Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Coups mortels en prison : aveux passés à l’audience

Dans la cellule 36 de la maison d’arrêt de La Farlède, la cohabitati­on d’un détenu de 19 ans et d’un septuagéna­ire avait viré au drame. L’accusé a fini par s’expliquer devant la cour d’assises

- G. D.

Dès qu’il a eu la parole hier matin, à l’ouverture de son procès devant la cour d’assises du Var, Yassine El Mahboub, un détenu de 22 ans, a reconnu sa responsabi­lité dans la mort de son codétenu de 78 ans, Mohamed Boutaghane, le 19 août 2014 à la prison de La Farlède. Jusque-là, le jeune homme avait toujours nié avoir levé la main sur la victime. Une position qui se heurtait à toute logique, compte tenu des circonstan­ces de la découverte des faits.

Entre le dîner et le repas du lendemain

Les deux dernières personnes à avoir vu Mohamed Boutaghane vivant étaient deux surveillan­ts. Le premier avait aperçu le 18 août le septuagéna­ire, debout devant le lavabo de la cellule 36, en train de faire sa vaisselle. Il était 17 h 25. Le second avait fait l’appel du matin le 19 août à 7 h 10. Yassine El Mahboub avait répondu à son bonjour, et Mohamed Boutaghane, allongé sur son lit, avait simplement bougé le pied droit pour manifester sa présence. Il n’avait toujours pas quitté son lit quand un surveillan­t était revenu à 11 h 20 pour distribuer les repas. C’est Yassine El Mahboub qui avait récupéré les deux plateaux. Et à l’appel de la relève de 13 heures, il avait signalé au surveillan­t que son codétenu n’avait pas mangé, et qu’il n’arrivait pas à le réveiller.

À huis clos

Et pour cause, Mohamed Boutaghane avait succombé à une hémorragie cérébrale. L’autopsie n’a pas pu déterminer l’heure de la mort, mais a conclu qu’elle était due aux nombreux coups que la victime avait reçus au visage, outre plusieurs côtes fracturées. Qui d’autre que son codétenu avait pu frapper Mohamed Boutaghane. Détenu depuis dix jours, celui-ci ne sortait jamais de sa cellule ? Yassine El Mahboub a donné à la cour les explicatio­ns qu’il avait refusées aux gendarmes et au juge d’instructio­n.

Au coeur de la nuit

« J’étais en train de dormir. À 3 heures du matin, il est venu tourner autour de moi. Je me suis réveillé en sursaut, avec la peur. Sur le coup, j’avais peur qu’il me viole. « Il était debout, sa main sur moi. Je me suis levé et je lui ai mis deux ou trois tampons dans la figure. « Après les coups, il s’est relevé et il est allé se coucher. Je ne l’ai découvert mort qu’après la gamelle. Je l’ai levé, je lui ai mis de l’eau sur la tête, mais il ne s’est pas réveillé. J’ai frappé à la porte, mais personne n’a répondu. « Je ne voulais pas le tuer. C’est un accident. » Pour ces violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, Yassine El Mahboub encourt quinze ans de réclusion. La cour étudiera ce matin sa personnali­té, avant le réquisitoi­re.

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D’audience Rémi Kerfridin) Le médecin légiste Etienne Alliot et le professeur Piercecchi-Marti (en visioconfé­rence) ont conclu à une hémorragie cérébrale mortelle.(Croquis

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