Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Sa casquette bille en tête

Du haut de ses 27 printemps, Ziad Ben Ahmed fait un carton avec ses casquettes « made in la Gabelle ». Au-delà du succès, l’enfant du quartier tient à montrer l’exemple...

- PHILIPPE MICHON pmichon@nicematin.fr

Aujourd’hui, on n’a plus d’excuses ! Tout le monde peut s’en sortir. C’est juste une question de volonté… » lance ce jeune Fréjusien de 27 ans avec un sourire qui en dit long sur sa déterminat­ion. Son téléphone portable entre les mains, il ajoute : « Avec cet outil, nous avons Internet. C’est-à-dire que nous avons le monde entre les mains. Il faut juste vivre ses rêves et non plus rêver sa vie ! » Mais alors qui est donc cet utopiste des temps modernes? Un jeune nanti de bonne famille? Un optimiste, doux rêveur, né avec une cuillère en argent dans la bouche ? Et bien non… Il s’appelle Ziad Ben Ahmed, natif du quartier populaire de La Gabelle à Fréjus. Comme tous les jeunes « Gabellois », il a suivi le cursus local classique entre le collège AndréLéota­rd et le lycée SaintExupé­ry, où il a obtenu un bac « comptabili­té ». Dans la foulée, le néo-bachelier a créé sa petite entreprise dans le bâtiment, « histoire d’avancer, mais j’ai toujours aimé la mode même si c’est un monde que je n’ai jamais côtoyé. Depuis l’enfance, mon rêve a toujours été de lancer ma propre marque », explique-t-il avant de spécifier : « J’ai toujours adoré les noeuds papillons et les casquettes. » Histoire de joindre l’utile à l’agréable, à ses heures perdues, il pense et décortique son modèle unique. Mais avant de prendre ses rêves pour la réalité, il a dû patienter jusqu’à cette rencontre impromptue avec un désigner-infographi­ste nommé Anthony Leclerc. « Le hasard d’une rencontre. D’autant qu’il a un sacré look de rockeur. Vraiment rien à voir avec moi », confie Ziad avant d’être pris d’un fou rire communicat­if. « Lorsqu’il m’a montré les premières maquettes, je me suis dit : c’est exactement ce que je veux. Ça va cartonner… » Rouge, noire, verte, blanche, crème, bleue : la casquette de Ziad prend toutes les têtes depuis à peine deux mois. « Par le biais d’amis en commun, j’ai demandé à quelques footballeu­rs originaire­s de Fréjus et Saint-Raphaël s’ils pouvaient la porter. Layvin Kurzawa, internatio­nal du PSG, Mickaël Le Bihan de l’OGC Nice et Mouez Hassen, gardien de but à Southampto­n m’ont dit OK. C’est pour moi la plus belle promotion possible. Depuis, je suis en contact avec eux sur Internet. Il y a même trois grands danseurs profession­nels de New York, dont Colin Tisserand, qui ont réalisé un clip avec ma casquette sur la tête. Vous vous rendez compte, ma casquette sortie de La Gabelle se retrouve sur des têtes à New York. C’est fabuleux, je ne m’attendais pas à un tel succès. »

Le meilleur ou rien !

Et pourtant qu’a-t-elle de si particulie­r la casquette de Ziad ? Tissu souple, visière malléable, la différence se situe sur le front avec ce message subliminal écrit en anglais « The Best or nothing » (Le meilleur ou rien) mais aussi ce discret noeud papillon à l’arrière. Mine de rien, elle est à la fois sobre, coquette et terribleme­nt efficace pour tous les amateurs de look branché, le plus souvent avides de nouveautés. Depuis quelques semaines, les boutiques de la Côte s’intéressen­t au produit. Des avenues Jean-Médecin et Masséna à Nice en passant par Fréjus-plage, la commercial­isation prend forme. « J’en ai vendu 300 par Internet. De toute façon, peu importe, je pars de zéro alors tout ce qui arrive est bénef. Cela n’est que du plaisir. Cela reste un vrai kif. » Dire que Ziad a la banane est un doux euphémisme. Le coeur bien accroché, il confie : « Je veux surtout que ma petite ascension donne espoir aux jeunes des cités. Je suis très fier de mon quartier de la Gabelle et je veux que mes amis du quartier soient fiers de moi ! » À 27 ans Ziad croque la vie à pleines dents. « Je sais d’où je viens mais cela ne m’empêche pas de viser le monde. Mon rêve le plus fou serait de créer ma propre ligne de vêtements pour hommes et femmes ; polos, tee-shirts, shorts, etc. Pour l’heure, je vis une belle histoire et je ne veux plus qu’elle s’arrête. Comme tout le monde, j’ai des hauts et des bas. La vie est une montagne russe émotionnel­le. Il faut faire avec, mais il faut toujours y croire. Je ne prends pas la tête pour autant… » Ses casquettes sous le bras, Ziad Ben Ahmed offre effectivem­ent une belle lueur d’espoir à tous les jeunes des cités et d’ailleurs.

Il faut vivre ses rêves et non plus rêver sa vie ”

Contact : thebestorn­othing-bigcartel.com ou facebook : thebestorn­othing83 ou par tél : 07.82.55.21.56. Prix de la casquette 30 euros.

 ?? (Photos Michel Johner et DR) ?? Auto-entreprene­ur dans le bâtiment, Ziad Ben Ahmed a une double casquette. Depuis près de deux mois, il a lancé avec un certain succès sa propre marque… de casquettes. D’entrée, Ziad a transformé son premier essai.
(Photos Michel Johner et DR) Auto-entreprene­ur dans le bâtiment, Ziad Ben Ahmed a une double casquette. Depuis près de deux mois, il a lancé avec un certain succès sa propre marque… de casquettes. D’entrée, Ziad a transformé son premier essai.
 ??  ?? Layvin Kurzawa a désormais la casquette de Ziad vissée sur le crâne.
Layvin Kurzawa a désormais la casquette de Ziad vissée sur le crâne.
 ??  ?? À New York, la casquette made in La Gabelle domine les gratte-ciel de Big Apple.
À New York, la casquette made in La Gabelle domine les gratte-ciel de Big Apple.

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