Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Neuf siècles d’histoire, quarante ans de travaux
C’est en 1170 que les évêques de Toulon et de Fréjus décidèrent de créer un monastère à La Verne, en choisissant l’ordre des Chartreux. L’histoire religieuse du site est pourtant plus ancienne encore. L’emplacement était alors connu pour avoir été celui d’un ancien prieuré qui portait déjà le nom de NotreDame de la Verne. Jusqu’au XVIIIe siècle, des générations de moines s’y succèdent, observant le silence. Tout n’est pourtant pas que quiétude : trois grands incendies ravagent le monastère en moins de 150 ans, aux XIIIe et XIVe siècles. À la fin des guerres de religion, en 1577, il est dévasté. Sa reconstruction ne s’achèvera qu’à la fin du XVIIIe siècle, en 1782… juste avant le début de la Révolution qui contraindra les moines à l’exil, en 1 792. Abandonné, le monastère tomba progressivement en ruines, jusqu’à l’intervention de l’association des Amis de la Verne, en 1968. Une ferme était alors établie sur les ruines de l’édifice. Peu à peu les décombres sont nettoyés, les ruines sortent de la végétation. Le bâtiment des convers et l’hôtellerie sont reconstruits et redeviennent habitables. Les travaux accélèrent après l’installation de la famille monastique de Bethléem, en 1982, sous la houlette d’un architecte des Bâtiments de France. La chapelle des Pères, aussi nommée église renaissance, est remise en état la première, fin 1991. Elle est située dans la clôture, non visible du public. Jusqu’au début des années 2000, les chantiers se sont succédé, financés par du mécénat d’entreprise, pour ce qui concerne toute la partie accessible au public. «L’église romane, détaille Michel Baudonnière, a été rebâtie grâce aux indications fournies par quelques pans de murs ayant échappé à la ruine ou aux pillages. Des éléments retrouvés par les archéologues ont permis de reconstruire à l’identique chaque cellule du grand cloître. » Le petit cloître, par contre, est resté inachevé, tel qu’il l’était au départ des frères chartreux pendant la Révolution. « On restaure à l’identique, on ne construit pas des choses qui n’existaient pas. Et ce cloître n’avait visiblement pas été achevé. » À plusieurs reprises, l’association a fait appel à des jeunes en insertion formés par une association locale, La Pierre d’Angle. « Les jeunes ont appris à retailler les pierres, comme à l’époque. Ils ont ainsi reconstruit les chapelles latérales ou la cellule témoin. » Prochain chantier pour l’association: « On aimerait parvenir à faire financer une chaufferie au bois… » Ce n’est pas le combustible qui manque aux alentours.