Conseils à un indécis

Vous avez bien fait de retourner chez vous chercher la carte d’électeur que vous aviez oubliée car depuis votre naissance il n’y a pas eu de scrutin plus important. Profitez-en pour vous munir d’une pièce de monnaie et d’un dé à jouer. La première vous permettra de choisir entre deux candidats, le second entre six. Mais vous pouvez prendre votre décision en fonction d’autres critères. Par exemple, en accordant votre suffrage au candidat délaissé dont la pile de bulletins est à peu près intacte ou en votant pour le pape des insoumis si le président de votre bureau a une moumoute. Dans l’isoloir, n’essayez pas de coller l’enveloppe et renoncez aux petits dessins. Il vous est également possible de voter pour le candidat le plus mal rasé, pour celui qui a la cravate la plus large, pour celui qui n’en porte pas. Si vous souhaitez vous moquer du CSA, placez onze bulletins dans l’enveloppe et si vous ambitionnez de compliquer le dépouillement, glissez-en un vieux conservé en souvenir de l’élection de . Pourquoi ne pas refuser d’entrer dans l’isoloir sous prétexte qu’il est moche, sale et ne sert à rien puisque tout le monde claironne sa préférence ? Enfin, après le rituel de l’urne, paraphez la feuille de présence avec vos empreintes digitales en expliquant que vous êtes analphabète et que la loi sur la laïcité vous interdit de signer

d’une croix.