Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Alaphilipp­e : la fin du rêve

Distancé à un peu plus de 10 km du sommet, le jeune leader a lâché plus de 2 minutes à ses adversaire­s. Il ne sera pas le premier Français à remporter la course depuis 20 ans

- ROMAIN LARONCHE

C’était trop dur pour moi ». Une serviette autour du cou, le souffle encore court quelques mètres après avoir passé la ligne d’arrivée au sommet du col de la Couillole, Julian Alaphilipp­e répétait cette phrase. A ses proches qui l’embrassaie­nt, à Patrick Lefevere, le patron de son équipe Quick Step, à Philippe Gilbert, son coéquipier, tous venus le réconforte­r. Leader depuis son coup de maître dans le chrono du mont Brouilly mercredi, le Montluçonn­ais a donc vécu une dernière journée en jaune et vu ses rêves de victoire finale s’envoler à un peu plus de 10 km de l’arrivée, sur les accélérati­ons des équipes Sky et Trek de Henao et Contador. « Je m’en doutais un peu, car c’était une ascension longue et difficile, et j’avais vu que dans la montée de La Colmiane, j’avais déjà souffert. Je ne peux pas être déçu, j’ai donné tout ce que j’avais, je n’ai rien lâché. Mes adversaire­s ont couru comme il fallait, mon équipe m’a très bien soutenu, mais ça s’est fait à la pédale ». A force d’étonner tout le monde depuis une semaine, le coureur de 24 ans avait laissé grandir l’idée qu’il pouvait succéder à Laurent Jalabert, dernier Français vainqueur de la Course au soleil voilà vingt ans. Luimême y croyait puisque la veille à Fayence, il avait donné rendez-vous au lendemain aux médias, qui questionne­nt chaque soir le maillot jaune. Excellent puncheur au profil passe-partout, il a trouvé plus fort que lui sur une ascension de 15,7 km à 7,1 % au terme d’une étape à 4000 mètres de dénivelé, digne d’une journée en haute montagne sur le Tour de France. « On cherche toujours des parcours plus durs. Si ça avait été un Paris-Nice comme d’habitude, peut-être qu’il aurait gagné, regrettait Patrick Lefevere, son patron. Il n’y a rien au sommet, les coureurs sont obligés de se mettre nus à plus de 1600 mètres au mois de mars, je ne trouve pas ça bien ».

« Un Paris-Nice incroyable »

La colère une fois ravalée, le boss de la plus grande équipe de classiques imaginait un avenir radieux pour sa pépite qui vit seulement sa 4e saison chez les pros. « Il a quand même résisté pendant deux jours avec ce maillot jaune, ce n’est pas facile. Surtout que la semaine dernière il avait une sinusite. Et il n’y a pas que Paris-Nice. Julian est un coureur de classiques et dans deux ans, il sera encore meilleur ». L’ancien coureur de l’Armée de Terre, passé pro en Belgique, grandit extrêmemen­t vite. Vainqueur d’étape sur le Tour de l’Ain en tant que néo-pro, 2e de la Flèche et à Liège la saison suivante, puis du Tour de Californie l’an passé : la France tient certaineme­nt un joyau sur les courses d’un jour ou d’une semaine. Mais avant de penser au printemps et aux classiques, Alaphilipp­e a un job à finir aujourd’hui à Nice. Le désormais 5e du général a quelques classement­s à préserver. Son rang de premier Français, ses maillots blanc et vert. Toujours aussi ambitieux, le puncheur envisageai­t même une autre occasion de monter sur le podium protocolai­re aujourd’hui. « Il reste une étape, je reste motivé ce n’est pas fini. » Le bilan de son deuxième Paris-Nice reste quoi qu’il en soit excellent. « Il est incroyable, je ne vais pas rester à la déception d’aujourd’hui (hier). J’ai eu une victoire d’étape, j’ai porté le maillot jaune, on s’est fait plaisir toute la semaine avec mes coéquipier­s ». Mais le revoir tenter un coup aujourd’hui est toutefois fort probable.

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(Photos AFP) Le Français (maillot jaune) n’a pu résister au coup de pédale du Colombien Henao (au premier plan) et des autres cadors.

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