Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le futur de l’éolien en mer se joue (aussi) à La Seyne
À Brégaillon, la société Dietswell vient d’achever une série de tests sur un prototype d’éolienne flottante dans le bassin First, exploité par Océanide et propriété du département
Avis de gros temps sur la Méditerranée. Des vagues de plus de 12 mètres et des rafales atteignant la vitesse folle de 150 km/h agitent le golfe de Fos. Une tempête comme on n’en avait plus vue depuis près de cent ans. Et au milieu des flots déchaînés, loin du littoral, une éolienne haute de 100 mètres, avec son rotor bipale de 450 tonnes, est ballottée comme un bouchon. Elle gîte, mais ne rompt pas. Mieux: elle tourne ! Voici la scène peu banale à laquelle ont assisté, en milieu de semaine, une vingtaine de personnes, dans la zone industrialo-portuaire de Brégaillon. À l’échelle 1/36e, pour être précis. Ici, dans le bassin de génie océanique First, les conditions de vent et de houle extrêmes peuvent ainsi être reconstituées à l’écume près. Une gigantesque « piscine », propriété du Département et exploitée par la société Océanide, idéale pour tester tout un tas d’ouvrages maritimes.
Un secteur en plein essor
L’infrastructure est prisée des spécialistes de l’exploitation pétrolière offshore. Depuis les quatre coins du monde, ils viennent toute l’année à La Seyne éprouver les maquettes de leur futur matériel – réalisées dans les ateliers d’Océanide –, avant de les lancer dans le grand bain en quête d’or noir. Cette fois, c’est Dietswell, entreprise française de forage en eaux profondes, mais touchée de plein fouet par la crise pétrolière, qui souhaite expérimenter le comportement... d’une éolienne flottante. S’il a déjà deux ou trois ans, ce concept a indéniablement le vent en poupe, soufflé notamment, en France, par une volonté politique de financer les projets les plus ambitieux et les technologies les plus diverses. Les grands industriels, dont DCNS, Eiffage, EDF, Vinci ou Bouygues, planchent sur le sujet et le premier exemplaire made in France, construit à SaintNazaire, devrait être opérationnel fin 2017. Trois fermes d’éoliennes flottantes pourraient même voir le jour en Méditerranée dans les années à venir. Ces ouvrages, montés sur une structure qui n’est pas posée sur les fonds marins, permettent en effet à leur turbine de produire de l’électricité plus loin des côtes, où l’eau est beaucoup plus profonde et les vents plus forts et plus stables. La pollution visuelle, elle, est évidemment inexistante depuis le rivage. Signe de l’intérêt grandissant pour cette technologie, industriels et partenaires avaient répondu en nombre à l’invitation de Dietswell pour admirer leur maquette résister à une mer formée. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) était également présente. Elle pourrait soutenir financièrement le projet de Dietswell dans un futur proche. Océanide, après un léger ralentissement de son activité dû également à la baisse du cours du pétrole, serait, elle, de plus en plus sollicitée par les professionnels du secteur. «C’est une grande fierté que La Seyne puisse contribuer au développement des technologies de pointe au service des énergies renouvelables », s’est félicitée Nathalie Bicais, conseillère départementale et présidente du conseil d’administration de First. Une fierté, et bientôt, peut-être, un grand bol d’air frais.