Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Rassemblement et faux semblants...
C’était le 11 janvier dernier. Le Canard enchaîné n’avait pas encore lâché sa bombe en rase campagne. Mais lors de la précédente venue de François Fillon à Nice, Christian Estrosi avait déjà mis les pieds dans le plat, en soulignant sans crier gare à la tribune que « le mot social n’était pas une grossièreté ». Depuis, les relations entre les deux hommes ne se sont jamais franchement réchauffées. Le 31 mars, le président de la Région a été sifflé au meeting de François Fillon à Toulon, avant de recevoir Emmanuel Macron « par courtoisie républicaine » le lendemain à Marseille.
Des sifflets étouffés
Pour être franc, hier au Palais Nikaïa, les journalistes n’étaient (presque) venus que pour ça : voir quel serait l’accueil réservé, à domicile, à un Christian Estrosi qui laisse filtrer, à mots difficilement contenus, les doutes d’une partie de sa famille politique. L’ancien maire de Nice a certes eu droit, de nouveau, à quelques sifflets épars, mais très largement étouffés cette fois par des applaudissements que François Fillon et Eric Ciotti se sont employés à amplifier, sur l’autel du rassemblement. Le président de la Région a, lui aussi, fait assaut de discipline, quels que soient ses états d’âme du moment (et il semble en avoir assez gros sur la patate, pour tout dire). « Je n’ai jamais sali ma famille politique. Je respecte ceux qui n’ont pas eu un accueil amical à mon égard à Toulon. Mais la victoire, nous l’obtiendrons dans le rassemblement et pas dans la division. Comme l’a dit le général de Gaulle, la garantie du destin de la France, c’est le rassemblement des Français. » Et Christian Estrosi de dénoncer « les dangers du populisme » ,du « communisme vintage de Mélenchon » à « la faute morale et contre la nation » que représenterait un succès de Marine Le Pen. « Pour la battre, il ne faut pas ressembler mais rassembler, n’a-t-il eu de cesse de répéter, comme un leitmotiv insistant destiné à François Fillon, qu’il a assuré « soutenir tout en gardant sa liberté de parole ».
Apparences sauves
L’enjeu imminent et les impératifs d’unité ont permis de sauver les apparences, hier soir à Nice. Mais les fractures demeurent. L’entourage de Christian Estrosi, au sortir du meeting, ne manquait pas de regretter que François Fillon n’ait toujours guère évoqué le mot «social» dans son discours…