Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Saint-Raphaël: vingt joints par jour pour soigner ses bronches
Le sexagénaire, en comparution immédiate hier devant le tribunal correctionnel de Draguignan, a été condamné à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis et mise à l’épreuve
Après la découverte la semaine dernière, d’une impressionnante production de cannabis dans un appartement inoccupé de l’avenue du GénéralLeclerc à St-Raphaël, François, 64 ans a été déféré hier devant le tribunal correctionnel de Draguignan. En comparution immédiate, il a été condamné à trois ans de prison, dont dix-huit mois avec sursis et mise à l’épreuve (SME), avec maintien en détention. Poursuivi à ses côtés, son fils Emmanuel, 32 ans, a été condamné à dix-huit mois, dont dix avec SME, et remis en liberté.
Culture industrielle
Dans ce deux-pièces en étage, aux volets soigneusement fermés, la police a découvert trois bacs de culture, abritant une cinquantaine de plants de cannabis. Fenêtres opacifiées avec du film d’aluminium doublé de polystyrène, tentes de culture, climatisation, arrosage automatique, sacs d’engrais et lampes UV, pas moins de huit transformateurs pilotaient toute cette installation. Tout cela consommait pas mal d’eau et d’électricité, comme en attestaient les factures, bien élevées pour un appartement fermé. Dans la foulée, les enquêteurs avaient perquisitionné la maison familiale, près du rond-point des Anglais. Ils y avaient découvert une autre installation du même type, avec 150 pieds de cannabis, mettant aussi la main sur 1,2 kg d’herbe séchée.
Pour son poumon
Pourquoi une telle installation ? François, au RSA, sans emploi depuis 1990, et un poumon en moins, a confirmé qu’il cultivait pour sa consommation personnelle. « Je voulais en avoir d’avance, a-til précisé devant l’étonnement du tribunal. Il m’est arrivé d’en vendre un pochon ou deux, mais ce n’était pas le but. » Et d’expliquer au tribunal qu’il avait pris des médicaments pendant des années, qu’il n’arrivait plus à supporter. Il s’était donc lancé en avril 2016 dans cette culture bio à grande échelle, pour pouvoir fumer les 20 g par jour d’herbe qui lui étaient nécessaires. « Ce que je fumais, en le préparant moi-même, ça avait un effet broncho-dilatateur. Ce que j’ai fait, c’était pour mieux respirer. »
Matériel en vente libre
Le procureur, lui, a trouvé que François ne manquait pas d’air. «Il vous parle d’une culture pour sa consommation personnelle, les bras m’en tombent, a commenté Pierre Arpaia. Les écoutes téléphoniques ont montré que le père et le fils avaient une activité intense. Avec une production à 10000€ le kilo, ce ne sont pas des philanthropes. » En défense, Me Elric Hawadier a souligné que François tout comme Emmanuel vivaient pauvrement, et que les 400€ qu’ils tiraient chaque mois de la vente à une poignée de clients, avaient principalement servi à acheter le matériel de production sur “le bon coin ”. «Rien n’est organisé. C’est de l’amateurisme. » « On récolte ce qu’on sème », a-t-il conclu, en observant que tout le matériel mis en oeuvre avait été acheté dans le commerce, y compris les graines.