Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Chasseurs et agriculteurs tendus à cause des sangliers
Hier la préfecture a dû arbitrer le dialogue entre le monde agricole et l’univers de la chasse. En jeu, la gestion de la population de sangliers et les mesures pour limiter les dégâts aux cultures
Victimes des sangliers et victimes de la fédération de chasse ». Les agriculteurs ont profité de la session plénière de la Commission chasse et faune sauvage hier en préfecture pour laisser une nouvelle fois éclater leur colère. Alors qu’une quinzaine d’entre eux manifestaient devant les grilles de la préfecture, leurs représentants ont remis une motion au préfet. Une motion signée par les quatre principaux syndicats agricoles (Jeunes agriculteurs, Coordination rurale, Confédération paysanne et FDSEA) et par la chambre d’agriculture pour réclamer la prise de mesures, qui limitent la prolifération des sangliers. «Il y a une tension assez forte dans ce département entre le monde agricole et la fédération de chasse, concède Jean-Luc Videlaine, le préfet à l’issue de la réunion. « Il est vrai que le sanglier dans le Var représente un vrai problème. On a rappelé aux syndicats agricoles, que tout ce qui pouvait être fait dans l’état du droit actuel côté administration d’État est fait (...) Mais l’honnêteté conduit à dire que la population de sangliers ne régresse pas et que les dégâts aux cultures sont réels et pénibles. Les paysans n’ont pas tort dans leur discours », estime le préfet.
Piégeage et contraception
Si la préfecture ne déplore pas d’incident entre chasseurs et agriculteurs lors de la rencontre d’hier, elle ne sous-estime pas les tensions et évoque quelques pistes pour faire retomber la pression. « Une des pistes de progrès étudiée concerne le piégeage. Même si le Conseil national de la chasse n’est pas favorable à ce dispositif, on va signaler au ministère qu’une évolution sur les conditions de piégeage serait appréciée dans un département comme le Var. On va aussi se renseigner sur la possibilité d’utiliser des produits contraceptifs, comme c’est le cas en Catalogne. Enfin, on va demander aux propriétaires en zone périurbaine de faire un effort de débroussaillage pour que les sangliers ne trouvent pas des conditions favorables pour faire de leur terrain un refuge .»
C’est le montant des dégâts causés par les sangliers pendant cette même saison si on s’en tient aux demandes d’indemnisation formulées par les agriculteurs à la fédération de chasse. C’est plus que les deux saisons précédentes et un important « chiffre noir » des dégâts non déclarés est probable.