Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Attentat déjoué à Marseille : le Niçois Clément Baur, « un élève perturbé »
Le Niçois Clément Baur, 23 ans, arrêté mardi à Marseille avec Mahiedine Merabet, 29 ans, voulait marquer les esprits avec un projet d’attentat à quelques jours du scrutin présidentiel (lire nos précédentes éditions). Gardé à vue dans les locaux des services antiterroristes dans les Hauts-de-Seine, il devrait être déféré au parquet au cours du week-end. Dans l’appartement que les deux amis louaient à Marseille, les policiers ont découvert trois kilos d’explosif et un pistoletmitrailleur. Clément Baur, pour l’instant, refuserait de répondre aux questions des enquêteurs.
Dérive irréversible
« C’est à Nice qu’il s’est converti à l’islam, en 2007, au contact de membres de la communauté tchétchène », a précisé François Molins, le procureur de la République de Paris. D’où l’imposant dispositif de sécurité autour du meeting de François Fillon, lundi soir. À Nice, les proches de Clément Baur sont désemparés. Ils le sont déjà depuis plusieurs années tant la dérive de ce garçon semble irréversible. Sa mère, cadre dans l’industrie numérique, vit un véritable cauchemar. « J’ai le souvenir d’un adolescent de 14 ans, très souvent absent, perturbé », indique l’un de ses professeurs qui souhaite garder l’anonymat. Elève aux collèges Henri-Matisse, RolandGarros, Joseph-Vernier... à Nice, il est à chaque fois renvoyé. Père handicapé, mère dépassée, Clément Baur, en pleine crise d’adolescence, se réfugie dans un islam dévoyé. Il épouse la cause de radicaux tchétchènes de l’Emirat du Caucase au point d’utiliser ensuite de faux noms éloquents. Notamment quand il est contrôlé le 16 janvier 2015 dans un TGV Bruxelles-Nice, alors qu’il semble fuir Verviers. La veille, dans cette cité à l’ouest de Bruxelles, une cellule terroriste a été démantelée.
L’alerte des gendarmes de La Trinité
Clément Baur se présente alors comme étant Ismail Abdoulaef. Trois jours après, jugé en comparution immédiate, il dit s’appeler Ismaïl Djabrailov, prétend avoir fui le Daghestan. Il parle l’arabe et le russe. C’est sous cette identité qu’il est incarcéré à la prison de Sequedin (Nord), lieu où il se lie d’amitié avec Mahiedine Merabet, délinquant connu, entre autres, pour trafic de stupéfiants. Baur purge, lui, quatre mois de prison pour détention de faux papiers lituanien. Inquiets de ne plus avoir de ses nouvelles, ses parents alerteront ensuite la gendarmerie de La Trinité. Les gendarmes azuréens vont retrouver sa trace et signalent sa radicalisation aux services antiterroristes qui le placent alors sous surveillance. Et ce n’est pas simple tant le jeune homme sillonne sans arrêt l’Europe. Il se retrouve à Roubaix, en compagnie de Merabet, en décembre 2016, alors que ce dernier vient de sortir de prison. Le 12 avril, l’antiterrorisme est sur les dents : Merabet vient de poster une vidéo d’allégeance à Daesh. Le 13 avril, les photos des deux suspects sont distribuées aux services de sécurité de plusieurs candidats à l’élection présidentielle. L’arsenal découvert lors de la perquisition démontre que les craintes qu’inspiraient Baur et Merabet étaient fondées.