Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« A » comme ahurissant!

Une salle d’observatio­n sous-marine dans la quille, une piste hélico, un mât central plus haut que Big Ben : ce yacht mouillé à Monaco est annoncé comme le plus gros de tous les temps

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

C’est un yacht au superlatif. Démesuré. Extravagua­nt. Invraisemb­lable. Dénommé «A». Comme «ahurissant »? Le plus grand voilier du monde, flambant neuf, mouille depuis jeudi en baie de Monaco où il a rejoint un autre « A » que les Azuréens connaissen­t bien. Le super yacht porte en effet le même nom que son aîné motorisé. Un double « A » historique, immortalis­é par notre photograph­e. Ces deux navires d’exception appartienn­ent au même propriétai­re, le milliardai­re russe Andreï Melnichenk­o, 45 ans, 119e fortune mondiale. Pourquoi ce nom? La lettre « A» ne se référerait pas au prénom de la femme de l’oligarque, Aleksandra, mannequin serbo-croate épousé lors d’une mirifique fête au Cap d’Antibes (lire par ailleurs). Mais plutôt à un caprice : apparaître en première place des registres maritimes internatio­naux ! Ce trois-mâts, à la ligne discutable, mesure 143 mètres de long, près de 25 mètres de large, pour 12 700 tonnes et 8 mètres de tirant d’eau. Du jamais vu ! Depuis le dévoilemen­t du projet, son esthétique fait polémique dans le milieu du nautisme. Comme le « Motor Yacht A», il a été dessiné par Philippe Starck, dont on reconnaît la patte avant-gardiste. Le mât central (étonnammen­t incurvé, comme les deux autres) culmine à cent mètres au-dessus du niveau de la mer, plus grand que Big Ben, plus du double de la statue de la Liberté! Lorsqu’il navigue dans certaines zones, notamment à proximité des aéroports internatio­naux comme celui de Nice, le yacht est si haut qu’il doit aviser le contrôle aérien pour éviter tout accident… À 60 mètres de hauteur – selon le magazine Boat Internatio­nal, qui a publié un reportage très renseigné – se trouve un poste d’observatio­n qui peut accueillir un membre d’équipage, avec une vue qu’on imagine à couper le souffle. De l’extérieur, rien ne dépasse, ni bittes d’amarrage, ni éléments de ponts disgracieu­x. Ils sont astucieuse­ment camouflés derrière des panneaux amovibles. À l’intérieur, tout est à l’avenant. Une vingtaine de cabines réparties sur huit ponts reliés par une batterie d’ascenseurs. En tout, 54 membres d’équipage s’activent pour une petite douzaine d’invités. Le yacht comprend des salles de gym et un spa avec piscine. Des garages sont prévus pour les annexes, mais aussi pour le sous-marin embarqué. À la proue, un héliport permet d’acheminer les VIP. Comble de tout, flirtant avec les limites de l’impensable : une salle d’observatio­n sousmarine de 18 m2 installée dans la quille équipée de trois grands hublots elliptique­s ! Le poids du verre a été réduit de 50 % grâce à des techniques révolution­naires. Mais pas de quoi rassurer les assureurs. Il a donc été procédé à des essais dans le lac de Constance par 120 mètres de profondeur ! Puisque c’est un voilier, intéresson­s-nous au pari le plus improbable : faire avancer une telle superstruc­ture à la force du vent. Les trois mâts peuvent déployer 3747 m2 de voilure. La grande voile, à elle seule, mesure 1464 m2, conçue d’un seul tenant par l’entreprise américaine Doyle Sailmakers, en fibre de carbone. Toutes les voiles sont recouverte­s d’une protection anti-UV. Pas besoin d’équipage, une simple pression sur un bouton permet de les déployer. Les mâts, en carbone, sont également commandés à distance. Ils peuvent pivoter de 70 degrés pour optimiser leurs performanc­es par rapport à l’angle du vent. Construits par Magma Structures de Portsmouth, ils offrent deux fois et demie plus de résistance que les

ailes d’un avion de ligne. De quoi résister, avec toute la « garde-robe » déployée, à des rafales de 167 km/h, soit un ouragan de force 12 ! Le bateau est prévu pour avancer à 16 noeuds en vitesse de croisière, et 21 noeuds au maximum. Côté moteurs, la propulsion est à la fois diesel et électrique. Reste à connaître le prix de l’exception. Il se murmure que le « Sailing Yacht A » a coûté la bagatelle de… 417 millions d’euros. Mais en la matière, de nombreuses estimation­s circulent, certaines dépassant le demi-milliard d’euros. Le « A » arrive tout droit de Gibraltar, où il a rencontré une petite mésaventur­e après avoir été livré à son propriétai­re en février. Il a en effet été saisi quelques jours par les autorités à la demande du chantier allemand Nobiskrug. Ce dernier réclamait au milliardai­re 15,3 millions d’euros (dont des intérêts) afin de payer les sous-traitants. Un « détail », vite réglé par Andreï Melnichenk­o…

Si haut qu’il doit aviser le contrôle aérien” Une salle d’observatio­n sous-marine dans la quille”

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(Photos Michael Alesi) Le mât central du « A », plus haut que Big Ben, est fabriqué en carbone, comme les deux autres.
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Les deux « A » réunis en baie de Monaco. Le bateau à moteur serait à vendre.

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