Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

À boulets rouges (et noirs)

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Amoureux de ses joueurs, ébloui par les stars

« J’aime mes joueurs comme personne. Je suis prêt à tout pour eux. À partir du moment où un mec signe au RCT, je suis même capable de tuer pour lui, et ce sans le moindre état d’âme. À l’inverse, je le déteste quand il s’en va. Et pour toujours. [...] J’ai eu la possibilit­é de recruter Dan Carter après la coupe du monde 2015. J’en avais envie, mais ce n’aurait pas été raisonnabl­e. Cependant, comme je suis un joueur de poker, j’ai proposé un salaire annuel de 1,6 million, tout en sachant que s’il acceptait je ne respectais plus le salary cap .Et donc risquais de mettre un genou à terre. [...]. Convaincre des pointures de jouer pour Toulon n’a pas été le fruit chez moi d’une stratégie particuliè­re. Dans un premier temps, ça a été ma façon à moi d’exister. [...] Umaga a été ma légitimité dans le rugby. Quand on parlait du RCT, on évoquait l’équipe de Tana. Cela nous a fait connaître dans le monde entier. Après lui, d’autres vedettes internatio­nales sont venues. Je suis ce qu’on pourrait appeler un « starovore » ! [...] Aujourd’hui encore, je demeure fasciné par les grands noms du rugby. Je suis spectateur bien avant d’être acteur au sein de ce monde. Sébastien Chabal, par exemple, j’aurais souhaité qu’il endosse la tunique toulonnais­e. [...] Le RCT a accueilli beaucoup d’étrangers. Certains esprits chagrins ont assuré que nous étions un club de mercenaire­s. Or un mercenaire défend une cause qui n’est pas la sienne et, en contrepart­ie, il est rétribué. Donc tous les joueurs qui ne sont pas nés à Toulon mériteraie­nt cette caractéris­ation... Le RCT est un projet à dimension émotionnel­le et à visée mondialist­e. Les stars passées chez nous sont d’une humilité incroyable. »

Les titres, les défaites

« La minute à laquelle on comprend que l’on a le titre et les suivantes rendent immortel. Dans ces instants-là, peu fréquents, les problèmes existentie­ls n’existent plus. [...] Gagner des titres est une drogue dure, à laquelle on devient vite accroc. L’adrénaline secrétée est puissante. Je suis un junkie de la victoire. Même s’il s’agit de joies futiles, je ne m’en lasse pas. Comme un homme politique une

fois élu et qui n’est obsédé dès lors que par sa réélection. [...] Le baron Pierre de Coubertin prétendait que « le plus important aux Jeux olympiques n’est pas de gagner mais de participer ». C’est une connerie absolue. L’important, c’est de gagner, uniquement de gagner. On s’en fout de participer ! [...] »

La Ligue nationale de rugby

« Avec les pilotes de la Ligue nationale, notre sport va crever. Il est gangrené par leur besoin d’en être des acteurs essentiels alors qu’ils ne sont que des spectateur­s. Il n’y a pas de compétence­s au sommet, plutôt des personnes minaudant, qui s’avèrent d’authentiqu­es arrivistes. Je ne suis pas gentil en apparence, mais je suis sûrement moins méchant que ces « alimentair­es » du rugby. [...] Paul Goze est un brave homme. C’est d’ailleurs pour ça qu’il occupe la présidence. Mais il n’a aucune vision. Il avance au jour le jour, se contentant d’effet d’annonce et de mesures qui lui assurent la majorité. Surtout ne pas tarir la source qui vous nourrit... [...] Nous nous sommes déjà expliqués vertement. J’ai déjà dit ce que je pensais à celui qui passe la plupart du temps à l’hôtel et au restaurant. Je le regrette, car l’homme est respectabl­e. Mais il est comme la fille derrière

le comptoir d’Air France que l’on engueule quand on rate son vol. Je n’ai rien contre lui, sinon qu’il incarne le système. Un système victime de consanguin­ité, dont il profite car il a l’intelligen­ce suffisante pour comprendre qu’il a une forme d’incompéten­ce et doit rentrer à l’intérieur dudit système pour grandir. Mais comme tout le monde a peur, personne ne parle et on continue de le flatter. Je reste surpris que nous ayons élu un président ayant laissé son club dans une situation économique catastroph­ique. »

Passionné de politique

« Je suis de gauche pour la générosité, le partage, l’altruisme et l’aspect mondialist­e. Mais j’ai une conscience de droite car, avant de partager les richesses, il faut les créer. Dans le cas contraire, on ne distribue que de la misère. [...] La responsabi­lité des politiques est énorme. Ils n’ont pas le droit de se louper, tant les enjeux sont importants. Leur boulot est de changer le destin des gens. François Hollande a échoué. Il va le porter jusqu’à la fin de ses

jours. [...] À l’occasion des régionales de décembre 2015 en Provence-AlpesCôte d’Azur, j’ai soutenu Christian Estrosi. J’ai toujours veillé à me placer au-dessus de la mêlée politique. Mais je reste un citoyen. Je ne lui ai pas donné carte blanche et je n’ai pas fait campagne. En revanche, je me suis engagé car il était le seul rempart face au FN. [...] Si Marine Le Pen est élue présidente, je quitte la France. Il y a un devoir de mémoire à respecter. La France, berceau de si grandes idées qui ont nourri le monde... J’aurais honte que soit porté au pouvoir un parti dont le fonds de commerce est la haine des autres. [...] Pour la campagne de 2017, j’ai été approché par des candidats de gauche et de droite. [...] François Fillon a écrasé la primaire à droite. Mais je n’adhère pas du tout. Un fait est repoussoir pour moi : le soutien du mouvement Sens commun, issu de la Manif pour tous. Je déteste tous les intégrisme­s, quelle que soit la religion concernée. [...] Emmanuel Macron, lui, est une sorte de Kennedy. Il est atypique, a une gueule, sort de nulle part. [...] Aujourd’hui, Macron est le meilleur acteur ; il mérite le

César. »

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