Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

ET UN JOUR...

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

En , le village de Bandol n’existe pas. C’est un hameau qui dépend de celui de La Cadière. Le capitaine Antoine de Boyer a été chargé en , d’y construire un fort - en réalité des tours d’angle et des murailles- «sur la butte de la presqu’île face à l’île de Bandol », qui deviendra bien plus tard Bendor. « Il reçoit en cette année , une lettre patente confirmant son autorité sur le lieu ainsi que le solde de ses gages pour cette constructi­on», raconte Jean Grillon, président de l’associatio­n Pointus, Légendes, Traditions, Bandol. Au fur et à mesure qu’il avance dans sa mission, il négocie des territoire­s, agrandit ses possession­s, élargit son influence et reçoit des gages de gratitude de la part de la royauté. C’est ainsi que le  mai , par lettre patente, Henri IV (-) lui fait don de la madrague, autrement dit, lui accorde le privilège de la pêche au thon, tout le long des côtes, depuis La Ciotat jusqu’à Antibes. Elle précise que cette permission ne doit en rien « nuire et préjudicie­r» aux autres pêcheurs.

Procès et contestati­ons

Les contestati­ons et procès ne cesseront de se multiplier, émanant également des autorités du port de Toulon, car cette madrague le long des côtes, gêne aussi la circulatio­n des navires de guerre. Le dispositif consistait à tendre sur de grandes distances, des filets lestés, de façon à former un enclos pour y rabattre les thons. On pouvait en prendre  à  d’un coup, alors que les petits pêcheurs n’en attrapaien­t que deux ou trois. «La Madrague de Bandol se trouvait au bout de l’actuelle lagune du Brusc, en face des Embiez. C’était la plus importante de Méditerran­ée et un véritable spectacle auquel assistait la noblesse provençale et parisienne», raconte Jean-Marie Schneider, président du Cercle des Auteurs Bandolais. D’ailleurs Louis XV commandera à Joseph Vernet, un des plus grands peintres de la marine, une toile représenta­nt le port de Bandol. «C’est pour ce spectacle grandiose que le peintre choisira la pêche au thon. Ce tableau connaîtra un immense succès lors d’une exposition en  », précise JeanMarie Schneider. L’or gagné grâce au privilège de la pêche qui a perduré au-delà de la mort d’Antoine de Boyer (-) - lui a permis de construire un château en , collé aux fortificat­ions. Et ses successeur­s ont pu acheter entre autres un fief en , fief qui deviendra indépendan­t la même année, par son détachemen­t de la commune de La Cadière. Ainsi naissait Bandol. Du fort et du château détruit en  sur ordre du sanguinair­e révolution­naire Barras, né à Fox-Amphoux, il ne reste qu’une ruine de rempart, au bout de la corniche Bonaparte. Sur l’actuelle place du château qui était l’entrée de ce bâtiment se trouvent à présent des habitation­s.

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