Arrêtons le cirque !

Je suppose qu’accroché à sa barre, Sébastien Destremau, arrivé aux Sables d’Olonne cinquante jours après le vainqueur du Vendée Globe, devait marmonner sous les tempêtes la fière devise prêtée à Pierre de Coubertin : « L’important est de participer. » Certes. Mais ce qui est admirable dans le sport peut devenir honteux en politique. Or, la meute de rigolos et de fantaisistes qui, depuis plusieurs semaines, s’est engouffrée dans la brèche de la présidentielle en toute légalité a achevé de désacraliser la magistrature suprême après que l’a exercée un authentique élu dépourvu de charisme et privé de prestance. Ainsi, et avec la complicité des médias riant sous cape, s’est-il trouvé des braves gens pour imaginer Alexandre Jardin déambulant dans celui de l’Élysée et Laurent Baffie présidant le Conseil des ministres. Peut-on, lorsque l’avenir de la France suscite autant d’angoisse, faire joujou avec le suffrage universel ? Comment se fait-il que les lois et l’usage, si stricts sur les qualifications professionnelles, autorise n’importe qui à clamer – au moins jusqu’à la date limite du dépôt des parrainages – qu’il va gouverner son pays ? Est-ce que les ados qui vont voter pour la première fois dans quelques jours ne risquent pas, à l’obscure lumière de la campagne actuelle, de considérer la démocratie comme un grand cirque sous le chapiteau duquel est admis à venir faire un tour de piste n’importe quel clown ?