Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Face au FN, un 1er-Mai bien loin de 2002
Loin de faire masse contre le FN comme en 2002, les syndicats ont célébré hier le 1erMai en ordre dispersé, tandis que des heurts ont éclaté en marge de la manifestation parisienne, faisant six blessés dans les rangs de la police (lire ci-dessous). Au niveau national, la mobilisation a atteint 142000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur – 280 000 personnes selon la CGT. Soit, à Paris, 30 000 personnes selon la police (80 000 selon les organisateurs), et au moins 4 800 à Marseille, 4000 à Nantes, 6000 à 7 000 à Toulouse... En comparaison, en 2002, quand le second tour de la présidentielle opposait Jacques Chirac à JeanMarie Le Pen, environ 1,3 million de personnes, dont 400 000 à Paris (selon le ministère de l’Intérieur), avaient battu le pavé dans toute la France à l’appel des syndicats CGT, CFDT, FO, FSU et Unsa pour barrer la route au FN. Une mobilisation limitée, donc, reflet d’appels divergents de la part des organisations syndicales : certains appelaient à «faire barrage» à Marine Le Pen, sans davantage de précision, quand d’autres enjoignaient explicitement de voter Macron. Un désaccord qui a entraîné la formation de cortèges séparés.
« Gauche et droite utilisent le FN depuis ans »
Les premiers regroupaient la CGT, FO, la FSU et Solidaires. Des rangs qu’a rejoints, à Paris, le dirigeant de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, en compagnie des leaders syndicaux Philippe Martinez (CGT), Jean-Claude Mailly (FO), Bernadette Groison (FSU) et Cécile Gondard-Lalanne (Solidaires). « Pour nous, le 1er-Mai, c’est l’occasion de dire “Ni l’un, ni l’autre”. Le fascisme est toujours pire que Macron, mais gauche et droite utilisent le FN depuis 30 ans comme un épouvantail pour conserver le pouvoir. On refuse ce chantage ! » aassuré Thomas, étudiant, dans le cortège bordelais. Les seconds, soit la CFDT et l’Unsa, avaient mobilisé de leur côté. À Paris comme en régions, ils ont réuni quelques centaines de personnes. Au risque de rajouter encore à la confusion ambiante, dans les rangs des principaux syndicats, des voix dissidentes appelaient aussi à « battre les deux candidats ». « Nous sommes contre le fascisme et contre la finance », avançait Romain Altmann, secrétaire général CGT Info’Com. Une position avec laquelle Philippe Martinez s’est dit « en profond désaccord ».