Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
À Saint-Tropez et Courchevel, la « neige » tombait en toutes saisons
Un réseau de trafic de cocaïne, qui s’est développé de début 2014 jusqu’à juin dernier, dans le milieu des employés saisonniers de l’hôtellerie et de la restauration à Saint-Tropez et Courchevel, a monopolisé hier les débats du tribunal correctionnel de Draguignan. Celui-ci a prononcé des peines d’un à quatre ans de prison contre trois prévenus, et décerné des mandats d’arrêt contre deux d’entre eux. Comparaissant libres, et sans doute effrayés par les peines requises, ceuxci avaient disparu de la salle d’audience juste avant le délibéré du tribunal. Ce trafic a été révélé un peu par hasard, lors d’une enquête ouverte par les gendarmes, à la demande du parquet de Draguignan. Elle était centrée sur Jean-Marie, alias Le Lyonnais, alias Tonton, un sexagénaire semblant proche du grand banditisme, et qui menait à St-Tropez un train de vie dispendieux, malgré une quasi-absence de ressources connues. Il y passait la saison à l’hôtel, fréquentait les meilleures tables et les clubs huppés ou jouait au poker, se déplaçant parfois en Lamborghini ou sur une Harley. Et ce avec une pension de 900 et sans autre activité avérée. «Je joue beaucoup aux courses, a expliqué Jean-Marie. Je joue au poker et je gagne souvent.» Pour le reste, il a indiqué qu’il avait ses entrées dans les meilleurs endroits de la presqu’île, et qu’il en faisait profiter ses amis, qui en remerciement l’invitaient à leur table. L’enquête n’a rien révélé qui puisse impliquer Jean-Marie dans un trafic. Elle a tout de même découvert que depuis 2003, il touchait les 1 600 par mois de la retraite de sa défunte mère, dont il avait omis de déclarer le décès. Il a été condamné à 2 ans de prison avec sursis et 10 000 d’amende pour escroquerie, et à rembourser près de 64 000 à la caisse de retraite.
Serveur le jour, dealer la nuit
Ce sont les écoutes téléphoniques placées sur Jean-Marie qui ont amené les gendarmes à s’intéresser à Romain Blanc, 23 ans, alias Neveu. Le jeune homme, qui faisait les saisons à Courchevel et St-Tropez, avait une trentaine de clients dans la station de sports d’hiver, et environ le double en été. Il leur fournissait, à des tarifs entre 60 et 100 le gramme, de la cocaïne de piètre qualité, coupée à 30 % avec un médicament vétérinaire. « J’ai commencé petit à petit début 2014 ,aindiqué Romain Blanc. À partir de l’été 2015, j’ai arrêté de travailler pour faire uniquement du trafic. J’avais de l’argent, des filles, des sorties. Je croyais que c’était la belle vie. » Oussouf Ibrahim, un voiturier comorien de 38 ans, a juré qu’il n’avait participé que comme intermédiaire, quand ses clients lui demandaient un fournisseur. Il a été condamné à 2 ans de prison et 5 000 d’amende. Quant à Loïc Lopresti, 23 ans, il a nié avoir jamais touché à la cocaïne et encore plus en avoir vendu. Deux témoins le désignaient comme associé dans le trafic avec son ami d’enfance Romain Blanc, voire comme le chef. Il a été partiellement relaxé pour le trafic, mais condamné à un an de prison pour avoir été dans l’incapacité de justifier de son train de vie. Le tribunal a lancé contre les deux un mandat d’arrêt. Romain Blanc a été maintenu en détention, avec une condamnation à quatre ans de prison, dont un avec sursis et mise à l’épreuve.