Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Deux suspects arrêtés à Marseille
Mahiedine Merabet et Clément Baur ont été interpellés, hier, à Marseille. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu frapper en pleine campagne présidentielle
C’est le scénario redouté par les services de renseignements : une attaque terroriste en pleine campagne pour l’élection présidentielle. Hier, deux hommes soupçonnés de préparer un attentat « imminent» ont été interpellés à Marseille, à cinq jours du premier tour. Mahiedine Merabet 29 ans, et Clément Baur, 23 ans, ont été interpellés dans le cadre d’une enquête en flagrance ouverte à Paris pour association de malfaiteurs et infraction à la législation sur les armes en relation avec une entreprise terroriste. Dans la foulée, le ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl a apporté quelques précisions sur ce projet avorté : « Entre 10 h et 11 h, deux hommes ont été arrêtés dans le IIIe arrondissement de Marseille, par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), avec l’appui du Raid » ,a confirmé le locataire de la place Beauvau. De nationalité française, les deux hommes étaient prêts à frapper le territoire « dans les tout prochains jours », « à la veille de l’élection présidentielle », a ajouté le ministre. Le procureur de la République de Paris, François Molins, a confirmé que les deux hommes préparaient une «action violente, de manière imminente sur le territoire français, sans qu’on puisse déterminer avec précision le jour, le ou les cibles visées ». Un drapeau de l’État islamique avait été découvert, ainsi que trois kilos d’explosif TATP et des armes en grande quantité dans un appartement de Marseille, a précisé le procureur, lors d’une déclaration à la presse. Les deux suspects – le plus âgé originaire du Nord et le second originaire du Val-d’Oise – étaient connus pour leur radicalisation. Sur le mur de l’appartement où ils ont été arrêtés, il y avait un plan de la ville de Marseille et des photos représentant des enfants victimes de bombardements ou d’exactions, a précisé François Molins. Mahiedine Merabet a été condamné douze fois pour des faits de droit commun, et Clément Baur deux fois. Le premier cherchait à entrer en contact avec l’organisation djihadiste État islamique (EI), notamment pour transmettre «une vidéo d’allégeance ou de revendication », a également révélé le procureur Molins.
François Fillon visé
Il a précisé qu’une « vidéo interceptée le 12 avril dernier » montrait « une table sur laquelle est posé un pistolet-mitrailleur de type UZI», «le drapeau noir de l’État islamique », « des dizaines de munitions disposées afin d’écrire “la loi du talion”» et « la une d’un quotidien», Le Monde datée du 16 mars 2017 « avec en couverture un candidat à l’élection présidentielle », en l’occurrence François Fillon.
Protection renforcée à Montpellier et Nice
Jeudi dernier, plusieurs candidats avaient été prévenus du risque terroriste qui planait autour d’eux. Les photos des suspects, qui faisaient l’objet d’un avis de recherche, avaient été distribuées aux services de sécurité des candidats, ont confirmé Marine Le Pen et l’entourage d’Emmanuel Macron. « Seul François Fillon a fait l’objet de mesure de protection renforcée », a toutefois nuancé une source proche du candidat LR. « C’était le cas aux meetings de
Montpellier et de Nice». Ainsi, le meeting de vendredi soir s’est déroulé avec la mise en place d’un dispositif de sécurité exceptionnel, mettant en oeuvre des unités d’intervention du Raid et des tireurs d’élite. Le candidat Les Républicains a été classé au niveau 2 des personnalités menacées, sur une échelle de 1 à 4 (le niveau 1 correspondant aux personnalités les plus menacées, le niveau 4 les moins). François Fillon est le seul candidat classé dans cette catégorie. Marine Le Pen est au niveau 3, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon au niveau 4.