Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

‘‘ C’est lui qui a pris les risques, lui qui a amené le bateau à bon port. C’est sa victoire ”

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capital : il part ou il ne part pas. Maintenant, je me retrouve dans une autre atmosphère. Il n’y a plus qu’à attendre. C’est vraiment spécial.

Quel a été votre rôle dans tout ça ? J’avais principale­ment un rôle de maître d’oeuvre. Il en faut un sur chaque chantier. Pour tout coordonner. Il fallait gérer les relations avec les collectivi­tés locales, les fournisseu­rs, négocier les prix, faire les courses... J’ai parcouru peut-être   km pour aller chercher des pièces, les faire usiner... Et je me suis octroyé la mission d’essayer de structurer tout ça, pour éviter que ça parte dans tous les sens. Sébastien étant très pris, il fallait qu’on fasse des points réguliers pour que chacun sache toujours où on en est, ce qu’il reste à faire, et où on doit aller.

Et pendant la course ? J’assurais une interface technique. On a rencontré de nombreuses difficulté­s, qu’il a fallu solutionne­r. Mais ces interventi­ons ont été plutôt concentrée­s sur le début. Ensuite, c’était plutôt un suivi lointain. J’étais en veille permanente, bien sûr. S’il avait besoin de moi, il savait où me trouver à tout moment. Mais je n’ai pas voulu le saouler. Il avait déjà beaucoup de sollicitat­ions avec la presse, les amis, la famille. Moi, je suis resté en retrait. C’est sa course, c’est sa vie. Je n’avais pas envie de le polluer et de lui dire : ‘‘Tu devrais faire ci, tu devrais faire ça...’’

Comment avez-vous vécu la course, depuis la terre ferme ? Je sais ce que c’est que d’être en mer et de connaître des difficulté­s. Et quand il en a rencontrée­s, lui, j’avais envie d’en savoir plus, et de valider les étapes qui pouvaient tendre à régler la situation. Là, il y avait du stress. Quand il s’est fait très mal aux côtes, dans l’océan Indien, j’avais envie de lui demander : ‘‘Est-ce que tu peux naviguer ? Quel est l’impact sur la maîtrise du bateau ? Est-ce que tu peux t’en sortir ?’’ Mais demander ça dix fois d’affilée, c’est parfaiteme­nt insupporta­ble pour celui qui est à bord. Donc il faut trouver le bon dosage. Par contre, justement parce que je ne l’ai pas assommé avec ça, quand je lui envoyais un mail, il me répondait. Après avoir réglé ses problèmes techniques, et après avoir mangé, bien sûr.

Qu’est-ce que représente pour vous le fait qu’il termine ce Vendée Globe ? C’est énorme. Énormissim­e. Vu les conditions réunies en cours de route pour pouvoir participer, la distance qui nous séparait de la participat­ion à cette course, en termes de compétence­s, de moyens, de disponibil­ités, Alors vraiment, pas du tout ! Je suis fier d’avoir contribué. Mais c’est son projet, c’est sa victoire. C’est lui le leader, c’est lui qui a décidé, c’est lui qui a pris les risques, c’est lui qui a navigué, c’est lui qui a amené le bateau à bon port. Ça lui revient totalement.

Vous êtes content pour lui ? Je suis forcément très content pour lui. C’est un événement sans précédent dans sa vie, il le sait très bien. Je suis sûr qu’il y a plusieurs niveaux de satisfacti­on : le côté compétitio­n, bien sûr, et réussir à rallier l’arrivée. Et à titre personnel, voir qu’il est capable de mener à bien un tel projet, je pense que ça le touche. Et puis visà-vis de ses enfants, aussi... Qu’ils le voient à la télé, qu’ils entendent parler de lui tous les jours pour ce qu’il a accompli... Ça, je pense que ça doit être extrêmemen­t important pour lui.

Qu’est allé chercher votre frère dans ce Vendée Globe ?

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