Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Évolution de la présence postale : quatre communes, quatre idées
Le cas de Pourrières est symptomatique. Les élus, désarmés face aux choix du groupe La Poste de retirer ses services, se sont vu proposer la mise en place d’une agence postale communale. Pourtant, ce que la population reproche à ses élus, ce n’est pas tant d’avoir accepté, mais de ne l’avoir pas informée. Ce n’est en effet qu’au terme du conseil municipal du février dernier que l’on a appris la nouvelle, qui venait d’être actée. Résultat : cinquante personnes qui manifestent devant le bureau de poste, une pétition et le soutien opportun des militants du Parti communiste, toujours prompts à défendre le service public et dénonçant, avec une certaine justesse, la politique du profit mise en oeuvre par La Poste. Très certainement, un peu de communication aurait permis d’éviter à tous de se retrouver dans cette situation…
Contrairement à ceux de Pourrières, les élus d’autres communes subissant le même sort ont choisi de ranger les usagers et la population à leurs côtés en organisant la résistance. C’est le cas, par exemple, à Meyreuil (Bouches-du-Rhône), où la municipalité a décidé, le janvier dernier, de demander aux administrés, sur le site de la Ville, s’ils étaient d’accord pour voir l’agence postale fermer. Une question qui laisse peu de place au doute : « La Ville souhaite conserver ces services de proximité pour les Meyreuillais et se mobilise contre un projet de fermeture. Les élus invoquent les besoins actuels et futurs liés à l’expansion démographique et le développement économique de Meyreuil. » Une pétition en ce sens a même été mise en ligne.
Du côté des syndicats, même si on reconnaît que les évolutions se font, pour la plupart, dans la concertation, y compris au niveau des évolutions de carrière des agents, on reste prudent. Au rang des soucis relevés, il y a notamment la diminution de la qualité du service offert aux clients, notamment de la Banque postale, puisqu’un agent communal ou un commerçant ne sont pas en mesure d’accéder aux comptes des clients. Également pointée du doigt, la disponibilité horaire des services : les agents communaux n’étant pas en mesure de recevoir le public jours sur , comme le font les employés de La Poste. En avril 2016, La Poste signifiait à la municipalité de Correns son souhait de réduire l’amplitude horaire de l’ouverture de son bureau. Comme ailleurs, c’est la réduction du nombre d’opérations au guichet qui a motivé cette décision. Après une période de négociation qui aura duré près de 6 mois, une solution a été trouvée : le bureau de poste restera ouvert et géré par le groupe, mais l’agent qui l’occupe sera désormais chargé, outre l’accueil du public en matinée, de la distribution du courrier dans le centre du village et quartiers proches. De bonnes journées, pour Jean-Luc Le 15 février dernier, Laurent Hu, propriétaire du barrestaurant « Le XV de départ », place Mazel, inaugurait le « relais poste » installé dans son établissement. C’est lui qui, avec son fils Anthony, assurera désormais les 70 à 80 opérations postales quotidiennes de la commune. Une solution « gagnant-gagnant » : La Poste maintenant ainsi une présence physique dans un commerce aux larges horaires d’ouverture, tandis que Laurent Hu bénéficie, outre une commission financière sur l’activité postale, d’un afflux de clientèle potentielle (lire en pages précédentes). La direction de La Poste assume Dautricourt aui, à 53 ans, parcourt chaque jour 13 kilomètres à vélo, chargé du courrier qu’il a trié, après avoir reçu une trentaine de clients dans la matinée. L’agent semble pourtant un choix qui a fait grincer quelques dents : « Le bureau de Pignans n’avait plus suffisamment de visites au guichet. De plus, il n’était plus aux normes et il n’était pas concevable d’investir content de cette nouvelle fonction, après avoir passé quelques années au centre de tri central de Brignoles. « Je compte faire ça deux ou trois ans, puis changer encore de fonction. » lourdement pour lui donner un coup de jeune. Là, les clients trouveront un service efficace et disponible. » Pour les opérations bancaires, il faudra se rendre à Carnoules ou Gonfaron. Jean-Pierre Morin, maire depuis mars 1989, a, bien malgré lui, vu sa commune faire partie des précurseurs de la démobilisation des moyens postaux en milieu rural. Dès 2008, La Poste lui a proposé de prendre en charge le service à la clientèle. Le bureau n’a pas changé de place, mais, depuis, c’est un agent communal qui vous y accueille, moyennant un « loyer » de 1 000 euros payé par La Poste. Depuis deux ans, le combat a repris. « C’est un peu le pot de fer contre le pot de terre », selon Jean-Pierre Morin. En ligne de mire, le distributeur de billets, qui n’enregistre « pas assez d’opérations ». « On nous a demandé de le remettre aux normes afin de le maintenir. Cela va coûter près de 20 000 euros à la commune, mais nous n’avons pas la garantie qu’il restera pour autant : La Poste n’a pas validé son engagement dans la durée. »