Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Qui est la candidate En Marche ?
6e circonscription Investie jeudi, l’avocate et universitaire toulonnaise s’est lancée en politique en janvier, convaincue par le discours de changement prôné par Emmanuel Macron
Elle fait partie des 19 000 Français qui ont postulé en ligne pour demander une investiture « La République En Marche ! ». Comme plus de la moitié d’entre eux (52 %), elle n’a jamais été élue. À 48 ans, elle se situe dans la moyenne d’âge (46 ans) des candidats investis. Avocate spécialisée en droit des affaires au sein d’un cabinet toulonnais depuis 2011, maître de conférences à l’université de droit de Toulon depuis 2009, elle est l’auteur de nombreux ouvrages et manuels juridiques. Elle se présente dans une circonscription qu’elle connaît au travers de ses étudiants et des chefs d’entreprise qui la consultent en tant qu’avocate. Son objectif : mettre en oeuvre ses connaissances pour renforcer la continuité territoriale économique de la circonscription, notamment en développant les initiatives en direction des jeunes.
Avocate, universitaire, mère de famille ()... Qu’est-ce qui vous pousse à entrer en politique ? Je suis une hyperactive, passionnée de droit. Je l’enseigne et le mets en pratique pour servir le monde économique. Comme vous l’avez dit, je n’ai jamais été impliquée dans la vie politique. Ce n’est qu’en janvier dernier que je me suis intéressée à ce que proposait Emmanuel Macron. J’ai été séduite par son programme et sa façon humble d’aborder les choses, notamment sur le plan économique.
De là à demander une investiture… Oui. Il y a un moment où il faut savoir entrer en action. Je travaille depuis ans, et je sais maintenant que certaines solutions ne peuvent être proposées et mises en place que si l’on est élue. Alors j’y vais !
De quelles solutions parlez-vous ? Spécialiste du droit privé, je pense, par exemple, que l’on peut faire mieux pour aider les entrepreneurs, les agriculteurs, leur offrir les moyens de mieux gérer leurs affaires. Nous ne devons pas seulement être là quand ils sont en grande difficulté. Notre rôle est de faire en sorte qu’ils ne soient pas confrontés aux situations d’échec, d’intervenir en amont, de les accompagner quand ils en ont besoin, avant qu’il ne soit trop tard.
Il y a eu près de candidats à l’investiture EM en France. Vous espériez vraiment faire partie des investis ? J’ai rempli mon dossier de candidature en ligne en janvier. Ce n’est que pendant les vacances d’avril que j’ai été contactée par le
parti. On a vérifié mes motivations et mon cursus (environ candidats ont ainsi été auditionnés par téléphone, Ndlr). Ce n’est que jeudi dernier, en fin d’après-midi, au moment de la révélation publique des investitures, que j’ai été informée que j’avais été choisie. Étant une femme, active et connaissant bien le monde économique, je savais que j’avais le « bon profil », mais cela reste une (bonne) surprise. Comment trouverez-vous le temps de mener à bien vos tâches professionnelles en exerçant votre mandat de député ? C’est très simple : si je suis élue, je m’engage à arrêter toutes mes fonctions professionnelles, aussi bien au sein du cabinet d’avocats toulonnais que de la faculté de droit. Je connais la mission d’un député : je partagerai mon temps entre Paris, où je siégerai personnellement et régulièrement à l’Assemblée, et la circonscription, dans laquelle je pourrais m’installer. Je ne suis pas inquiète du temps que cela prendra : mon emploi
du temps actuel est davantage chargé !
Vous n’habitez pas la circonscription. Qu’est-ce qui vous motive à vous y présenter ? Je suis amenée, professionnellement et personnellement, à suivre l’actualité politique de tout le département. J’ai eu l’occasion de travailler à Hyères, dans le domaine sportif, à l’antenne de l’université de droit à Draguignan, auprès des autorités judiciaires de Fréjus... J’ai demandé une investiture, dans la
e circonscription, car je pense bien connaître ses faiblesses et que je sais ce que je peux faire pour y remédier.
C’est-à-dire ? Je forme entre et étudiants chaque année. Beaucoup d’entre eux sont originaires de la Provence verte. Ils me font régulièrement part du manque de lien entre le littoral et ce territoire. On pourrait rapidement y améliorer les structures d’information et de suivi de formation, et ainsi éviter que les jeunes se tournent vers Aix, Marseille ou Nice. Il en va de même pour les acteurs du monde agricole, qui ont besoin d’une écoute locale et que l’on porte efficacement leur parole à Paris.
Vous n’ignorez pas que le centre Var a massivement voté pour le FN lors des dernières élections… Oui. Je prends cela comme un challenge, cela renforce ma motivation. J’y vais pour gagner, pour contribuer à donner la majorité nécessaire pour gouverner à Emmanuel Macron. Je reste persuadée que l’électorat frontiste trouvera de meilleures réponses dans le programme proposé par le Président. Il est jeune et fait preuve d’humilité face aux problèmes. On est à la recherche de solutions de bon sens, en gardant un impératif de bienveillance vis-à-vis de tous.
Emmanuel Macron s’est mis à dos les communautés harkie et pieds-noirs en février. Elles sont très présentes ici. Un avis ? La déclaration était… maladroite (Emmanuel Macron s’en est personnellement expliqué auprès des représentants des deux communautés en avril, Ndlr). Je suis moimême fille de pied-noirs. Je vais contacter les associations locales prochainement pour écouter leurs doléances. De très nombreux candidats EM ( %) sont totalement novices en politique. Cela peut-il poser problème ? J’ai passé le week-end à Paris, où tous les candidats étaient réunis. On sent une réelle volonté de s’investir, de changer les choses. C’est une aventure dans laquelle je crois. Après avoir rencontré Emmanuel Macron, je peux vous dire que ma motivation est intacte. Pour le moment, il fait ce qu’il dit.
Vous avez été choisie parce que vous n’étiez pas une « politique ». En exerçant le pouvoir, n’avez-vous pas peur de le devenir ? (Elle sourit) Non. Si j’avais besoin de pouvoir ou de gloire, je resterais avocate, j’aurais postulé pour devenir doyenne de la faculté de droit de l’université (elle était vicedoyenne jusqu’en mars dernier et n’a pas souhaité se présenter, Ndlr). J’ai déjà formé des milliers d’étudiants, elle est là ma gloire.
Quelle campagne allezvous faire? Je vais m’appuyer sur les comités locaux En Marche !, qui ont déjà montré qu’ils faisaient du super boulot. Je crois vraiment qu’on peut gagner. Surtout si tout le monde va voter… On a un mois pour convaincre ! 1. Valérie Gomez-Bassac est mère de trois enfants, âgés de 15 et 8 ans (les deux derniers étant jumeaux).
Si j’avais besoin de pouvoir ou de gloire, je resterais avocate, j’aurais postulé pour devenir doyenne de la faculté de droit de Toulon.”