Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un pas vers la droite
◗Le nouveau Premier ministre, très proche d’Alain Juppé, se revendique «homme de droite» ◗Christian Estrosi, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Louis Borloo... appellent à saisir cette « main tendue» ◗Les Républicains face au risque d’implosion.
Le nouveau Premier ministre Édouard Philippe a revendiqué, hier, être un « homme de droite », soucieux avant tout de « l’intérêt général », tout comme l’a été « l’homme de gauche » Bernard Cazeneuve, son prédécesseur à Matignon. « Vous avez dit que vous étiez un homme de gauche [...] Il se trouve que je suis moimême un homme de droite [...]. Comme vous, je sais [...] que l’intérêt général doit guider l’engagement des élus, l’engagement des agents de l’État et, d’une certaine façon, l’engagement de nos concitoyens », a-t-il déclaré au côté de M. Cazeneuve, dans la cour de Matignon, lors de la passation de pouvoirs. « Je voudrais [...] vous dire, M. le Premier ministre, combien vous avez constitué un exemple, au-delà de désaccords qu’il nous est arrivé de formuler, mais un exemple de caractère », a poursuivi M. Philippe, rendant un hommage appuyé à M. Cazeneuve. « Les six mois que vous venez de passer à diriger l’action gouvernementale à Matignon constituent le point d’orgue d’un parcours ministériel [...], depuis mai 2012, assez exceptionnel. Au milieu des négociations européennes, puis de la machinerie budgétaire, au coeur des défis pour la sécurité de nos compatriotes [...] puis ici, vous avez [...] souhaité servir l’État», a déclaré le nouveau chef du gouvernement, au début de sa courte allocution.
Tous deux normands
Rappelant que tous deux ont été « maires de villes portuaires et de villes normandes », M. Philippe a souligné avec humour que « les Normands sont certes violemment modérés, ils sont aussi parfois conquérants, et vous êtes complètement normand, et moi aussi ». Avant même la quête d’une majorité parlementaire, Édouard Philippe devra initier la mise en oeuvre des engagements immédiats du nouveau président, dont une loi sur la « moralisation de la vie publique ». Député, M. Philippe avait voté contre la loi sur la transparence adoptée en 2013 dans la foulée de l’affaire Cahuzac. Dans sa première déclaration d’intérêts en 2014, disponible sur le site de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, il n’avait pas renseigné le montant de ses revenus de maire et président de la communauté d’agglomération havraise, ni ceux perçus comme avocat, expliquant pour cette activité privée « ne pas être certain de comprendre la question ».
Ordonnances : « Ce n’est pas le refus de la discussion »
Interrogé au JT de 20h sur TF1 sur le choix de recourir aux ordonnances pour réformer le Code du travail, Edouard Philippe a répondu que cela ne signifiait pas « le refus de la discussion ». « Ces ordonnances, ça n’est pas le refus de la discussion, et j’insiste sur ce point: une bonne réforme c’est une réforme qui est pensée, annoncée, discutée et ensuite rapidement exécutée parce que les Français attendent une transformation, ils attendent des progrès », a déclaré le Premier ministre.