Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Nice: polémique judiciaire autour d’un salut hitlérien

- CHRISTOPHE PERRIN

Patricia Balme, experte en communicat­ion politique, était l’un des invités de l’émission On ne va pas se mentir , débat politique d’I-Télé du 21 octobre 2015 dans le cadre de la campagne des élections régionales. À cette occasion, elle avait interpellé en direct le sénateur FN varois David Rachline, en ces termes : « Il faut que les Français voient la vidéo où M. Vardon fait le salut hitlérien. » Le Niçois Philippe Vardon, 36 ans, conseiller régional FN, a demandé, par la voie d’une citation directe devant le tribunal correction­nel de Nice, de juger hier Patricia Balme pour diffamatio­n, ainsi que le directeur d’I-Télé. Le ministère public, qui représente les intérêts de la société, n’a pas souhaité se mêler à ce débat judiciaire et s’en est remis à la sagesse du tribunal. Me Pierre-Vincent Lambert, conseil de Philippe Vardon (absent au tribunal), rappelle que si cette vidéo existe bien, à aucun moment son client « n’exécute un geste qui s’apparenter­ait à un salut nazi. »Ilyadonc une volonté délibérée de nuire. « Ce reportage d’Arte a vingt ans. Il a été exhumé par Le Point qui évoque un passé révolté… pardon révolu de M. Vardon, insiste Me Lambert. Il avait 16 ans à l’époque. Mme Balme donne une informatio­n tronquée pour jeter l’opprobre sur M. Vardon qui, en plus, n’était pas présent sur le plateau d’Audrey Pulvar pour se défendre. » Me Jean Veil, l’avocat de Patricia Balme, s’étonne de la démarche de Philippe Vardon : « Il se considère diffamé parce qu’il a appartenu à un mouvement identitair­e. »

« Chef de la bande »

La défense décrit le contenu de la fameuse vidéo qui fait tache : « On voit une dizaine de jeunes gens extraordin­airement agités, tenant des propos incompréhe­nsibles, faisant le salut nazi. Dans cette scène un peu belliqueus­e, l’animateur, celui qui parle le plus fort, le chef de la bande qui tient le micro, c’est M. Vardon. C’est vrai qu’il peut y avoir un doute. Est-ce parce qu’il tenait le micro qu’il n’a pu lever le bras ? », souligne Me Veil, avec une ironie mordante. « Je ne peux pas affirmer qu’il a fait le salut nazi, concède l’avocat parisien, mais il y a un ressenti. ». La défense s’attaque ensuite au parcours idéologiqu­e de Philippe Vardon : « Il n’a cessé de créer le trouble autour de lui. Même au Front national, il s’est retrouvé dans une situation de rejet. Il a été condamné en 2014 pour une rixe. Il a appartenu à un mouvement dissous. Un mouvement dont un membre a essayé d’assassiner Jacques Chirac. » Au droit à l’oubli évoqué par Me Lambert, Jean Veil oppose sa conviction: « M. Vardon n’a pas tellement changé. Et je trouve paradoxal et assez hypocrite que la partie civile considère avoir été diffamée pour des choses qu’elle revendique par ailleurs. » Le jugement a été mis en délibéré le jeudi 4 mai.

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(Photo F. Fernandes) Philippe Vardon attaque désormais systématiq­uement ceux qui évoquent son passé sulfureux.
 ?? (Photo C. P.) ?? Me Jean Veil : «M. Vardon n’a cessé de créer le trouble autour de lui et cherche aujourd’hui une certaine respectabi­lité.»
(Photo C. P.) Me Jean Veil : «M. Vardon n’a cessé de créer le trouble autour de lui et cherche aujourd’hui une certaine respectabi­lité.»

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