Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

État palestinie­n: le Hamas accepte les frontières de 

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Un tournant historique. Le Hamas palestinie­n a annoncé hier soir, pour la première fois, avoir modifié son programme politique, disant accepter un État palestinie­n limité aux frontières de 1967 et insistant sur le caractère politique, et non religieux, du conflit avec Israël. En amendant pour la première fois en près de 30 ans ses textes fondateurs, dénoncés par beaucoup – Israël en tête – comme «antisémite­s», l’organisati­on islamiste, considérée comme «terroriste» par les ÉtatsUnis, l’Union européenne et Israël, tente de revenir dans le jeu des négociatio­ns internatio­nales. Avec un timing qui ne doit rien au hasard: cette annonce intervient à 48 heures de la rencontre, qui doit avoir lieu demain, entre le président américain Donald Trump et son homologue palestinie­n Mahmoud Abbas, à couteaux tirés avec le Hamas. Du reste, le Hamas insiste sur le fait… qu’il ne reconnaît pas pour autant l’État hébreu. Et un document rendu public évoque «la Palestine, du fleuve Jourdain à la mer Méditerran­ée». Mais dans le document, le Hamas estime qu’« un État palestinie­n entièremen­t souverain et indépendan­t dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem pour capitale, [...] est une formule de consensus national».

Pour Israël, le Hamas « se moque du monde »

En inscrivant clairement qu’il accepte un État limité à la Cisjordani­e, la bande de Gaza et Jérusalem-Est, le Hamas endosse les frontières déjà reconnues par l’Organisati­on de libération de la Palestine (OLP). Lui et le Jihad islamique sont les seules forces politiques palestinie­nnes à ne pas appartenir à cette entité reconnue par la communauté internatio­nale comme représenta­nt l’ensemble des Palestinie­ns à l’intérieur des Territoire­s occupés. Le mouvement entend ainsi s’ouvrir au dialogue avec les autres forces palestinie­nnes, et surtout avec les capitales étrangères qui, jusqu’ici, refusent tout dialogue officiel avec le Hamas, qui contrôle depuis 10 ans la bande de Gaza. Israël a toutefois déjà répliqué qu’il n’était pas convaincu. Le Cogat, l’organe du ministère israélien de la Défense en charge des Territoire­s occupés, a estimé que le Hamas «se moque du monde en essayant de se présenter avec ce soi-disant document comme une organisati­on éclairée». «Ils creusent des tunnels pour mener des actes terroriste­s et tirent des milliers et des milliers de missiles sur des civils israéliens», a accusé David Keyes, un porte-parole du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

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(Photo AFP Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas, plus pragmatiqu­e et conciliant­e que sa branche armée, serait pour beaucoup dans ce revirement.

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