Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Dans l’expectative
délivré samedi soir à son égard par Mourad Boudjellal lui est sans doute allé droit au coeur. À l’écouter ensuite plutôt vanter les mérites de ses joueurs et des autres membres du staff pour expliquer sa réussite, on a vite compris qu’il ne se laisserait pas griser par le compliment. Pas le genre de la maison… Mais, s’il n’est pas totalement responsable de l’embellie toulonnaise en cette fin de saison, Richard Cockerill ne pourra nier être effectivement l’homme de la situation. Le mec au bon endroit et finalement, presque contre toute attente, au bon moment…
Le modèle qui gagne
C’est encore plus clair aujourd’hui à la lumière des nouvelles performances du RCT qui vient de réaliser un 4 sur 4 en battant Toulouse, Castres, Bordeaux et Pau, série en cours. Mike Ford a échoué dans sa mission mais on ne peut tout enlever au technicien anglais amoureux du beau jeu car à sa manière, et même sans réussite initiale, il a quand même aussi un peu porté le RCT jusqu’à ce quart de finale à domicile. N’est-ce pas lui qui, pour le seul bien du club, a demandé un coup de main à Richard Cockerill en janvier alors même que les deux hommes n’avaient a priori aucune affinité. Fallait-il être un peu maso ou particulièrement ouvert pour faire entrer le tigre de Leicester dans la bergerie toulonnaise ? Richard Cockerill, ex-talonneur de Clermont, entraîneur de Leicester depuis onze ans avec pour résultats quatre finales de Premiership perdues mais aussi quatre titres de champion d’Angleterre «in the pocket ». Richard Cockerill, chantre du jeu direct et du pragmatisme, soit à peu près l’antithèse du jeu spectaculaire et débridé que prônait Mike Ford… C’est aujourd’hui redevenu le modèle qui gagne et Mourad Boudjellal, même s’il a cru, à un moment, avoir besoin d’une équipe au jeu spectaculaire pour remplir durablement Mayol et les caisses du club, n’apprécie rien de plus. Pareil pour les supporters toulonnais qui, finalement, se foutent pas mal du flacon tant qu’ils peuvent y puiser l’ivresse. Pour mémoire, si on a pu parler par le passé du jeu à la bayonnaise pour évoquer de folles sarabandes, jamais le jeu « à la toulonnaise » n’a été associé à autre chose que la puissance de ses avants. «Chacun joue avec ses forces » aime à répéter le malicieux Marc Dal Maso depuis quelques semaines... Malgré des joueurs de grande notoriété et même de grand talent derrière, les meilleures armes du RCT aujourd’hui sont encore son envie globale de déjouer les pronostics et sa force retrouvée. C’est là sans doute que la gestion sobre et efficace de Cockerill qui se vantait récemment auprès de nos confrères de l’Équipe de «ne pas préparer l’équipe pour divertir les gens…» a sans doute une incidence sur la résurrection du groupe. «Richard nous demande des choses simples alors que tout le monde n’avait sans doute pas compris ce que voulait Mike Ford… » résument les joueurs, pour expliquer leur retour d’efficacité. «Aujourd’hui, ce qu’on veut c’est gagner des matches, même 1-0, ça ne me dérange pas...» confirme Mourad Boudjellal qui, en s’appuyant lui aussi sur la devise olympienne «droit au but » peut effectivement espérer retourner, via Marseille, au stade de France le 4 juin. N’y a-t-il pas déjà rendez-vous avec Emmanuel Macron ? Désormais en passe de finaliser son recrutement, Mourad Boudjellal a encore quatre dossiers sensibles à régler du côté RCT. Les cas de JuanMartin Fernandez-Lobbe, Leigh Halfpenny, James O’Connor et Juandre Kruger n’ont toujours pas été tranchés. .. Et dépendraient, au moins en partie, du nombre des éventuels contrats fédéraux qui concerneront les joueurs du RCT.