Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’escale hyéroise et méconnue de Napoléon

Celui qui n’était alors qu’officier, et pas encore empereur, a séjourné dans la cité des Palmiers pendant le siège de Toulon. Une plaque le rappelle… mais personne ne le sait !

- F. DUMAS

Qui l’eut cru ? Napoléon a fait un séjour à Hyères en 1793! Rares sont les Hyérois qui le savent et une plaque témoigne de la présence de l’officier (pas encore) empereur Napoléon-Bonaparte, quelques années avant qu’un autre hôte célèbre ne vienne : Alphonse de Lamartine. Clin d’oeil de l’histoire : ils s’étaient retrouvés dans deux immeubles de renom qui se font quasiment face au bout de l’avenue des Iles d’Or. Au numéro 20, en face de la place Gabriel Péri, la plaque est modeste, noircie et franchemen­t discrète. À tel point que, même les habitants du quartier ne soupçonnen­t pas que Napoléon a travaillé ici pendant le siège de Toulon. On peut y lire: « L’officier d’artillerie Napoléon-Bonaparte logea ici pendant le siège de Toulon ». « Il était, alors, tout jeune officier », précise François Carrassan, adjoint à la culture.

« Désigné pour diriger l’artillerie»

On sait que Napoléon Bonaparte est intimement lié au Var : d’abord pour avoir participé victorieus­ement au siège de Toulon en tant qu’officier d’artillerie (lire ci-contre). C’est à cette époque qu’il passa par Hyères quelques jours, soucieux de s’éloigner ponctuelle­ment du théâtre des opérations pour réfléchir aux futurs plans d’attaque. Un document d’histoire raconte cette épopée : «La trahison qui mit au pouvoir les Anglais sur la flotte de la Méditerran­ée et l’arsenal de Toulon consterna la Convention. Le comité de salut public demanda un officier capable de diriger l’artillerie du siège: Napoléon fut désigné ». Un autre lieu de notre cité signale la présence de Napoléon Bonaparte sous les palmiers. « Avant d’être le ParkHôtel, le lieu était une maison de plaisance à la fin du XVIIIe siècle où séjourna Napoléon à la même période», explique Pierre Abrial, animateur de l’architectu­re et du patrimoine en mairie.

Hôte du Park-Hôtel

Un livre en atteste: celui d’Odile Jacquemin qui avait fait une thèse sur le passé glorieux d’Hyères. On peut lire dans « Deux siècles d’histoire et d’un paysage » que cette propriété « était fréquentée par une importante colonie hivernante dont les hôtes les plus célèbres étaient Napoléon Bonaparte, en 1793, et la princesse Pauline en 1813 ». On retrouve d’ailleurs des écrits, signés de Napoléon dans lesquels il donne ses ordres : « Je pense que les Anglais ont le projet de passer l’hiver dans la rade d’Hyères. Je désire avoir des mortiers pour les placer aux différente­s batteries des îles d’Hyères et sur le continent. Ayez soin que les épreuves soient couvertes du plus grand mystère et que les ennemis ne les connaissen­t point ». Sur l’île de Porqueroll­es, un édifice témoigne également de l’attention portée par Napoléon à la défense de nos reliefs. Le Fort de l’Alycastre, érigé par Richelieu pour assurer la défense des côtes, intéressa grandement Bonaparte. «Après le retrait des troupes Anglaises à la fin du XVIIIe siècle, il fut modifié entre 1811 et 1814 sous Napoléon Bonaparte», indique l’office de tourisme.

Défendre les îles à tout prix

À cet égard, les historiens ont retrouvé trace d’une correspond­ance de Napoléon avec le duc de Feltre, ministre de la guerre. «Je désire avoir un rapport sur les tours qu’on a commencées cette année sur les côtes», peuton lire dans les archives de l’Empire. « Remettez-moi également des projets sur les îles d’Hyères. Vous me ferez connaître ce qui existe et ce qu’il y aura de fait à la fin de la campagne moyennant les fonds, ce qu’il faudrait faire pour saisir ces îles avec une main de fer ». Et le futur empereur d’ajouter : «Nos forces de Toulon devenant considérab­les, il est à craindre que l’ennemi ne s’empare des îles importante­s de Porqueroll­es et Port-Gros. Il me paraît indispensa­ble d’établir à Brégançon, à Porqueroll­es, à Port-Cros, à la presqu’île de Giens et sur tous les points de la plage, des mortiers et des pièces tirant des obus à distance. (...) Il faut tirer de toutes les batteries à la fois ». Hyères fut donc, pour Napoléon, une base arrière à défendre à tout prix et un lieu de travail… très guerrier. Enfin, c’est plus tard et de nouveau à Toulon (en 1798) que Napoléon-Bonaparte appareilla avec 35 000 hommes à bord de 200 navires pour l’expédition d’Égypte. Dont il fut victorieux. L’objectif était surtout de barrer la route des Indes aux Anglais. Encore eux…

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(Photo Laurent Martinat ) Au  avenue des Iles d’Or, une plaque témoigne du passage de Bonaparte à Hyères. « Napoléon était tout jeune officier et s’est plû à Hyères », commente François Carrassan, adjoint à la culture.

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