Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Boudjellal n’y croit plus !

Cette fois, ce n’est pas du flan. Mourad a vraiment fait le deuil de cette Champions cup : « Ce match n’existe pas ! » Seul le Top 6 l’intéresse pour limiter la casse de cette saison pourrie

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE BERSIA

Àforce de l’écouter, on ne l’entend plus. Mais cette fois, Mourad ne fait pas de cinéma. Déjà tout entier tourné vers l’avenir et son prochain budget, il se fout vraiment de ce quart de finale (ce qui n’est pas forcément le cas des joueurs). À l’avantveill­e de ce nouveau choc au sommet face à Clermont, le président fait profil bas et s’en explique...

Vous allez le jouer vraiment ce quart de finale ? On va aller à Clermont, bien sûr. On plaisante là dessus, mais on a quand même une recette à récupérer. On a droit à  %. On a quand même hésité à fusionner avec un club cette semaine pour éventuelle­ment reporter le match et récupérer nos blessés. Mais on n’a pas trouvé de club qui souhaitait fusionner avec nous. Alors oui, on va le jouer, même si ce n’est pas l’enjeu de la saison. L’enjeu, c’est d’être au Vélodrome en demi-finale du Top . Il y a quelques années, les demi-finales s’étaient passées sans nous au Vélodrome et ce n’était pas bien de les regarder à la télé...

Il y a un vrai risque à courir deux lièvres aujourd’hui ? Oui, on prend le risque d’avoir de la casse. Mais il faut respecter la compétitio­n. Quand on dit que Clermont est favori, c’est justifié. Cette année Toulon est à la peine. C’est ma année. On a eu de très belles années. On en connaît une moins bonne. C’est le sport. On est dans le moins bien, on fait avec. Mais on prépare bien la saison prochaine...

Comment expliquez-vous vos difficulté­s actuelles ? On manque d’un effectif stable. Les mauvaises langues diront qu’on n’a pas de staff stable non plus, mais on jongle depuis deux ans avec des blessés. On n’a pas d’équipe type. Il y a des blessures à des postes clé. La faute revient peut-être au médical, peut-être au préparateu­r physique, ou au manque de chance, mais il y a aussi le fait qu’on a enchaîné des saisons très longues sans faire beaucoup tourner et contre nous, les équipes jouent souvent des finales. Il y a une très forte intensité tous les week-ends et à l’arrivée, on a ce nombre de blessés. Les mauvaises langues n’ont peut-être pas tort en évoquant les problèmes dus à l’instabilit­é du staff ? Diego a été remplacé par Mike Ford. Steve Meehan n’était déjà plus dans le staff. Il a demandé à partir, comme Jacques Delmas. On n’est pas le seul club qui a changé d’entraîneur en cours de saison. Chacun son mode de fonctionne­ment. Cette saison, j’étais mécontent. Je le suis toujours et j’ai pris des décisions. Peut-être que j’ai fait des erreurs, sûrement même. À force de gagner tu te dis : il suffit que je fasse un truc pour que ça marche. Il y a une espèce d’euphorie, voire même de mégalomani­e qui fait que tu fais des conneries...

D’où ce besoin de rupture et votre volonté de passer à un autre projet la saison prochaine ? Oui, parce que c’est plus intéressan­t aussi. On ne pourra jamais faire mieux que ce qu’on n’a déjà fait sur le modèle qu’on a créé. Donc il faut faire différent en visant les mêmes résultats. On veut aller au même endroit mais on va prendre un autre chemin...

En quoi la qualificat­ion en Champions Cup, pour l’an prochain est-elle indispensa­ble ? Elle est essentiell­e. Se qualifier en demi-finale de coupe d’Europe, ça représente   euros pour le club. Ne pas y être l’an prochain représente un manque à gagner de  millions d’euros. Ce ne sont pas les mêmes budgets. Clermont est déjà dans les six et n’a pas cette problémati­que. Accessoire­ment, moi, les deux millions manquants, je devrais les mettre de ma poche. Pour moi, aujourd’hui, le plus important est vraiment de se qualifier dans les six du Top ...

Les conditions de ce quart sont loin d’être idéales ? On n’est pas à l’aise, c’est vrai. On y va avec crainte parce qu’on sait qu’ils tournent bien, qu’ils ont une équipe interchang­eable à tous les postes. Ils ont bien bossé depuis deux ans. Ils ont appris de leurs défaites. Il faut le reconnaîtr­e aussi. Aujourd’hui, ils sont largement favoris. Mais s’ils ne gagnent pas ce match, il faudra qu’ils remettent beaucoup de choses en question.

Vous avez envisagé de prendre une raclée ? Plus que ça même, car c’est probable. Quand Clermont trouve une brèche, ils peuvent être euphorique­s et si c’est le cas, ça peut faire mal devant un public en folie. Oui, ça peut ressembler à une corrida !

Vous espérez quand même réaliser un exploit, sur un malentendu ? Oui, mais ça fait six mois que je l’attends ce malentendu et il n’arrive pas. Je n’y crois plus. Aujourd’hui, on va rester fixé sur nos objectifs. Si déjà, on perd à Clermont sur un score honorable et sans blessé, cela ressembler­a à une victoire...

Aujourd’hui, vous vous projetez beaucoup, mais vous gardez quand même un pied dans le présent ? J’ai hâte que la saison passe. Il y a le nouveau stade Mayol. Plein de trucs qui arrivent. Un nouveau défi. On a envie de voir. Maintenant, on ne sait jamais. Je n’y crois pas trop, mais on ne sait jamais. Peut-être ira-t-on à Marseille, et si on y arrive...

Avez-vous pris des mesures pour conjurer le mauvais sort ? Tout ce que j’ai essayé ne marche pas. Mais on n’est jamais déçu par le travail. Donc on travaille pour combler les lacunes de cette saison. Je suis réaliste, le premier responsabl­e c’est moi. J’ai fait beaucoup de conneries. À moi de ne plus en faire. Peut-être que je me suis pris pour un autre. C’est possible. Avec tous les résultats qu’on a eus... Après, que ce soit pour un entraîneur ou un joueur, Toulon est un club difficile. Il y a des joueurs qui n’ont pas à Toulon le niveau qu’ils avaient ailleurs. C’est un club où des joueurs tremblent...

Où en êtes-vous du recrutemen­t ? On travaille sur des joueurs mais le problème c’est qu’on a besoin de savoir si on jouera ou pas la coupe d’Europe l’an prochain. Ce ne sera pas le même recrutemen­t si on n’y est pas. On devra être en réserve de budget car on est dans l’économie réelle. Si demain, j’ai un trou de  millions, je ne serai pas convoqué par la DNACG, c’est la DNACG qui viendra à Toulon pour poser des scellés sur les portes...

Ils sont largement favoris” J’ai hâte que la saison passe” J’ai fais beaucoup de conneries”

Dimanche, vous allez regarder le match depuis votre canapé ? Non, je ne sais pas où je serai. J’ai décidé que ce match n’existait pas, donc dimanche soir, je ne sais pas ce que je ferai. Cette semaine, j’ai réuni les leaders et je leur ai dit : ça vous appartient. C’est votre histoire. Moi, ce que je veux, c’est être en demi-finale à Marseille. Voilà ce qui est impératif. S’ils arrivent à poursuivre la fête, bravo à eux. S’ils échouent, ils savent que personne ne leur en voudra. Notre objectif, je le répète est le championna­t. Et après tout, je me dis que si Clermont devait gagner la coupe d’Europe, ce ne serait pas volé... Depuis que ça chauffe, ça finira bien par brûler...

 ?? (Photo Patrick Blanchard) ?? Premier responsabl­e des difficulté­s actuelles du RCT, Mourad Boudjellal espère aujourd’hui sauver la saison grâce au Top . Ce quart de finale n’est plus son objectif. Mais il peut encore être celui des joueurs.
(Photo Patrick Blanchard) Premier responsabl­e des difficulté­s actuelles du RCT, Mourad Boudjellal espère aujourd’hui sauver la saison grâce au Top . Ce quart de finale n’est plus son objectif. Mais il peut encore être celui des joueurs.

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