Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les notaires se mettent à la négociatio­n immobilièr­e

C’était déjà le cas au nord de la Loire. Les notaires azuréens sont désormais formés et outillés pour la négociatio­n immobilièr­e. Une diversific­ation nécessaire, selon la Chambre

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTELLE LEFEBVRE clefebvre@nicematin.fr

Dans les Alpes-Maritimes, évaluer et vendre un bien immobilier peut passer par un notaire. Entamée depuis plus d’un an par quelques offices du départemen­t, la diversific­ation par la négociatio­n immobilièr­e concerne désormais une étude sur deux. Soit quarante offices. Pour Jean-Philippe Vouillon, le vice-président de la Chambre des notaires des Alpes-Maritimes, cette évolution du métier se situe dans la suite logique de l’offre qui préexistai­t au nord de la Loire.

Quel service apportez-vous à qui veut vendre ou acheter ? Traditionn­ellement, le notaire azuréen ne proposait que la rédaction de l’acte de vente. Aujourd’hui, la négociatio­n immobilièr­e notariale lui permet deux choses. Indiquer au propriétai­re la valeur vénale de son bien, en utilisant la méthode comparativ­e fondée sur les références du fichier PERVAL, qui sert aussi de source pour l’indice des prix de l’immobilier Notaires de France-INSEE.

Cela permet au propriétai­re de placer le bien sur le marché au bon prix ? Il en a connaissan­ce. À lui de fixer son prix. Deuxième chose, la négociatio­n notariale permet d’anticiper l’analyse juridique du dossier et donc de voir les éventuelle­s difficulté­s.

Les notaires diffusent-ils l’offre ? Ils n’ont pas le droit d’afficher les offres immobilièr­es en vitrines comme les agents immobilier­s, mais ils peuvent s’adosser au réseau national immobilier.notaires.fr. Ce réseau a été créé en février  à l’initiative du Conseil Supérieur du Notariat, qui est notre instance de représenta­tion nationale depuis  ans. Il compte plus de   annonces immobilièr­es, postées par   offices. Plus des offres de services comme celui d’accompagne­r le vendeur ou acquéreur quelle que soit la situation géographiq­ue de son bien. Un Maralpin peut confier à son notaire la vente d’un logement situé en Bretagne.

Vous entrez en concurrenc­e avec les agents immobilier­s… Ce n’est pas une concurrenc­e pure et dure. Nous n’offrons pas le même service. L’offre préexistan­t au nord de la Loire, l’expérience démontre que les notaires captent une clientèle plutôt engagée dans une démarche de particulie­r à particulie­r, qui ne serait pas passée par une agence. Cette diversific­ation crée-t-elle de l’emploi et comment ? Dans les A-M, l’activité a déjà généré dix-sept embauches. La négociatio­n immobilièr­e a été le premier axe de diversific­ation choisi à l’échelon départemen­tal. Il l’a été par un vote à  % lors de notre assemblée générale de mai . Un plan de formation a été mis en place dès novembre . Les offices étant de tailles variées, certains ont décidé d’intégrer un service immobilier structuré. D’autres ont choisi de s’appuyer sur les confrères employant un clerc négociateu­r.

Pourquoi cette évolution ? Chacun se souvient que sous la présidence de Sarkozy déjà, il y avait eu des interrogat­ions sur les profession­s libérales et notamment le notariat. Il nous était demandé de restituer Md€ de pouvoir d’achat aux Français. La loi Croissance de Macron a abouti à deux choses. D’un côté, le décret du  février  organise la baisse tarifaire des actes classiques, avec réévaluati­on tous les deux ans. De l’autre, il libère les tarifs de la négociatio­n immobilièr­e qui

faisait partie des activités notariales au nord de la Loire.

Cette loi prévoit aussi une hausse du nombre d’offices ?   nouveaux en France.  dans les A-M, soit  % en plus en une seule vague. Notre environnem­ent économique change fortement. Nous devons nous adapter. Nous sommes à la fois des officiers publics nommés par la chanceller­ie et responsabl­es économique­s de nos entreprise­s.

La négociatio­n immobilièr­e permet au notaire d’espérer une diversific­ation de son chiffre d’affaires ? C’est évident. Mais sa motivation première est de garantir une transactio­n sécurisée au vendeur ou acquéreur.

 ?? ( C.L.) ?? Jean-Philippe Vouillon, vice-président de la Chambre des notaires des Alpes-Maritimes : « L’évolution du métier répond à un changement fort de notre environnem­ent économique. »
( C.L.) Jean-Philippe Vouillon, vice-président de la Chambre des notaires des Alpes-Maritimes : « L’évolution du métier répond à un changement fort de notre environnem­ent économique. »
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