Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La Baie des Vahinés va finalement rouvrir

A l’automne dernier, le propriétai­re de l’établissem­ent de plage installé depuis douze ans aux Salins, a failli tirer sa révérence. Des vents favorables l’en ont finalement dissuadé

- OLIVIER BOUISSON

Àla mi-octobre 2016, on avait laissé Thierry Lavergne remballer sa Baie des Vahinés avec amertume. Chaises et bains de soleil empilés, poteaux numérotés alignés sur le sol, tables en fer forgés démontées... Comme chaque année, l’établissem­ent de la plage des Salins avait entamé sa mue automnale. Celle qui consiste à débarrasse­r le plancher comme le demande le cahier des charges imputable aux concession­s de plage titulaires d’une délégation de service public (DSP). Mais pour cet établissem­ent qui avait ouvert la première fois le 5 juillet 2005, ce démontage devait être le douzième et dernier, la DSP parvenant à son terme.

Déblocage

Six mois plus tard, on retrouve l’Agenais Thierry Lavergne, 55 ans, sur la plage de sable fin. Téléphone portable en alerte en train de donner des consignes à plusieurs équipes d’ouvriers. « Eh oui, je suis encore là ! sourit l’entreprene­ur. En octobre, je n’avais aucune garantie de pouvoir continuer. On m’a demandé de patienter et finalement, ça s’est débloqué. J’ai eu une bonne nouvelle puisqu’à la demande de la Ville, le préfet a accordé une prolongati­on de la DSP d’un an sur le domaine public maritime. » Cette réponse tardive a toutefois eu une conséquenc­e négative sur les 18 employés, dont certains étaient fidèles à Thierry Lavergne depuis sept ans. Sans garantie de réouvertur­e, certains sont allés vendre leurs services ailleurs. C’est donc avec une équipe renouvelée que le gérant de La Baie des Vahinés se prépare à accueillir les premiers clients autour du 10 mai. En attendant, il revient sur cet épisode. Pourquoi vouliez-vous jeter l’éponge en octobre dernier ? Parce que ne pas savoir génère de la lassitude. Je n’avais aucune visibilité or, la saison suivante se prépare dès la fin de la précédente avec le renouvelle­ment des saisonnier­s et les commandes de matériel. Par exemple, je fais venir mes tables d’Asie et elles voyagent par bateau pendant un mois et demi. J’ai donc besoin d’anticiper.

Comment les habitués ontils réagi à la fermeture annoncée de l’établissem­ent ? J’ai eu énormément de messages de sympathie, plus de , sur la page facebook du restaurant. C’était la folie ! Certains étaient tristes, beaucoup m’ont remercié pour les belles années passées ici et d’autres m’ont souhaité bonne chance dans mes nouvelles activités. C’était émouvant. Ça m’a montré la popularité de l’établissem­ent et c’est ce qui me donne la force de continuer aujourd’hui. J’ai vu des couples se former, des enfants naître, d’autres personnes disparaîtr­e. Beaucoup d’amitiés sont nées ici et j’y suis profondéme­nt attaché.

Cela n’est pas toujours facile de diriger une concession de plage... En tant que chef d’entreprise d’une concession de plage, vous avez tellement de soucis que vous n’avez plus de qualité de vie. Je vis au bord de la plage mais je ne la vois pas si belle que ça. Depuis douze ans, du avril au  octobre, je travaille sept jours sur sept à raison de  heures par jour. C’est épuisant et puis monter et démonter l’établissem­ent chaque année est un travail très physique. Pour quels coûts et contrainte­s ? Il faut compter six semaines de montage et quatre de démontage. À cause de l’érosion, on remplace tous les ans les câbles et une partie du matériel électrique, la visserie et certaines boiseries. Il faut refaire la plomberie, l’étanchéité, la peinture. En y ajoutant les frais de stockage du matériel, il faut compter   € auxquels s’ajoutent   € de coût de concession. Même en faisant  couverts par jour en moyenne, on ne roule pas sur l’or. C’est fini ce temps-là !

Quel est votre état d’esprit avant la réouvertur­e ? Je suis enthousias­te car j’ai pu obtenir un an de plus avec le même cahier des

charges et la mairie a fait de gros efforts pour nous soutenir. Je pense qu’au final, c’est une bonne chose pour les Salins.

Postulerez-vous pour la prochaine délégation de service public ? Pourquoi pas... Il faudra voir le nouveau cahier des charges. En , j’ai fait le choix de cette concession entre cinq autres car c’est celle qui avait le plus fort potentiel. Je pensais la faire évoluer mais je n’ai pas pu en raison d’un cahier des charges trop restrictif sur l’emprise au sol et les possibilit­és d’activités. La Baie des Vahinés est sur le domaine public maritime géré par l’État et régulé par un décret des plages de . Et au lieu de créer un système évolutif, on crée un système figé. C’est comme si on roulait avec une voiture qui a douze ans. Avant, il n’y avait pas la clim’, le GPS ou l’ABS. Aujourd’hui, on les a à notre dispositio­n mais la voiture n’est toujours pas équipée...

J’ai eu énormément de messages de sympathie. C’était émouvant. ” Thierry Lavergne, gérant de La Baie des Vahinés

 ?? (Photos Dominique Leriche) ?? Thierry Lavergne prévoit l’ouverture de son établissem­ent autour du  mai sur la plage des Salins. La Baie des Vahinés est labellisée pour accueillir du public handicapé. Le gérant espère que le cahier des charges de la nouvelle DSP sera moins...
(Photos Dominique Leriche) Thierry Lavergne prévoit l’ouverture de son établissem­ent autour du  mai sur la plage des Salins. La Baie des Vahinés est labellisée pour accueillir du public handicapé. Le gérant espère que le cahier des charges de la nouvelle DSP sera moins...
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