Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Eric Judor refait le monde
L’histoire
Jeanne (Célie Rosich) et Victor (Eric Judor) sont deux jeunes parisiens de retour de vacances. En chemin, ils font une halte pour saluer leur ami Jean-Paul (Michel Nabokov), sur la prairie où sa communauté a élu résidence. Le groupe lutte contre la construction d’un parc aquatique sur la dernière zone humide de la région, et plus généralement contre la société moderne, la grande Babylone. Séduits par cet « art de vivre autrement », où l’individualisme, la technologie et les distinctions de genre sont abolis, Jeanne et Victor décident de rester quelques jours… sans se douter qu’une pandémie mondiale va bouleverser le cours des choses.
Notre avis
Eric Judor a beau ne pas être à l’origine du projet, ni signer le scénario, son humour absurde fait mouche. Ses aficionados retrouveront sa patte tout du long d’un Problemos aussi inattendu que déjanté, qui derrière une apparente idiotie de tous les instants est pourtant bigrement intelligent dans son propos. La représentation du groupe anarchiste jusqu’au boutiste – il ne s’agit pas seulement de refuser le concept de propriété, mais aussi d’idées tordues comme ne pas donner de nom à son enfant ou de refuser de savoir son sexe… – est simpliste et manque de réflexion pour mieux marquer les contradictions des personnages dans la seconde partie. Dès lors qu’ils sont livrés à eux-mêmes, dans un monde dénué de vie, la curieuse troupe réinvente le quotidien et se retrouve face à ses propres contradictions. Des règles apparaissent, un chef s’impose, les inégalités pullulent par le biais d’un bricoleur se créant son habitat « moderne » troquant des douches d’eau chaude orgasmique contre un dur labeur… la variation sur le système, capitaliste (ou pas) est maline en plus d’avoir le bon goût de ne pas se répéter. On est donc constamment surpris par le scénario au milieu duquel Eric Judor se sent de plus en plus comme un poisson dans l’eau, jusqu’à une fin, justement, faussement en queue de poisson…