Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Guy Gilbert: “Le respect, plus beau nom de l’amour”

Le « curé des loubards » était le parrain du colloque sur la violence organisé ce week-end à Antibes - Juan-les-Pins par Mediapsy Azur. Avec la croix et la manière

- PROPOS RECUEILLIS PAR VIRGINIE ZILIANI

Un regard gris clair, profond. Perfecto sur les épaules, en cuir de pied en cap, le père Guy Gilbert est arrivé vendredi soir à Antibes. « Le curé des loubards » était le parrain d’un colloque sur la violence ce weekend dans la cité des Remparts par Mediapsy azur.

Comment vous êtes-vous retrouvé parrain de ce colloque ? L’organisatr­ice Laurence Gotlib est venue à la Bergerie de Faucon où je pratique la zoothérapi­e. À la suite de ça, elle m’a proposé de venir en tant qu’éducateur spécialisé. Je vis dans la violence depuis  ans, puisque je m’occupe de jeunes mineurs abandonnés et qui ont eux-mêmes connu des choses terribles.

Est-ce que les loubards d’hier sont les mêmes qu’aujourd’hui ? Ils sont totalement différents. Mais la violence, dans laquelle ils sont, est la même. On naît tous violents. Mais l’éducation donnée, l’amour parental changent la donne. On dit que c’est les parents, mais l’État aussi peut tuer en ne donnant pas de travail. Il y a  ans, je prenais des jeunes qui sortaient de prison. Ils me léchaient les pieds le lendemain pour me remercier. Maintenant, un jeune que je sors de prison me traite d’enc.. le lendemain de son arrivée ! Il y a une montée de la violence, qui s’est accélérée ces derniers temps.

D’où provient-elle ? La violence s’enracine dans le manque d’amour. Nous sommes dans une société sans pères. Les divorces sont nombreux. Lorsqu’ils se passent mal, l’enfant devient violent parce qu’il a besoin de l’amour de son père et sa mère. Il évolue dans un endroit familial, qu’il connaît, et d’un seul coup il est transporté ailleurs.

Comment peut-on aider les parents ? Ça passe par l’éducation. Je me souviens d’un fait précis. Un jeune, Michel, nous avait été confié. Il avait frappé d’autres jeunes, tout un bordel. En arrivant, il me dit « Guy, je veux être respecté » .Etje lui ai répondu : « Tu le seras, mais respecte les autres ». Le lendemain, il me traite d’enc… Je lui ai foutu une droite évangéliqu­e dans la gueule, pour lui rappeler la deuxième partie. Et ça a été terminé.

Violence et religions sont-elles indissocia­bles ? Les religions sont belles, mais elles suscitent des violences terribles. Je dirais qu’elles ont été des prostituée­s au cours de l’Histoire. L’Islam avec Daesh, l’Église avec l’Inquisitio­n. Je suis heureux que le Pape François ait déclaré : « il y a des violences dans toutes religions» et n’ait pas assommé l’Islam une fois de plus.

Vous étiez à Nice le  juillet dernier… J’y vais depuis  ans. D’habitude, j’assiste au feu d’artifice, mais pas cette fois. Le lendemain, je regarde les informatio­ns, ça a été un coup terrible. Surtout de penser à celui qui a pu faire cette chose atroce. Devant ce qui s’est passé, on ferme sa gueule face aux gens traumatisé­s, handicapés. Je veux les écouter, être une présence d’amour auprès d’eux.

Comment aborder et combattre l’extrémisme religieux ? Je suis le troisième d’une famille de quinze enfants. J’ai baigné dans l’amour. Si on vit sa religion jusqu’au fond, si on pardonne, si on aime l’autre, si l’on a toujours en tête que « l’autre a toujours une vérité qui me manque », c’est une chose merveilleu­se. Je parlais récemment avec trois musulmans qui me posaient des questions sur la religion catholique. Aucun n’a fait de réflexion négative sur ma croyance. Mais quand un musulman me dit « tu n’iras pas au paradis, mécréant », je lui réponds «vas te faire foutre parce que tu juges à la place de Dieu ». On doit respecter l’autre, c’est le plus beau nom de l’amour.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France