Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
En marche vers une majorité ou une cohabitation ?
Le nouveau président se lance dès aujourd’hui dans une nouvelle bataille électorale. Pour mettre son programme en application, il a besoin de 289 députés favorables. C’est pas fait...
Un président de la République sans majorité au parlement, c’est comme un paquebot sans son hélice: difficile d’avancer. 289 députés «En marche ! » élus les 11 et 18 juin, soit la majorité absolue dans l’hémicycle? Impossible… Comme il était impensable, il y a encore quelques mois, qu’Emmanuel Macron, longtemps cantonné côté coulisses, entre à l’Élysée par la grande porte. Le nouveau parti présidentiel sera officiellement présent dans toutes les circonscriptions… Sauf dans les 90 réservées au MoDem, dans le cadre de l’accord passé avec François Bayrou. D’autres candidats bénéficieront de ce que l’on appelle en tennis une wild card, une « invitation » accordée à des élus et personnalités issus de partis concurrents.
Les candidats «En marche!» connus cette semaine
Manuel Valls aura ainsi le soutien de « En marche ! » sans devoir quitter le PS. Des dizaines d’autres candidats socialistes, comme la Toulonnaise Cécile Muschotti, ont fait des offres de service, afin de s’inscrire «dans la nouvelle majorité », sans parler du Bas-Alpin Christophe Castaner, rallié de la première heure au nouveau président. À droite, il est probable qu’une poignée de députés sortants franchissent eux aussi le Rubicon. Qui seront les représentants officiels d’Emmanuel Macron? Réponse probable dès cette semaine. Ils doivent être déclarés avant le 19 mai. Pour l’instant, seuls 14 noms ont été dévoilés, dont celui de l’avocate Caroline Reverso-Meinietti, envoyée au feu face à Éric Ciotti. Les autres seront pour moitié des femmes. 50 % d’entre eux seront des purs produits de la société civile. Des dizaines de milliers de candidatures à la candidature auraient été enregistrées. Parmi eux, combien de poids lourds ? C’est l’une des grandes inconnues du prochain scrutin. Un premier sondage, réalisé par OpinionWay-SPLV (1) dans l’entredeux tours, valide la démarche des Macronistes : « En marche ! » friserait la majorité absolue, avec 249 à 286 députés. Le groupe se heurterait à un bloc « Les Républicains » et UDI, crédité de 200 à 210 sièges (226 dans l’Assemblée sortante). La droite compte sur son chef de file, François Baroin, pour réduire l’écart, voire passer en tête, synonyme de possible cohabitation. Malgré les 11 millions de voix récoltées hier par Marine Le Pen, le FN ne dépasserait pas les 25 députés, selon cette étude, devancé par le PS (28 à 43 sièges). La gauche radicale, éparpillée entre les candidats d’une France insoumise hostile à un accord entre partis, et les communistes, serait laminée avec 6 à 8 sièges.
L’inconnue des triangulaires
Dans notre région, la bataille sera sanglante. Pour la majorité présidentielle, l’enjeu est de convertir la douzaine de députés socialistes ou radicaux en élus soutenant sa politique. La droite, forte de 24 élus, dont 9 Azuréens et 8 Varois, peut difficilement faire mieux. Au lendemain des régionales de 2015, le Front national - 45 % au second tour en Paca - pouvait rêver de plusieurs victoires. Même si la défaite a été sèche hier, le parti compte sur d’éventuelles triangulaires pour décrocher quelques écharpes tricolores. Après tout, sur le plan national, Marine Le Pen est arrivée en tête dans 216 circonscriptions au 1er tour. Le niveau de l’abstention sera l’une des clés du scrutin. Il y a cinq ans, elle dépassait les 42 % au premier tour des législatives. Sortons les calculettes : pour passer la barrière des 12,5 % des inscrits qui libère l’accès au second tour, il faudra, grosso modo, 20% des voix, sauf sursaut citoyen. La dernière fois, cette règle limitait le nombre de triangulaires dans nos départements… Quand la victoire n’était pas acquise dès le premier tour. L’irruption des candidats macronistes va forcément changer la donne. Sans que l’on sache, à un mois des prochaines élections, si ces duels au soleil se transforment, dans le Var et les Alpes-Maritimes, en autant de matchs à trois... (1) Selon un sondage Kantar-Sofres publié hier soir, «Enmarche!»:24 %,LR:22%,FN:21 %,France insoumise :15 %, PS : 9 %