Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Et la loi Duflot, messieurs et mesdames les candidats ?
La campagne pour l’élection présidentielle vient enfin de commencer. Laissant temporairement de côté les affaires des uns et les disputes des autres, les principaux candidats ont, lundi soir, échangé sur leur programme. Pourtant, une fois encore, un sujet qui préoccupe et mobilise tant les maires que leurs concitoyens a été, une fois de plus, passé sous silence : la loi Duflot qui impose désormais de porter à % d’ici la proportion minimale de logements sociaux. La loi prévoit d’ailleurs la « mise en carence » et des pénalités pour les communes qui n’obtempéreraient pas avec suffisamment d’ardeur aux injonctions de la loi. Certes, cette loi part sans doute d’un bon sentiment : permettre la création de suffisamment de logements sociaux, partout sur le territoire, pour satisfaire les besoins des tranches les moins favorisées de la population. Mais cette loi méconnaît, par son souci d’uniformité, les identités locales comme les contraintes naturelles. Ainsi, une commune dotée d’un environnement d’exception, d’une agriculture performante, soumise à des risques d’immersion et de submersion, d’un patrimoine immobilier ayant une forte valeur historique et qui, ce qui n’est pas négligeable a une vocation touristique, peut être soumise aux mêmes règles qu’une autre commune dont l’environnement est banal, l’agriculture absente, qui est épargnée par les risques de submersion, dotée d’un urbanisme sans valeur architecturale et n’abritant que des activités industrielles. Alors que faire ? Perdre son identité pour satisfaire aux exigences de la loi…ou ne pas appliquer la loi en pénalisant lourdement le contribuable ? Grâce au bon sens des représentants de l’État dans les départements, les maires tentent d’emprunter un chemin de crête entre ces deux risques majeurs. Mais faut-il encore qu’ils soient accompagnés dans leur effort par des citoyens dont on comprend qu’ils tombent parfois dans les facilités du NYMBY (« Not In My Backyard) dont parlent les sociologues: ils se déclarent tous favorables aux logements sociaux…mais pas à ceux proches de leur résidence ! Madame et messieurs les candidats, vous devez vous exprimer sur ce sujet d’une cruciale actualité locale. Êtes-vous pour le maintien de la loi Duflot, sa suppression ou son amendement ? Ne pas répondre à cette question serait lâche ou irresponsable. Pour vous aider, permettez-nous quelques conseils. Si vous ne pensez pas pouvoir adapter cette loi à des réalités locales pourtant très différentes, faites au moins en sorte de fixer une norme pour les nouveaux programmes immobiliers plutôt que d’imposer un très théorique rattrapage pour l’ensemble d’une commune. , , % de logements sociaux sur les flux de construction c’est acceptable ; passer globalement de % sur l’ensemble d’une commune à % en ans, c’est impossible voire absurde. Un tel amendement permettrait d’ailleurs d’établir avec plus de sérénité et de vision d’avenir des plans local d’urbanisme (Plu) qui sont aujourd’hui bien davantage la réponse aux exigences de la réglementation qu’aux attentes des citoyens concernés. Une bonne évolution n’estelle pas souvent plus efficace et mieux acceptée qu’une mauvaise révolution ? Et, si vous voulez bien poursuivre votre réflexion sur ce sujet, pourquoi ne pas suggérer que l’on juge désormais la couverture en logements sociaux sur le territoire d’un bassin d’activités et de vie plutôt que commune par commune … Car, que peuvent faire les villes qui n’ont plus de terrains constructibles disponibles ? Ne pas pouvoir mais… payer l’amende quand même ! Madame et messieurs les candidats, les citoyens et leur maire attendent vos analyses et vos propositions. Certains d’entre vous ont, me semble-t-il, étémaire… Alors, qu’ils ne l’oublient pas !
« Êtes-vous pour le maintien de cette loi, sa suppression ou son amendement ? »