Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Quelque chose de plus grand»

Championne­s de France la saison dernière, les joueuses de Saint-Raphaël ont atteint cette année les demi-finales. Une véritable performanc­e selon l’entraîneur, Giulio Cesare Bregoli

- PROPOS RECUEILLIS PAR TONY DAVID

Hier, Giulio Cesare Bregoli a rejoint la prestigieu­se sélection italienne de volley-ball féminine, pour disputer plusieurs compétitio­ns internatio­nales en tant qu’entraîneur adjoint. Avant son départ, le technicien transalpin a pris quelques minutes dans son emploi du temps chargé pour faire le bilan de cette saison riche en émotions pour le SRVVB, entre la première participat­ion du club en Ligue des Champions et une place de demi-finaliste en championna­t.

Quel bilan faites-vous de cette saison ? Il est positif. En général, quand tu fais quelque chose d’extraordin­aire, la saison d’après est souvent compliquée. Tout le monde attend beaucoup, et répéter le même résultat n’est jamais simple, quand bien même le club aurait l’effectif et les moyens.

Vous craigniez la chute après avoir tutoyé les sommets ? Non, je n’avais pas la pression, les filles non plus. C’était surtout ce qu’il se passe autour… Les autres n’étaient pas préparés à la difficulté, aux moyens et aux problémati­ques de jouer une compétitio­n comme la Ligue des Champions. Je l’avais dit au club et aux filles, mais c’est comme avec ton fils ou tes filles : tu peux dire les choses des millions de fois, mais il faut qu’elles testent pour comprendre ce dont on parle. Je le savais, mais quand tu te retrouves dedans c’est autre chose...

Qu’est-ce qui est compliqué ? Il y a plusieurs éléments. Notamment le fait de ne plus être la surprise du championna­t mais d’être l’équipe attendue. En début d’année, on t’attend au tournant pour dire « c’était de la chance ». Il faut de la chance dans le sport, mais il faut savoir aussi la saisir. Le début de saison a démontré que ce n’était pas de la chance parce qu’on a gagné - en Supercoupe (contre Cannes). Mais la suite en championna­t a été plutôt difficile… Après, il y a eu plusieurs problémati­ques : les pépins physiques, les structures, des déplacemen­ts lourds, le niveau de match et l’intensité en coupe d’Europe, qui sont plus élevés. Avec deux rencontres par semaine, il y a de la fatigue physique et mentale, également.

On voit qu’il est difficile de mener de front le championna­t et la coupe d’Europe… Oui. Il y a l’organisati­on, les voyages, et c’est compliqué de mettre en place tout cela, d’un coup, pour un club qui jouait le maintien il y a peu de temps. Lorsqu’on regarde l’historique des clubs français qui ont disputé la Ligue des Champions, l’année d’après est souvent très compliquée. Le Cannet a eu du mal la saison passée, Nantes également l’année d’avant, Béziers et Mulhouse aussi, alors que ce sont des clubs très structurés, depuis longtemps. Imaginez SaintRapha­ël…

Au final, vous êtes arrivés en demi-finale de Ligue A. Cette performanc­e laisse-telle des regrets ou de la satisfacti­on ? Les joueuses étaient très déçues après la défaite contre Le Cannet, et je les comprends. Moi aussi. On a vu la finale nous passer sous le nez. On peut avoir des regrets sur le premier match joué au Cannet (perdu - en ayant eu deux balles de match, Ndlr). On avait la sensation que l’on pouvait le faire, que l’on n’était pas très loin. On se dit que l’on était à un match de quelque chose d’incroyable…

Vous pensiez pouvoir encore jouer le titre ? C’est certain que si on avait été en finale, on aurait pu faire quelque chose… Les demi-finales, avec des matchs d’appui entre les quatre équipes, ont montré que chacune des quatre formations pouvait aller au bout. Mais, au final, je pense que ce que l’on a fait est plus grand que l’année passée. Le problème, c’est que ça ne se voit pas.

C’est-à-dire ? Il faut avoir l’expérience, mais aussi la connaissan­ce, pour savoir ce que ça signifie de passer une saison en Ligue des Champions pour la première fois… Cela montre que nous avons fait quelque chose de plus grand. On est sorti de la difficulté et nous sommes arrivés en demi-finale ! Si on avait dit, il y a deux ans, que l’on arriverait en demifinale, je pense que tout le monde aurait signé. La difficulté était plus grande que l’année passée. Je ne peux que remercier tout le staff pour son travail, le club, les bénévoles et surtout les filles, parce que c’est une équipe exceptionn­elle. Si l’on a réussi tout cela, ce n’est pas parce qu’on a un grand entraîneur, mais parce que l’on a une bonne équipe. Vous rejoignez la sélection italienne pendant la trêve. Quel va être votre rôle ? Je serai entraîneur adjoint de Davide Mazzanti, que je connais depuis un moment. Mon choix demande des sacrifices (lire ci-dessous), mais ce n’est pas qu’une question d’ego personnel. C’est aussi la possibilit­é de travailler avec des joueuses qui figurent parmi les meilleures au monde, avec des entraîneur­s de haut niveau. De voir aussi ce qu’il se passe au Japon, en Chine, en Russie, au Brésil… C’est un peu fatiguant et contraigna­nt, car je ne serai pas de retour tôt, mais je pense que c’est une valeur ajoutée ensuite pour tout le monde.

Vous aviez déjà occupé ce rôle avec la Belgique l’année dernière… C’était une très bonne expérience. En adjoint, tu es sur un secteur de jeu, alors que lorsque tu es entraîneur principal, tu as une vision plus globale. Je me souviens qu’avec la Belgique, j’étais étonné de mon incapacité à redevenir adjoint… Là, j’ai dit à Davide : « Si je dépasse les limites tu me le dis ! »

On a vu la finale nous passer sous le nez ” Mon choix demande des sacrifices ”

 ?? (Photo Adeline Lebel) ?? Pour Giulio Cesare Bregoli, ses joueuses ont réalisé un exploit encore plus grand cette saison, en atteignant les demi-finales du championna­t de France.
(Photo Adeline Lebel) Pour Giulio Cesare Bregoli, ses joueuses ont réalisé un exploit encore plus grand cette saison, en atteignant les demi-finales du championna­t de France.

Newspapers in French

Newspapers from France