Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

En marche vers une majorité ou une cohabitati­on ?

Le nouveau président se lance dès aujourd’hui dans une nouvelle bataille électorale. Pour mettre son programme en applicatio­n, il a besoin de 289 députés favorables. C’est pas fait...

- PATRICE MAGGIO pmaggio@nicematin

Un président de la République sans majorité au parlement, c’est comme un paquebot sans son hélice: difficile d’avancer. 289 députés «En marche ! » élus les 11 et 18 juin, soit la majorité absolue dans l’hémicycle? Impossible… Comme il était impensable, il y a encore quelques mois, qu’Emmanuel Macron, longtemps cantonné côté coulisses, entre à l’Élysée par la grande porte. Le nouveau parti présidenti­el sera officielle­ment présent dans toutes les circonscri­ptions… Sauf dans les 90 réservées au MoDem, dans le cadre de l’accord passé avec François Bayrou. D’autres candidats bénéficier­ont de ce que l’on appelle en tennis une wild card, une « invitation » accordée à des élus et personnali­tés issus de partis concurrent­s.

Les candidats «En marche!» connus cette semaine

Manuel Valls aura ainsi le soutien de « En marche ! » sans devoir quitter le PS. Des dizaines d’autres candidats socialiste­s, comme la Toulonnais­e Cécile Muschotti, ont fait des offres de service, afin de s’inscrire «dans la nouvelle majorité », sans parler du Bas-Alpin Christophe Castaner, rallié de la première heure au nouveau président. À droite, il est probable qu’une poignée de députés sortants franchisse­nt eux aussi le Rubicon. Qui seront les représenta­nts officiels d’Emmanuel Macron? Réponse probable dès cette semaine. Ils doivent être déclarés avant le 19 mai. Pour l’instant, seuls 14 noms ont été dévoilés, dont celui de l’avocate Caroline Reverso-Meinietti, envoyée au feu face à Éric Ciotti. Les autres seront pour moitié des femmes. 50 % d’entre eux seront des purs produits de la société civile. Des dizaines de milliers de candidatur­es à la candidatur­e auraient été enregistré­es. Parmi eux, combien de poids lourds ? C’est l’une des grandes inconnues du prochain scrutin. Un premier sondage, réalisé par OpinionWay-SPLV (1) dans l’entredeux tours, valide la démarche des Macroniste­s : « En marche ! » friserait la majorité absolue, avec 249 à 286 députés. Le groupe se heurterait à un bloc « Les Républicai­ns » et UDI, crédité de 200 à 210 sièges (226 dans l’Assemblée sortante). La droite compte sur son chef de file, François Baroin, pour réduire l’écart, voire passer en tête, synonyme de possible cohabitati­on. Malgré les 11 millions de voix récoltées hier par Marine Le Pen, le FN ne dépasserai­t pas les 25 députés, selon cette étude, devancé par le PS (28 à 43 sièges). La gauche radicale, éparpillée entre les candidats d’une France insoumise hostile à un accord entre partis, et les communiste­s, serait laminée avec 6 à 8 sièges.

L’inconnue des triangulai­res

Dans notre région, la bataille sera sanglante. Pour la majorité présidenti­elle, l’enjeu est de convertir la douzaine de députés socialiste­s ou radicaux en élus soutenant sa politique. La droite, forte de 24 élus, dont 9 Azuréens et 8 Varois, peut difficilem­ent faire mieux. Au lendemain des régionales de 2015, le Front national - 45 % au second tour en Paca - pouvait rêver de plusieurs victoires. Même si la défaite a été sèche hier, le parti compte sur d’éventuelle­s triangulai­res pour décrocher quelques écharpes tricolores. Après tout, sur le plan national, Marine Le Pen est arrivée en tête dans 216 circonscri­ptions au 1er tour. Le niveau de l’abstention sera l’une des clés du scrutin. Il y a cinq ans, elle dépassait les 42 % au premier tour des législativ­es. Sortons les calculette­s : pour passer la barrière des 12,5 % des inscrits qui libère l’accès au second tour, il faudra, grosso modo, 20% des voix, sauf sursaut citoyen. La dernière fois, cette règle limitait le nombre de triangulai­res dans nos départemen­ts… Quand la victoire n’était pas acquise dès le premier tour. L’irruption des candidats macroniste­s va forcément changer la donne. Sans que l’on sache, à un mois des prochaines élections, si ces duels au soleil se transforme­nt, dans le Var et les Alpes-Maritimes, en autant de matchs à trois... (1) Selon un sondage Kantar-Sofres publié hier soir, «Enmarche!»:24 %,LR:22%,FN:21 %,France insoumise :15 %, PS : 9 %

 ?? (Photo DR) ?? Caroline Reverso-Meinietti,  ans, avocate au barreau de Nice, se présentera dans la circonscri­ption des Alpes-Maritimes, dont le député sortant est le président (LR) du Départemen­t, Eric Ciotti.
(Photo DR) Caroline Reverso-Meinietti,  ans, avocate au barreau de Nice, se présentera dans la circonscri­ption des Alpes-Maritimes, dont le député sortant est le président (LR) du Départemen­t, Eric Ciotti.
 ?? (Photo Dominique Leriche) ?? Le député socialiste des Alpes-de-Haute-Provence, candidat malheureux aux dernières régionales, qui s’était retiré à l’issue du premier tour, est un rallié de la première heure à Emmanuel Macron.
(Photo Dominique Leriche) Le député socialiste des Alpes-de-Haute-Provence, candidat malheureux aux dernières régionales, qui s’était retiré à l’issue du premier tour, est un rallié de la première heure à Emmanuel Macron.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France