Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Coup de gel
Dans la nuit de jeudi à vendredi, les températures sont descendues en dessous de zéro dans le centre Var. Les vignes, dont les bourgeons étaient sortis en avance, ont beaucoup souffert
Les températures sont tombées en dessous de zéro dans la nuit de jeudi à vendredi. Une catastrophe pour les vignes dont les bourgeons étaient sortis précocément.
Par endroits dans le centre Var, les vignes avaient pris de l’avance cette année. « Deux à trois semaines », selon Michael Latz, maire de Correns et vigneron. Les fruits semblaient beaux mais les professionnels étaient inquiets. Tous craignaient que le gel ne s’abatte sur la région. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le cauchemar s’est réalisé. A Brignoles, SaintMaximin, Pontevès, Seillons, Cotignac, Tourves… les températures sont descendues en dessous de zéro et les plantations ont gelé. Au milieu de son vignoble ravagé, Ludovic Balcon ne peut que constater les dégâts. « Sur du vieux grenache comme celui-ci, ça ne repartira pas, estime le vice-président des Vignerons de la Provence verte en montrant un bourgeon qui semble brûlé. Je pense que je n’aurai quasi pas de récolte. Mes vignes avaient débourré vers le 15-20 mars. Aujourd’hui, 90 % sont fichues. »
L’année dernière le centre Var avait déjà subi le gel. « Mes vignes avaient alors souffert mais certains cépages, comme le merlot, étaient repartis. Deux fois en deux ans, je n’ai jamais vu ça. Il va peutêtre falloir réfléchir au meilleur moment de planter ou à cultiver des cépages plus résistants. »
« Encore pire que l’année dernière »
«On ne peut rien faire de toute façon», constate, un peu amère Aude Degioanni au milieu de ses vignes, à Seillons. Sur sa commune 100 % des vins de pays ont subi le gel avec 50 à 100 % de dégâts selon les parcelles. 70 % des AOP ont souffert du coup de froid pour 20 à 60 % de perte. «Et c’est pareil pour toute la plaine de Saint-Maximin. C’est encore pire que l’année dernière», affirme la jeune vigneronne. «Ce qui est terrible c’est pour les jeunes qui débutent une exploitation, se désole Guy Degioanni, le père d’Aude, présent également pour se rendre compte de l’ampleur des dégâts. Deux années de suite, ça va être difficile de s’en remettre. En plus, le 21 avril, est une date anniversaire pour les viticulteurs. Il y a 26 ans précisément, nous avions subi le gel dans de fortes proportions. C’était pendant la foire de Brignoles, nous étions tous en larmes. » En Suisse et en Bourgogne, les viticulteurs protègent leurs champs du gel grâce à des chaufferettes, des sortes de pots remplis de feu posé au pied des vignes. Les Varois devront-ils eux aussi s’adapter ? «Impossible chez nous estiment Ludovic Balcon et Aude Degioanni. Nous avons des exploitations trop étendues et trop éclatées pour imaginer mettre ce genre de système en place. » Ne leur reste donc plus qu’à espérer que le ciel sera clément dans les années à venir.