Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Hollande se félicite de son bilan sur l’emploi

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Je laisserai à mon successeur un pays en bien meilleur état que celui que j’ai trouvé » ,adéclaré François Hollande en sortant devant les salariés du fabricant de confitures et de compotes Andros, hier à Biars-surCère (Lot). À trois jours du premier tour de la présidenti­elle, le chef de l’État a fait valoir la hausse record des perspectiv­es d’embauches annoncée par Pôle emploi. «Je veux que mon successeur puisse, à partir de ce socle, aller plus loin, et ne soit pas tenté, comme certains l’expriment, de démolir, de déconstrui­re, de défaire ce qui a été engagé depuis cinq ans », a-t-il souligné peu après devant la presse. François Hollande est engagé depuis plus de deux mois dans un tour de France des entreprise­s industriel­les fortement exportatri­ces et rurales qui l’a vu multiplier les appels à peine voilés à ne pas voter pour Marine Le Pen mais aussi Jean-Luc Mélenchon. Comme on lui demandait s’il avait déjà fait son choix pour le premier tour, il a répondu : « Ce que je sais en tout cas, c’est ce que je ne veux pas : un pays qui se coupe du monde, qui s’écarte de l’Europe, qui abandonne ses alliances, qui sème la division et le trouble alors que nous sommes devant une menace qui exige le rassemblem­ent ». Le président sortant refuse aussi, visant François Fillon, les « purges qui ne sont pas nécessaire­s alors que nous avons fait les efforts indispensa­bles pour être compétitif­s mais aussi pour faire avancer le progrès social, des fuites en avant qui n’aboutiraie­nt qu’à des crises supplément­aires ». « Nous avons plus d’embauches, le chômage baisse, nous avons des investisse­ments, une croissance qui repart », a-t-il encore fait valoir. Tout a été dit et redit, et souvent mal dit. Tous les programmes mis sur la table (à défaut d’être toujours lus). Tous les sondages épluchés. Tous les coups échangés. On en a la migraine. À J-, on a la tête tellement farcie de faits, de chiffres, d’arguments et de contre-arguments qu’on aimerait faire un break et consacrer les heures qui viennent à réfléchir posément à tout ça. À faire le point, quoi. On aimerait parler un peu d’autre chose. Tant d’autres sujets de par le monde et en France alertent notre attention, tant de drames ou de bonheurs qui ont été couverts par le bruit de la campagne. Car voyez-vous, pendant ce temps-là, le monde a continué de tourner. Et pas toujours rond. On pourrait parler du Venezuela, par exemple, ce pays béni par la providence (un tiers des réserves pétrolière­s de la planète), que ses citoyens quittent par centaines de milliers, fuyant la famine et la pénurie de médicament­s. Parler des manifestat­ions monstres contre un pouvoir aux abois, qui n’a plus de populaire que le nom, et qui tente de se sauver en piétinant chaque jour davantage les libertés publiques. Mais Jean-Luc Mélenchon déteste que l’on parle du Venezuela. On pourrait parler de Donald Trump, dont les slogans de campagne n’ont pas mis longtemps à se heurter au mur du réel et qui, de revirement­s en renoncemen­ts, est en train de solder l’anti-mondialism­e simpliste (mélange de protection­nisme économique et d’isolationn­isme musclé) dont il avait fait son drapeau. Mais cela heurterait les partisans de Marine Le Pen, qui avait placé tant d’espoirs dans la révolution Trump. On pourrait citer les preuves qui s’accumulent contre le régime de Bachar al-Assad, soupçonné d’usage d’armes chimiques (du gaz sarin) lors de l’attaque du  avril sur Khan Cheikhoun. Mais ce serait mettre le doigt sur les étranges indulgence­s de certains envers le pouvoir syrien et son protecteur russe. Dans un registre plus léger, on pourrait saluer les efforts en matière d’environnem­ent de la ville de Copenhague, où il circule désormais plus de vélos que de voiture. Mais on nous accuserait de rouler pour Benoît Hamon. On pourrait noter que Matteo Renzi, en Italie, est en passe de reconquéri­r le pouvoir qu’il avait dû abandonner il y a six mois après son échec au référendum constituti­onnel. Mais ça ferait un peu pro-Macron. Ou encore évoquer le coup politicien de Theresa May, convoquant des élections législativ­es anticipées afin d’avoir les mains libres dans la difficile négociatio­n sur la sortie de l’Union européenne. Mais les partisans du Frexit ne seraient sûrement pas d’accord. Pour en revenir à la France, on pourrait se réjouir des conclusion­s de l’enquête de Pôle emploi, selon laquelle les entreprise­s françaises prévoient de recruter  millions de salariés en , soit   de plus que l’an dernier. Mais les filloniste­s – ou les défenseurs de Hamon, peut-être –, ne manqueraie­nt pas d’y voir une sournoise tentative de réhabilite­r le bilan économique de Hollande. Et on pourrait aussi commenter la décision de Jean-Luc Lagardère de s’autonommer à la présidence d’Europe . Mais on dirait que c’est apporter de l’eau au moulin de ceux – Mélenchon et Hamon en particulie­r – qui ne cessent de dénoncer la mainmise du « grand capital » sur les médias. Bref, la campagne est partout. Pas un sujet qui n’y renvoie. Donc, impartiali­té oblige, nous ne parlerons pas de tout ça. Et c’est regrettabl­e, tant la campagne a souvent paru tourner en vase clos, et certains candidats croire que le monde n’existe pas, ou qu’il suffit de parler fort pour que le réel obéisse.

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