Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’impact dans le Var de l’accord Le Pen Dupont-Aignan

Avec son ralliement à Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan a perdu une candidate varoise aux législativ­es. L’accord est loin, pourtant, de déplaire aux militants. Même s’il prend de court

- SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

Entre les militants varois de Debout la France et du Front national, y a-t-il l’épaisseur d’une feuille de papier ? Hier, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen ont fait conférence de presse commune, pour détailler l’accord qui ferait de lui un Premier ministre. En cas de victoire (lire en pages France). Mais six jours après le premier tour de la présidenti­elle, son ralliement prend à froid les soutiens de Debout la France (DLF), encore chauds de leurs semaines de campagne, à cogner notamment contre le Front national. Leur leader n’avait-il pas fustigé «l’arrière-boutique du FN », ou son programme économique « pas sérieux »?

Un (seul ?) départ

Celle qui claque la porte est Catherine Graufogel, candidate dans la 3e circonscri­ption Elle démissionn­e, tant de la course aux législativ­es de juin prochain, que du parti qu’elle avait rallié. Écoeurée. « Une trahison ». « Notre slogan était ni système, ni extrême. J’ai fait campagne pour un parti honnête et contre les extrêmes. Contre le népotisme et le clientélis­me ». Ce revirement, elle le redoutait depuis une semaine. Échaudée, elle se demande maintenant « depuis combien de temps la décision était sous le manteau». Aujourd’hui, elle se dit « désespérée par cette élection »et prédit que Dupont-Aignan et Le Pen « vont avoir du mal à s’accorder ». Le temps de la campagne en tout cas, tout semble possible.

« Il y a urgence à sauver la France»

Ce départ est-il un acte isolé ? « Je ne crois pas à d’autres défections, même si j’ai reçu quelques mails incendiair­es », reconnaît Érik Tamburi, secrétaire départemen­tal de Debout la France. Seuls trois adhérents, auraient rendu leur carte. Le chef de file varois s’affiche pragmatiqu­e. « Je prends acte, je réfléchis. Nicolas Dupont-Aignan a fait incliner Marine Le Pen sur des positions – sortie de l’euro assouplie, reconnaiss­ance du vote blanc… J’ose espérer qu’elle va changer», ose Érik Tamburi. Nicolas Dupont-Aignan a-t-il transigé ? «La France est embarquée dans des choix historique­s. Il est question de sauver la France, il y a une urgence», justifie-t-il. Après coup.

Quid des législativ­es

Pour le « troisième tour » des élections, en juin, la ligne de démarcatio­n ressurgit. « On ne fera pas campagne pour le FN. Debout la France présente des candidats et les maintient dans toutes les circonscri­ptions », affirme Érik Tamburi, optimiste. Il repousse l’idée que le ralliement au FN puisse miner les candidatur­es de Debout la France. « Nous, on existe entre les Républicai­ns et le FN », assuret-il, pariant sur l’importance des petits partis dans une future assemblée, «où personne n’aura la majorité ». Chez les jeunes de Debout le France, même aspiration. « On ne disparaît pas au profit du FN, les gens auront toujours le choix », est persuadé Tony Thibault, 24 ans, qui chapeaute la structure dans le Var. « Faire barrage à Macron, et ne pas s’en reprendre pour cinq ans, c’est plutôt une évidence », prolonge-t-il, pas inquiet du tout. Le voisinage avec le FN n’a rien d’extravagan­t. «Moi le premier, j’ai été au FN. C’est le cas de beaucoup », balaie-t-il. Et faire campagne avec le FN en vue du second tour ? « On doit rencontrer un responsabl­e des jeunes du Front national. On suivra les instances, mais tracter ensemble, oui on peut l’envisager. »

« Alors, on va coller ensemble ? »

Sur les réseaux sociaux, malgré quelques coups de sang au nom de « conviction­s gaullistes trahies », le rapprochem­ent semble plébiscité. « Alors, on va coller ensemble ? », lance ravi un militant de Debout la France à une amie Facebook du Front national varois. « Ok, super, je t’attends », lui répond Rachel Roussel. Elle n’est autre que l’ancienne responsabl­e départemen­tale de Debout la France… passée au FN. « Je me réjouis de cette décision courageuse, logique et cohérente, a-t-elle salué, hier, dans un communiqué. J’avais fait le même choix il y a déjà deux ans mais c’était à l’époque encore trop tôt pour NDA [Nicolas DupontAign­an] ». Rachel Roussel est la candidate du FN dans la 2e circonscri­ption quand Debout la France prévoit d’y aligner sa propre candidate. Il faudra bien expliquer sa stratégie à ses électeurs.

1. La Garde, Le Pradet, Carqueiran­ne, La Crau, Hyères, La Londe. 2.Toulon ouest, Ollioules, Évenos, Le Revest, La Valette, La Farlède, Solliès-Pont, SollièsVil­le, Solliès-Toucas, Belgentier.

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(Photo Hélène Dos Santos) Catherine Graufogel claque la porte.

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