Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le dynamisme, c’est se remettre en question
acheté la Bastide en décembre 1993 » – et les 3 années de travaux qui s’ensuivirent. Un chantier colossal où se sont affairés une centaine d’artisans. « Mais c’était aussi une prise de risque étudiée», précise-t-il.
Travail-plaisir
De cette période et des vingt années suivantes, Jacques Chibois semble avoir oublié les galères pour ne garder que les bons souvenirs et «les belles rencontres» qui lui ont permis de façonner cette bastide à son image. Chaleureuse, accueillante, authentique et généreuse. « Pour être hôtelier, restaurateur et chef, il faut aimer recevoir, aimer les gens, donner de sa personne. Sans travail, on ne peut rien espérer. Comme on ne compte pas nos heures, le travail doit être un plaisir. Au début de ma carrière, lorsque j’ai fait mon tour de France avec des compagnons, j’ai adopté Fidèle à ses habitudes, Jacques Chibois a déjà fixé ses objectifs pour les prochaines années « une réflexion engagée il y a ans afin de moderniser La Bastide Saint-Antoine. J’étais entouré de gens de qualité mais qui approchaient de l’âge de la retraite. Tout comme moi. Je devais agir car il n’est pas normal qu’une entreprise repose sur une personne, moi en l’occurrence. » Il reprend sa perspective sur « an, puis ans » et, depuis plusieurs mois, a nommé de jeunes cadres à des postes clés (salle, sommellerie, accueil, relation clientèle, cuisine…). C’est sa « nouvelle brigade prodigieuse » qui constituera les piliers de l’entreprise. Avec pour mot d’ordre de « générer une activité où les collaborateurs se sentent acteurs et décideurs. Cela permet d’aller vers l’avenir. » Si Jacques Chibois est le patrimoine, les jeunes apportent, quant à eux, un souffle de modernisme, leur vision de l’entreprise, que ce soit en cuisine, dans le choix des vins ou dans la relation clientèle. L’unique objectif est le bien-être des clients, que ce soit en aménageant un spa, un parcours sportif dans les jardins. Et le chef de reprendre : « Au fil des années, j’ai racheté les biens en vente autour de la bastide » passant de , à hectares de terrain. « On construit en permanence son avenir. J’ai horreur quand on me dit que j’ai réussi. Je ne sais pas ce que cela veut dire. La réussite est un frein. Tant que l’on est dans une entreprise, il y a des évolutions à apporter. En cuisine aussi. Il faut l’actualiser, la moderniser tout lui en gardant son âme. »
à vie leur dicton : l’amour du travail bien fait. Avec cet adage en tête, impossible de se décevoir et de décevoir les autres. »
Philosophie de réussite
Si passionné qu’il soit, Jacques Chibois se dit aussi très réfléchi. «J’ai le bon sens du centre de la France. Je ne fais rien sans penser à l’avenir. Sur un an, cinq ans, quinze et vingt ans. C’est ainsi que j’ai construit ma carrière. En me fixant un objectif et des dates. Si on ne gère pas sa personne et son métier avec une vraie philosophie de réussite, on n’avance pas. J’avais prévu de m’installer à 40 ans et je l’ai finalement fait à 42 ans. Avant même d’ouvrir la Bastide, je savais que j’y adjoindrais un hôtel et que l’établissement serait Relais&Châteaux. » Une philosophie qu’il met en oeuvre avec ses quelque 80 collaborateurs. «Une entreprise, c’est une famille qui fait vivre des familles. Le client est celui qui vous donne les salaires, d’où la nécessité de fournir un service de qualité, de protéger l’entreprise, d’être de temps en temps révolutionnaire pour faire avancer les choses. Je ne suis pas un patron directif. Même s’il faut être une locomotive, je laisse de l’espace et de la liberté à mes employés. On ne peut pas faire vivre une entreprise, sans une osmose avec ses collaborateurs. » Tous les ingrédients d’une recette réussie.