonde à Toulon le « Comité d’assistance pour les femmes de marins et soldats nécessiteu­x » qui dispensera son aide pendant le conflit mondial.

Il démissionn­e du poste de gouverneur de l’Algérie

Au lendemain de la guerre, il est toujours dans l’Hémicycle, viceprésid­ent de l’Assemblée. Il est réélu député lors des élections du 16 novembre 1919. Tout en conservant ses fonctions parlementa­ires, il est nommé en juillet de la même année gouverneur général d’Algérie. La période est dure pour cette colonie française. Cent soixante-treize mille Algériens sont allés combattre dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, 25 000 y ont perdu la vie. En guise de reconnaiss­ance, la France a promulgué une loi, le 4 février 1919, afin de donner la nationalit­é française à ces Algériens qui ont combattu. À Abel de la mettre en applicatio­n ! Mais cette loi est irrecevabl­e pour une majorité d’Algériens, car elle exige que les postulants à la nationalit­é française renoncent à la religion musulmane et aux pratiques telles que la polygamie. Des tensions locales commencent à se faire sentir, exacerbées par les difficulté­s d’alimentati­on dues à deux années de mauvaises récoltes à cause de la sécheresse. Jean-Baptiste Abel sollicite l’aide de Paris pour obtenir des denrées alimentair­es d’urgence – notamment de la farine. Paris ne répondant pas, JeanBaptis­te Abel se rend lui-même dans la capitale pour demander audience auprès du président du Conseil Aristide Briand. Mais celui-ci ne prend pas la peine de le recevoir. Abel revient dépité à Alger. Il donnera sa démission le 22 juillet 1921. Rentrant à Toulon meurtri, il tombera malade et s’éteindra deux mois plus tard dans sa ville natale, où une rue porte désormais son nom.

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 ?? (Photo DR) ?? Jean-Baptiste Abel a été ministre du Travail... pendant trois jours du  au  juin .
(Photo DR) Jean-Baptiste Abel a été ministre du Travail... pendant trois jours du  au  juin .
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