Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Valdeblore () : il s’est sacrifié pour épargner des enfants

Julie Vershoore, a été témoin de l’accident de planeur survenu mercredi. Cette mère de famille honore un pilote « héroïque »

- VALENTIN EHKIRCH vehkirch@nicematin.fr

La lettre commence ainsi : « À cet homme qui a épargné nos enfants au prix de sa vie. » À Valdeblore, sur ce terrain plat situé près du lieu-dit Soun dal Pra, une jeune femme est venue déposer un mot, un hommage au pilote de ce planeur qui s’est écrasé mercredi, tuant son occupant (nos éditions de jeudi). Julie Verschoore, en vacances dans la commune, surveillai­t cet après-midi là son fils qui s’amusait sur le terrain de foot avec les enfants et les animateurs du club du Chalet de Valdeblore. Depuis plusieurs heures, raconte la jeune mère, un planeur tournait dans le ciel. « Il y avait ce terrain de foot, la seule zone plane sur laquelle il pouvait se poser et on coupait cette zone en deux avec une file indienne d’enfants et d’animateurs du club. »

« À deux mètres de nos têtes »

Dans le ciel, l’appareil fait plusieurs tours du terrain, et cherche dans un premier temps à passer audessus des personnes. « Les enfants ont commencé à lui faire coucou, ils pensaient au départ qu’il voulait les saluer. » Mais ce premier passage « très proche du sol, à deux mètres au-dessus de nos têtes », devait plutôt permettre d’alerter les enfants que l’homme allait chercher à se poser, pense Julie. Entre-temps, les animateurs et les jeunes sur le terrain de foot ont pris conscience de la situation et tenté de dégager la zone. Mais le terrain est grand, et, s’ils ont couru, ils ne sont pas parvenus assez vite à laisser le champ libre au planeur pour son atterrissa­ge d’urgence.

Premiers gestes

« Il a refait un passage, il a piqué du nez vers le sol et il s’est crashé à cinq mètres de moi », détaille d’une voix calme la jeune femme. Elle souligne la chance qu’ont eu les personnes situées autour : «Il y avait des enfants qui étaient situés à deux mètres près et de gros morceaux de verre sont partis dans tous les sens. » Avec trois autres personnes, la trentenair­e est allée directemen­t voir l’état du pilote. Face à cette personne inconscien­te, les quatre vacanciers ont prodigué les premiers gestes, un massage cardiaque. « On l’a massé durant plusieurs dizaines de minutes, en attendant l’arrivée des secours. » Mais rien n’y a fait : l’homme était en arrêt cardio-respiratoi­re et présentait de nombreuses fractures. « On a appris plus tard que cela ne servait plus à rien », confie-t-elle. Pour Julie Vershoore, l’attitude du pilote est très claire : « Il a cherché à éviter les enfants. »

Un sacrifice

Un choix qui aurait conduit cet Allemand de 62 ans, à préférer un atterrissa­ge violent à une longue glissade sur une zone occupée par les familles. « La moindre des choses, c’est de dire qu’il a vraiment fait ce sacrifice », assure Julie. Dans sa lettre, sobre, griffonnée au dos d’une feuille volante, qu’elle est allée déposer le lendemain près du drame elle rend hommage au pilote : « Nul geste ne peut être plus noble que celui-là… » Elle aimerait « pouvoir présenter [ses] condoléanc­es à la famille », mais n’ayant pas leur contact, elle s’est contentée de ce mot. Cette lettre, « écrite après avoir déposé un cierge à l’église », faute d’avoir trouvé des fleurs c’est aussi pour « que sa famille sache qu’il est mort en héros. »

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(Photo D. R.) Julie aimerait donner la lettre à la famille de l’Allemand décédé lors du crash de son planeur mercredi.

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