Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Viol avec torture en appel : le témoin à charge se rétracte

Devant la cour d’assises du Var, qui la juge en appel de vingt ans de réclusion, l’accusée nie avoir donné le moindre ordre à un homme de main pour briser la volonté d’un témoin gênant

- G. D.

Neuf jurés (quatre femmes et cinq hommes) entourent depuis hier matin la cour d’assises du Var, pour le procès en appel à huis clos d’Alexia Monticelli, alias « Tess ». Désormais défendue par Mes Joseph Cohen-Sabban et Sophie Jonquet, la jeune femme de 23 ans a fait appel de sa condamnati­on à vingt ans de réclusion, le 26 février 2016 par les assises des Alpes-Maritimes. Elle est accusée d’avoir été complice des viols, parfois accompagné­s de tortures ou actes de barbarie, commis à Nice entre début janvier et fin avril 2012, sur « Manuella », une jeune femme d’alors 20 ans.

Dénégation totale

À l’ouverture des débats, Tess a fait savoir à la cour qu’elle contestait, comme en premier ressort, avoir donné la moindre instructio­n à Miguel Doutau (condamné lui aussi à vingt ans dans cette affaire, et qui n’a pas fait appel), en lui laissant carte blanche pour soumettre la victime. Elle a nié aussi avoir assisté à une scène de viol, accompagné­e de sévices graves. Et encore plus avoir encouragé l’auteur. Selon elle, elle n’avait rien à voir dans les actes commis par Miguel Doutau. Quant à la victime, Tess a indiqué qu’elle avait à l’époque une relation ambiguë avec Manuella.

Le bourreau revient sur ses aveux

La cour a entendu Miguel Doutau, alias « Pika », en visioconfé­rence depuis son lieu de détention. Lors de l’instructio­n de cette affaire, il avait reconnu avoir fait subir des violences à Manuella (gifles, coups de ceinture, cire brûlante sur le corps…) et en avoir fait un objet sexuel. Son système de défense avait consisté à minimiser son rôle dans ces sévices, en indiquant qu’il avait agi sur les instructio­ns de Tess. Miguel Doutau est revenu hier sur ses déclaratio­ns devant les jurés varois, expliquant désormais qu’il avait menti.

Rescapée mais avilie

À l’ouverture du procès, sur le banc de la partie civile, Manuella, assistée de Me Adrien Verrier, paraissait bouleversé­e à la perspectiv­e de se replonger dans ce cauchemar. Celui-ci avait commencé quelques mois auparavant, fin octobre 2011, quand son compagnon Mayeul Gaden, dit « Karl », avait été assassiné par des membres du club de « bikers » qu’il avait fondé. Manuella devait à l’origine subir le même sort, mais avait été épargnée, après avoir été sérieuseme­nt blessée. Pour l’empêcher d’aller dénoncer les faits, elle était restée plusieurs mois, dans son propre appartemen­t, sous la surveillan­ce de ses agresseurs. À leur départ, Tess avait hébergé « Pika » pendant plusieurs mois, pour maintenir cette emprise. Le verdict devrait intervenir ce soir.

 ?? (Photo DR) ?? Le procès en appel dans l’affaire niçoise dite des «bikers »se déroule jusqu’à ce soir au palais de justice de Draguignan.
(Photo DR) Le procès en appel dans l’affaire niçoise dite des «bikers »se déroule jusqu’à ce soir au palais de justice de Draguignan.

Newspapers in French

Newspapers from France