Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Même en chantier, le porteavions navigue... virtuellement
Alors que le Charles-de-Gaulle est «échoué» au fond d’un bassin, les équipements qui en feront une arme encore plus redoutable continuent d’être testés tout autour de la rade de Toulon
Deux gros mois à peine après l’entrée en cale sèche du Charles-de-Gaulle, le chantier est bien lancé. Alors que le quai Cronstadt, baigné d’un soleil quasiment estival, prend des airs de vacances, la zone des bassins Vauban, toute proche, fourmille de bleus de travail. Sur le pont, sous la coque, dans les entrailles du monstre d’acier, tout n’est que bruit de meuleuses, coups de masse, alarmes de grues en mouvement. Un vacarme indescriptible et pourtant parfaitement organisé. Le porte-avions, on le sait, n’a pas de temps à perdre. Dans dix-huit mois, il devra être parfaitement opérationnel. Alors il faut aller vite. Tellement vite que, même pour les regards les plus avisés, la silhouette du bateau est méconnaissable. En partie dissimulé derrière des échafaudages, le mât a perdu la quasi-totalité de ses radars. Et c’est encore pire à l’intérieur. Le central opérations, point névralgique du navire, dont l’accès est en général réservé à une poignée de marins, est désormais ouvert aux quatre vents. Et pour cause : ce n’est plus qu’une grande pièce vide. Pour le coup, dénuée du moindre intérêt… Curieusement, sur le visage des marins que l’on croise, aucune panique ne se lit. Ils savent que l’avenir du Charles-de-Gaulle ,le central opérations qui fera véritablement entrer le navire amiral de la Marine nationale dans le XXIe siècle, se prépare, se peaufine tout autour de la rade. C’est le cas notamment sur le site d’expérimentation des systèmes de défense aérienne (Sedsa), emprise de la Direction générale de l’armement Techniques navales, située sur la presqu’île de SaintMandrier, face au large.
« Bateau à terre »
C’est là que tous les nouveaux senseurs qui, à l’été, seront montés sur le porte-avions, ont été installés afin d’y être testés par l’industriel DCNS, comme par la DGA, qui assure la maîtrise d’ouvrage de la modernisation du Charles-deGaulle. Depuis six mois déjà, profitant du trafic aérien et maritime, qui passe plus au sud, et de la proximité du port militaire, le radar de veille aérienne Smart-S, les radars de navigation, le système de veille infrarouge Artemis, et le moyen de désignation optronique de cible Eoms, parties intégrantes du système de combat, tournent en permanence sur la Shore integration facility (SIF). Ce n’est pas la première fois que ce genre de « bateau à terre » est utilisé. Des mâts qui rappellent les frégates Horizon et Multimissions sont encore là pour en témoigner. «Les SIF permettent d’installer à bord des systèmes robustes et éprouvés. Elles réduisent les coûts, les risques et les délais », affirme l’ingénieur en chef Nicolas, sous-directeur technique de DGA Techniques navales. Des essais placés sous très haute surveillance. Le Charles-de-Gaulle n’est décidément pas un bateau comme les autres.