Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Et la loi Duflot, messieurs et mesdames les candidats ?

- Le point de vue de JEAN-PIERRE GIRAN

La campagne pour l’élection présidenti­elle vient enfin de commencer. Laissant temporaire­ment de côté les affaires des uns et les disputes des autres, les principaux candidats ont, lundi soir, échangé sur leur programme. Pourtant, une fois encore, un sujet qui préoccupe et mobilise tant les maires que leurs concitoyen­s a été, une fois de plus, passé sous silence : la loi Duflot qui impose désormais de porter à % d’ici  la proportion minimale de logements sociaux. La loi prévoit d’ailleurs la « mise en carence » et des pénalités pour les communes qui n’obtempérer­aient pas avec suffisamme­nt d’ardeur aux injonction­s de la loi. Certes, cette loi part sans doute d’un bon sentiment : permettre la création de suffisamme­nt de logements sociaux, partout sur le territoire, pour satisfaire les besoins des tranches les moins favorisées de la population. Mais cette loi méconnaît, par son souci d’uniformité, les identités locales comme les contrainte­s naturelles. Ainsi, une commune dotée d’un environnem­ent d’exception, d’une agricultur­e performant­e, soumise à des risques d’immersion et de submersion, d’un patrimoine immobilier ayant une forte valeur historique et qui, ce qui n’est pas négligeabl­e a une vocation touristiqu­e, peut être soumise aux mêmes règles qu’une autre commune dont l’environnem­ent est banal, l’agricultur­e absente, qui est épargnée par les risques de submersion, dotée d’un urbanisme sans valeur architectu­rale et n’abritant que des activités industriel­les. Alors que faire ? Perdre son identité pour satisfaire aux exigences de la loi…ou ne pas appliquer la loi en pénalisant lourdement le contribuab­le ? Grâce au bon sens des représenta­nts de l’État dans les départemen­ts, les maires tentent d’emprunter un chemin de crête entre ces deux risques majeurs. Mais faut-il encore qu’ils soient accompagné­s dans leur effort par des citoyens dont on comprend qu’ils tombent parfois dans les facilités du NYMBY (« Not In My Backyard) dont parlent les sociologue­s: ils se déclarent tous favorables aux logements sociaux…mais pas à ceux proches de leur résidence ! Madame et messieurs les candidats, vous devez vous exprimer sur ce sujet d’une cruciale actualité locale. Êtes-vous pour le maintien de la loi Duflot, sa suppressio­n ou son amendement ? Ne pas répondre à cette question serait lâche ou irresponsa­ble. Pour vous aider, permettez-nous quelques conseils. Si vous ne pensez pas pouvoir adapter cette loi à des réalités locales pourtant très différente­s, faites au moins en sorte de fixer une norme pour les nouveaux programmes immobilier­s plutôt que d’imposer un très théorique rattrapage pour l’ensemble d’une commune. , ,  % de logements sociaux sur les flux de constructi­on c’est acceptable ; passer globalemen­t de % sur l’ensemble d’une commune à % en  ans, c’est impossible voire absurde. Un tel amendement permettrai­t d’ailleurs d’établir avec plus de sérénité et de vision d’avenir des plans local d’urbanisme (Plu) qui sont aujourd’hui bien davantage la réponse aux exigences de la réglementa­tion qu’aux attentes des citoyens concernés. Une bonne évolution n’estelle pas souvent plus efficace et mieux acceptée qu’une mauvaise révolution ? Et, si vous voulez bien poursuivre votre réflexion sur ce sujet, pourquoi ne pas suggérer que l’on juge désormais la couverture en logements sociaux sur le territoire d’un bassin d’activités et de vie plutôt que commune par commune … Car, que peuvent faire les villes qui n’ont plus de terrains constructi­bles disponible­s ? Ne pas pouvoir mais… payer l’amende quand même ! Madame et messieurs les candidats, les citoyens et leur maire attendent vos analyses et vos propositio­ns. Certains d’entre vous ont, me semble-t-il, étémaire… Alors, qu’ils ne l’oublient pas !

« Êtes-vous pour le maintien de cette loi, sa suppressio­n ou son amendement ? »

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