Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Matimidité était un fardeau »

Fiction Laura Smet joue une ancienne détenue en liberté conditionn­elle dans La Bête curieuse, ce soir sur Arte

- PROPOS RECUEILLIS PAR ÉLISABETH PERRIN

Enliberté conditionn­elle, une jeune femme qui avait tué son violeur réapprend à vivre en cachant sonpasséàt­ous. Un efiction de Laurent Perreau qui a obtenu le grand prix au Festival de Luchon avec une formidable Laura Smet entre silence et mystère. Que raconte ce film ?

L’histoire d’une femme en liberté conditionn­elle. Elle essaie de reconstrui­re sa vie en taisant la vérité. Mais chacun s’interroge sur elle. Elle est regardée comme une bête curieuse. C’est un film qui interroge sur la seconde chance, sur la tolérance. C’est aussi le regard que cette ancienne détenue pose sur le monde et le regard que le monde pose sur elle. Comment vous y êtesvous préparée?

Avec Laurent Perreau, le réalisateu­r, nous y travaillon­s depuis plusieurs années, car au départ ce devait être pour le cinéma ! Nous sommes allés à Fresnes voir des détenues. Leur angoisse à toutes c’est le risque, une fois sorties, de retourner en prison. J’ai porté cette angoisse dans le film. J’ai adopté leur façon de se tenir très droite, très rigide, comme si elles portaient un masque. Vous êtes de tous les plans, n’étaitce pas compliqué à jouer ? C’est à la fois dur et, en même temps, j’étais comme elle, je n’avais pas de temps pour réfléchir. Elle est tout le temps dans l’urgence, car elle doit pointer. Au travail comme pour sa conditionn­elle. Et, quand on tourne cinq ou six séquences par jour, c’est la même chose. Cette urgence m’a aidée. Je me sentais comme elle et j’avais besoin de me retrouver six heures par nuit pour ne pas devenir schizophrè­ne… Qu’estce que l’expression « bête curieuse » évoque pour vous? Toute mon enfance, on m’a regardée comme ça à l’école, j’avais des parents différents. J’étais d’une timidité à outrance, c’était un fardeau et j’ai eu souvent à prouver qui j’étais vraiment, car la perception que les gens avaient de moi ne correspond­ait pas à la réalité. Me bagarrer pour la vérité a toujours été important. Moi aussi j’ai la rage de vivre. Laurent Perreau l’a compris et ce personnage m’a aidée. Entre la télévision et le cinéma, avezvous une préférence? J’ai la chance de faire les deux. Certains boudent la télé, je ne les comprends pas. Il y a de très bonnes fictions dix fois plus riches que des scénarios de cinéma ! J’adore les séries comme The Night of, The Fall ou The Affair, qui est la référence pour moi. J’aimerais tourner dans de telles séries.

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Laura Smet : « Me bagarrer pour la vérité a toujours été important. J’ai la rage de vivre ».

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