Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La Seyne : le collégien a été poignardé pour son skateboard
Vincenzo, 14 ans, s’est fait agresser jeudi après-midi devant le collège Marie-Curie, à La Seyne, parce qu’un élève de 13 ans en avait après sa planche à roulettes. Ses jours ne sont pas en danger
Deux voitures de policiers municipaux, des mines sombres et des parents qui ne s’attardent pas. Hier midi devant l’entrée du collège MarieCurie, à deux pas du centre-ville, l’ambiance n’avait pas grand-chose à voir avec la légèreté qui prédomine habituellement les veilles de week-end. « Le climat est un peu bizarre, froid, nous confirme Chaymae, élève de troisième, en quittant l’enceinte. Même les profs n’ont pas l’air de trop savoir comment aborder le sujet… » Le sujet, celui dans toutes les têtes en cette fin de semaine, c’est évidemment l’agression jeudi après-midi de Vincenzo, 14 ans, devant ces mêmes grilles. Alors que ce jeune scolarisé au collège Paul-Eluard passait en skateboard devant l’établissement voisin pour se rendre chez un ami, il a été pris à partie par un élève de Marie-Curie, âgé de 13 ans seulement. La suite, c’est la maman de la victime qui nous la raconte.
Un agresseur pas tout à fait inconnu
« Le garçon, que Vincenzo ne connaissait pas, lui a demandé de lui donner son skate, confie Laurie. Mon fils a évidemment refusé et ne s’est pas laissé faire. Mais l’autre a sorti un couteau et lui a porté deux coups, un à l’abdomen et l’autre au bras gauche. » En sang, Vincenzo est parvenu à se réfugier dans la cour, où un Conseiller principal d’éducation (CPE) l’a pris en charge et a appelé les secours. Opéré d’urgence à l’hôpital SainteMusse, à Toulon, l’adolescent est aujourd’hui fort heureusement hors de danger. « Ça devient grave, nous souffle une maman venue chercher sa fille. Elle m’a aussi demandé de l’accompagner ce matin.» À côté, Laurent, un autre parent de deux élèves, peine encore à réaliser : « Cette histoire est folle. Que faisait un gamin de 13 ans avec un couteau sur lui ? Ce n’est pas un collège qui craint pourtant. Mais maintenant, j’en suis à hésiter à mettre une bombe lacrymogène dans leur sac pour qu’ils puissent se défendre en cas de besoin. » L’établissement, qui n’a pas effectivement mauvaise réputation, a, de son côté, accentué les fouilles à l’entrée des élèves hier matin. Une cellule psychologique a aussi été mise en place. « Ils sont passés dans les classes pour nous prévenir que si on avait besoin de parler, quelqu’un serait là, rapportent Manon, Ilona et Noa. C’est sûr qu’on est un peu choquées. On le connaissait… » L’agresseur, Carlos, élève de cinquième, décrit comme « pas très bien dans sa peau » par une camarade de classe, avait, semble-t-il, sa petite réputation dans le collège. Régine nous explique ainsi que son petitfils avait déjà eu affaire avec le jeune homme. «Il s’était fait casser la figure sans trop de raison… » Après son forfait, Carlos, lui, a été immédiatement arrêté par la police municipale. Sa garde à vue a été prolongée jusqu’à aujourd’hui. Mais Laurie préfère parler de son fils, et de son état, qui devrait désormais vite s’améliorer. « Vous savez, j’ai cru que mon coeur allait s’arrêter tellement j’ai eu peur, se livre-t-elle. J’étais dans le bus direction Toulon pour préparer le mariage de ma fille, quand la maman d’un ami de Vincenzo m’a prévenue. Vincenzo, c’est un jeune sans histoire, gentil, normal quoi… » Au collège Paul-Eluard, où une assistance psychologique a aussi été proposée aux élèves, ce collégien de 3e a effectivement l’air apprécié. Et c’est bien l’incompréhension qui dominait chez les parents, hier, devant le portail. Dans sa voiture, Marjorie tente toutefois une piste d’explication. « Je suis Seynoise et ancienne élève de Marie-Curie. Déjà à mon époque, c’était un peu la guéguerre entre collégiens des deux bahuts. La rivalité entre les jeunes existe toujours. » De là à ce qu’elle se transforme en agression au couteau, il y avait tout de même un gouffre que personne n’aurait pu imaginer.
Que faisait un gamin de ans avec un couteau sur lui ? ”